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SAGE : Continuer l'hyper concentration sur Tahiti ou développer l'ouverture des archipels ?


PAPEETE, le 9 octobre 2018 - Depuis ce lundi  Jean-Christophe Bouissou, ministre en charge de l'Aménagement du territoire, tient une réunion de concertation avec des élus de Tahiti et de Moorea autour du schéma d'aménagement général de la Polynésie française (SAGE). Ce schéma, qui devrait être soumis à l'APF avant la fin de l'année, doit définir les stratégies d'aménagement et de développement du fenua pour les vingt prochaines années.

Comment voyez-vous la Polynésie française dans vingt ans ? Doit-on continuer sur la voie de l'hyper concentration des activités sur Tahiti, ou bien ouvrir la voie au développement d'infrastructure et d'activité économique dans les archipels ? Voici quelques interrogations auxquelles le Schéma d'aménagement général de la Polynésie française (SAGE) tentera de répondre. Son élaboration est inscrite depuis 2011 dans la loi organique. Ce schéma doit ainsi donner une vision stratégique d’aménagement et de développement des territoires de la Polynésie française pour les vingt prochaines années.

Et en décembre 2017, le comité de pilotage du SAGE a présenté les trois scénarii de développement durable retenus pour l'ensemble du Pays. Le premier présentait ainsi "un fenua ouvert au monde et rayonnant autour d'une île mère renouvelée et attractive." "C’est-à-dire la poursuite du modèle d'urbanisation que nous avons aujourd'hui avec une accélération et une augmentation de la population à Papeete", a indiqué Jean-Christophe Bouissou, ministre en charge de l'Aménagement du territoire.

Un deuxième scénario, totalement à l'opposé, prévoit la déconcentration du grand Papeete, au profit du développement et de l'ouverture des archipels. Un troisième scénario prévoit quant à lui la décentralisation, où chaque archipel disposerait de sa propre capitale.

>> A lire : Les trois scénarii pour le SAGE

DECONCENTRATION DU GRAND PAPEETE

Ainsi depuis ce lundi ces différents scenarii ont été présentés à l'ensemble des élus, mais aussi à l'ensemble des acteurs économiques de Tahiti et de Moorea. "Ceci n'est qu'une phase de consultation rien n'est pour le moment décidé", a précisé Jean-Christophe Bouissou. Cependant au cours de leurs échanges, une priorité semblait se dégager : "comment inverser les flux migratoires sans pour autant déshabiller Papeete et habiller les archipels ? Et comment penser l'organisation urbaine de demain ? "  

De nombreux projets de développement, et de nombreuses idées de déconcentration du Grand Papeete ont ainsi été proposés et abordés. Comme par exemple le développement des activités du côté de Taravao et notamment sur la zone de Faratea qui pourrait servir de pôle de référence pour l'aquaculture et l'économie bleue en générale. Le cas des Contrats de redynamisation des sites de Défense (CRDS), destiné à la réhabilitation des terrains militaires situés à Mahina, Arue, Pirae et Papeete ont également été abordés.

À noter que cette séquence de concertations sera ponctuée par la tenue du comité technique (COTECH) demain, et du comité de pilotage (COPIL) ce vendredi. Le COPIL, qui réunira des représentants de l'Etat, du pays et des communes, tranchera définitivement sur le scénario retenu. Jean-Christophe Bouissou, complète par ailleurs, "c'est ce scénario qui va conditionner la rédaction des plans de développement par archipel, et le plan territorial de développement. Ces documents permettront d'aboutir ensuite à la rédaction d'une loi de pays, voté à l'assemblée avant la fin de cette année, pour encadrer ce que sera le SAGE pour les vingt prochaines années."

INTERVIEW

Jean-Christophe Bouissou, ministre en charge de l'Aménagement du territoire
"Est-ce-que le moment n'est pas venu de développer les archipels"

Quel est l'objectif de ces réunions ?

Ces réunions que nous tenons en ce moment sont des réunions de concertation que nous avons tenu dans tous les archipels. De façon à amener les élus, les acteurs mais aussi la population à se projeter en avant sur la construction, l'urbanisation et l'aménagement de la Polynésie française. Tout simplement, c'est comment est-ce-que nous voyons la construction de notre pays et les conditions de vie des générations futures ? Est-ce-que nous allons continuer à vivre d'une manière hyper concentrée, en concentrant tout sur Tahiti. Ou alors est-ce-que le moment n'est pas venu de plus développer les archipels pour générer de l'activité économique.
 
Quelles sont les possibilités de développement qui ont été retenues ?
Nous sommes encore dans une réflexion sur trois scénarii qui ont été établis. Il y a tout d'abord le scénario d'hyper concentration sur l'île de Tahiti. C’est-à-dire la poursuite du modèle d'urbanisation que nous avons aujourd'hui avec une accélération et une augmentation de la population. Ou alors nous pouvons nous tourner vers une ouverture des archipels. Il y a donc un scénario de référence qui semble sortir à la suite de toutes nos réunions de travail. Un scénario qui permet d'entrevoir à la fois l'ouverture des Îles-Sous-le-Vent, même si c'est déjà le cas aujourd'hui avec et des Tuamotu. Et notamment l'ouverture de Rangiroa, avec la construction d'un aéroport de dégagement nécessaire à la Polynésie. Et puis sans oublier la capacité futur de Hao, de s'ouvrir à l'international grâce au projet de la ferme aquacole. Et une dernière donnée qu'il faut absolument intégrer dans nos débats, c'est l'ouverture régionale des Marquises, et en particulier de Nuku-Hiva qui serait le hub de redistribution au niveau régional et en particulier avec Hawaï. C'est un bon moyen d'apporter du développement touristique, et d'aménager ces territoires en fonction de ces objectifs.

Rédigé par Désiré Teivao le Mardi 9 Octobre 2018 à 16:14 | Lu 1785 fois