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Réunion des ministres ACP et de l’UE à Port-Vila : diplomatie, commerce, développement


Réunion des ministres ACP et de l’UE à Port-Vila : diplomatie, commerce, développement
PORT-VILA, mardi 12 juin 2012 (Flash d’Océanie) – La petite capitale de Vanuatu est en effervescence depuis le week-end dernier et le coup d’envoi donné pour une série de réunions les plus importantes jamais accueillies à ce niveau, entre hauts dignitaires de l’Union Européenne et des pays du groupe ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique)
Pour accueillir ces près de cinq cents invités de haut rang, un centre de réunion a été construit pour l’occasion, pour ajouter à la capacité de l’hôtel Le Lagon Warwick sélectionné.
Deux réunions auront lieu l’une après l’autre, avec comme points d’orgue des thèmes de coopération, d’aide au développement et de relations commerciales : du 11 au 13 juin a déjà débuté la 95ème session du Conseil des ministres ACP.
Comme à chacune de ces réunions, ce sont ensuite ministres ACP et de l’UE qui se réuniront les 14 et 15 juin 2012 pour la 37ème session d’un Conseil « conjoint ».
« Le Conseil des ministres ACP-UE est composé d’un représentant de chaque pays ACP et de l’UE, et d’un représentant de la Commission européenne. Il se réunit une fois par an pour mener un dialogue politique et adopter des orientations politiques en vue de la mise en œuvre de l’Accord de partenariat ACP-UE (…) Le Conseil est présidé par deux Coprésidents, en l’occurrence le ministre danois du Développement et de la Coopération, Christian Friis Bach, et le ministre des Affaires extérieures, du Commerce international et de l’Aviation civile de Sainte-Lucie, Alva Baptiste », précise le secrétariat du groupe ACP.
Dans le Pacifique, le groupe ACP (« P » des ACP) inclut tous les 14 États insulaires membres du Forum des Îles du Pacifique (sauf l’Australie et la Nouvelle-Zélande).
Cette région, au regard de la relation avec l’UE, comprend aussi les quatre « PTOM » (pays et territoires d’outre-mer), dont trois sont des collectivités françaises (Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, Polynésie française) et le dernière britannique (la minuscule île polynésienne de Pitcairn).
Ces PTOM sont reconnus pour l’UR en vertu de leur qualité de territoire ou dépendance d’un es États membres de l’UE.
Ils bénéficient aussi d’une aide provenant du Fonds Européen de Développement (le FED), mais par des canaux différents.
Pour cet événement international, un effectif de quelque trois cent policiers ni-Vanuatu (dont certains ont bénéficié de formations soit française [via le Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale, le GIGN], soit indonésienne) a été déployé dans la capitale.



Parmi les dossiers qui devraient une nouvelle fois occuper le devant de la scène à Port-Vila cette semaine : le volet économique des relations entre les 79 pays ACP et l’UE, à savoir ces « accords de partenariat économique » (APE) censé, depuis plus de cinq ans, avoir été mis en place pour remplacer l’ancien régime d’achats préférentiels jugé incompatible avec les règles de l’OMC.
Les négociations en ce sens avaient été lancées à Suva (Fidji) en septembre 2006 par le commissaire européen pour le développement, à l’époque M. Pascal Lamy (qui a depuis pris la tête de l’OMC).
Les APE, à l’origine, auraient dû entrer en vigueur début 2008.
Mais les ACP de l’Afrique et du Pacifique notamment n’ont toujours pas conclu de version pérenne de ces accords, à l’exception, pour le Pacifique, de Fidji (pour le sucre) et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, afin de protéger leur commerce de thon.
En février 2012, la Papouasie-Nouvelle-Guinée renouvelait ainsi un accord dit « intérimaire » de partenariat économique avec l’UE, avec une forte composante pour le thon et l’huile de palme.
Les ACP, à plusieurs reprises, ont fait valoir qu’ils entendaient que ces APE représentent mieux les spécificités des petits pays en développement qui, face à une mondialisation généralisée, n’ont pour la plupart que peu de ressources.
Ils ont aussi appelé récemment les dirigeants européens à plus d’ « empathie » et de « flexibilité ».

Accords de pêche

L’UE a aussi ces dernières années négocié des accords de pêche bilatéraux avec les pays océaniens ayant les eaux territoriales les plus étendues.
Un de ces protocoles a été tout récemment renouvelé, début juin 2012, entre la Commission Européenne et Kiribati, pour une enveloppe européenne annoncée à 1,3 millions d’euros (dont 350.000 sont consacrés à des programmes de gestion durable de la ressource), pour un tonnage annuel de 15.000 en prises effectuées par des navires portugais, espagnols ou français.
Ce nouvel accord est valable à compter de la date d’expiration de l’accord en cours, le 16 septembre 2012 et courra ensuite sur trois années.

Autres dossiers prévus d’être abordés pour cette série de conférences : l’environnement, les changements climatiques et la gestion des ressources, y compris les énergies renouvelables dites « vertes », dans la perspective de la tenue de la conférence onusienne Rio+20 dans quelques jours.

Agriculture : coprah, sucre

Dans le domaine agricole, certains produits de base, comme le coprah (issu de la noix de coco), constituent souvent les rares sources de revenus et de culture pour des communautés insulaires éloignées.
Le coprah bénéficie depuis longtemps de l’aide européenne, notamment par ce qui a longtemps été connu sous l’acronyme de Fonds STABEX (pour stabiliser les cours mondiaux au niveau local.
Mais les pays océaniens veulent aussi sensibiliser leurs pairs ACP et ceux de l’UE une nouvelle fois à la question de la réouverture du marché » européen au kava.
La progression à l’export de cette racine voisine du poivrier, au milieu des années 1990, a été stoppée net et le kava interdit depuis le début des années 2000 en raison d’une épidémie de cas d’hépatites fulminates (notamment en Allemagne).
Depuis, les producteurs de la région, en premier lieu à Vanuatu mais aussi à Fidji, tentent de réorganiser la filière et apportant des gages de qualité et de traçabilité.

La question fidjienne

Sur le dossier spécifique des aides européennes accordées au sucre fidjien, dès dimanche, au cours d’une réunion en mode lever de rideau, à Port-Vila, entre ACP, le gouvernement de Fidji, via son ministre des affaires étrangères, Ratu Inoke Kubuabola, a une nouvelle fois demandé que les fonds européens du FED censés contribuer à restructurer ce secteur en difficulté, mais qui ont été gelés depuis le putsch de décembre 2006, soit remis à disposition.
Ce gel des fonds européens destinés à Fidji entre dans la logique de sanctions imposées par Bruxelles aux pays ACP ne respectant les dispositions et valeurs fondamentales qui sous-tendent l’accord de Cotonou (signé entre UE et ACP en juin 2000 et qui succédait alors à la série des quatre accords de Lomé, depuis 1975).
Ces valeurs fondamentales sont répertoriées à l’article 16 de cet accord.
Le gel européen, toutefois, ne concerne pas les programmes classés humanitaires.
La réunion ministérielle des ACP-UE pourrait aussi être l’occasion de concrétiser un projet de mission d’évaluation à Fidji en vue de constater de visu l’avancement des préparatifs en vue de la tenue d’élections législatives en septembre 2014 et, avant cela, la conduite d’un processus de consultations pour élaborer une nouvelle Constitution.

Réunion des ministres des pêches dans la foulée à Fidji

Dans la foulée de la réunion vanuatuane des ACP-UE, une autre réunion ministérielle ACP-UE dédiée aux pêcheries se déroulera, les 18 et 19 juin 2012, à Nadi (Fidji), en présence d’organisme onusiens tels que la FAO (fonds mondial pour l’agriculture), le PNUD (programme des Nations-Unies pour le Développement) ou encore la Banque Mondiale, l’agence des pêcheries et du Forum des Îles du Pacifique.
Cette troisième conférence devrait notamment se pencher sur les problèmes de gestion des ressources halieutiques, de sécurité alimentaire et des problèmes liés à la pêche illicite et non signalée.


L’aide européenne qui se matérialise par le Fonds Européen de Développement (le FED), représente (pour le 11ème FED, période 2014-2020) pas moins de 34 milliards d’euros dédiés à des projets de développement.
Pour le 10ème FED (période courante, 2008-2013), l’enveloppe européenne était de 22 milliards d’euros, dont 95 millions étaient consacrés à des projets concernant le Pacifique, avec une emphase sur la gestion des ressources naturelles, les énergies renouvelables, l’intégration régionale avec comme instituions références le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS, dont le siège est à Nouméa, Nouvelle-Calédonie) et le Forum des Îles du Pacifique (FIP, dont le siège est à Suva, Fidji).

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Rédigé par PAD le Mardi 12 Juin 2012 à 06:11 | Lu 1524 fois