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« Santé égalité pour tous » : la voix des masses silencieuses


« Santé égalité pour tous » : la voix des masses silencieuses
Le collectif « Santé égalité pour tous » a de nouveau réuni ses adhérents jeudi 8 mars, à Taunoa, dans les locaux de l’association A Tauturu Ia Na d’aide aux personnes évacuées sanitaires. Une réunion de discussion, qui fait suite à une première réunion qui s’était tenue dans les Jardins de Paofai, mercredi 7 mars. Un mot d’ordre : organiser les bonnes volontés pour marquer le ras-le-bol  des membres à l’égard des dysfonctionnements du secteur de la Santé en Polynésie française. Et donner de la voix aux masses silencieuses, victimes de la mésentente entre la Caisse de prévoyance sociale et le corps des médecins libéraux. « J’ai été témoin du désarroi de ma tante, en longue maladie, à qui on a demandé de faire une avance de 42. 300 CFP chez un radiologue non conventionné », affirme Gaëtan Bordes, cofondateur du collectif avec Nick Toomaru. « Cela n’est pas digne de notre système de santé ni de notre Pays

Diverses associations d’usagers de la santé ont décidé, vendredi soir 2 mars, de créer ce collectif afin de manifester leur ras-le-bol de la situation. Accusé d'avoir compté d'office dans ses rang, et sans les consulter, des organismes comme notamment "La Maison du Diabète", l'APAIR, l'APURAD, qui se sont empressés de démentir, Nick Toomaru se défend : "Le collectif s'est mis en place au cours du long week end, on a eu du mal à joindre tous le monde. Aujourd'hui, les bonnes volontés sont les bienvenues : Si on est dix on sera dix ; si on est vingt on sera vingt. On est déterminé à faire connaître cette souffrance des malades, face à la situation".

Réunion dans les locaux de A Tauturu Ia Na, jeudi 8 mars
Réunion dans les locaux de A Tauturu Ia Na, jeudi 8 mars
Le collectif compte pour l'heure, dans ses rangs, A Tauturu Ia Na; Agir contre le Sida ; SOS suicide ; Te Tia Ara ; le SDIRAF des retraités et la Fédération générale des entrepreneurs polynésien (FGEP).
Lundi 5 mars, une lettre ouverte a été adressée au Haut Commissaire, au gouvernement, à l’A.P.F, à la Caisse de prévoyance sociale (CPS), aux principales confessions religieuses, dans laquelle le collectif dénonce la conjoncture. Cette lettre a été remise en main propre au ministre de la Santé, Charles Tetaria, mercredi 7. « Santé égalité pour tous » y invite les usagers à réagir au retrait par la CPS des  conventionnements chez la plupart des médecins libéraux : en ne payant plus les honoraires des médecins ; en suspendant temporairement le paiement des cotisations sociales. Le collectif demande en outre à la CPS de surseoir pendant trois mois à l’application des nouvelles grilles de remboursement des actes médicaux.
Depuis lundi 27 février, faute d’entente avec la CPS, 90% des médecins libéraux ne sont plus conventionnés. Cela signifie que leurs actes sont dorénavant remboursés sur la base de la grille des tarifs d’autorité, la charge pour le patient étant de 2 à 10 fois plus onéreuse. La situation a également conduit à un engorgement des structures publiques et gratuites de soins, notamment les urgences du centre hospitalier de Taaone, en fin de semaine dernière.
Et c’est bien cela que fustige le collectif « Santé égalité pour Tous », qui dénonce une situation dans laquelle le malade doit se résigner à être victime collatérale, comme nous l’explique Nick Toomaru : « On a l’impression que tous cela nous mène vers un système de santé à deux vitesses : le médecin traitant habituel pour ceux qui ont les moyens ; l’hôpital public et le dispensaire pour les autres. Nous, on défend le cas des patients et de leur souffrance : il ne faut pas rajouter une souffrance financière à une souffrance physique. »

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 8 Mars 2012 à 18:51 | Lu 1213 fois