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Retraites: quatrième journée de mobilisation pour réclamer un retrait


Paris, France | AFP | jeudi 09/01/2020 - Et de quatre: avant Paris dans l'après-midi, la province a donné jeudi matin le coup d'envoi de la nouvelle journée de manifestations pour réclamer le retrait de la réforme des retraites, à l'appel d'une intersyndicale menée par la CGT et FO qui ferraille depuis plus d'un mois avec l'exécutif.

A la mi-journée, on dénombrait déjà plusieurs dizaines de milliers de manifestants: de 6.000 selon la police à 18.000 selon les syndicats à Clermont-Ferrand, de 6.500 à 10.000 à Béziers, de 5.600 à 7.500 à Tours, de 1.500 à 3.500 à Boulogne-sur-Mer ou encore de 1.400 à 2.000 à Guéret.
Le 5 décembre, au premier jour du mouvement, entre 806.000 (ministère de l'Intérieur) et 1,5 million (CGT) de personnes avaient battu le pavé, un score inégalé les 10 et 17 décembre.
Jeudi, 36e jour de grève - la plus longue de l'histoire de la SNCF -, il y aura "216 manifestations en France, il n'y en a jamais eu autant", a assuré le leader de la CGT, Philippe Martinez, sur Europe 1.
La SNCF, où le taux de grévistes a bondi à 32,9% (contre 6,8% mercredi), et deux-tiers des conducteurs, annonçait un trafic "très perturbé", avec 60% des TGV, 40% des TER et un tiers des Transilien en circulation. 
Le trafic RATP reste "fortement perturbé", malgré quelques "améliorations" sur quatre lignes du métro parisien. 
De son côté, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) anticipe des "perturbations et des retards".
 

- "Des ronds pas des points" -

 
En dehors des transports, les grèves se poursuivent également dans d'autres secteurs, notamment chez les avocats ou dans les raffineries, et la Tour Eiffel était à nouveau fermée. Dans l'Éducation nationale, 18,81% des personnels étaient en grève en primaire et de 16,49% dans les collèges et lycées selon le ministère, et respectivement 40 et 50% selon les syndicats. 
La suite du mouvement sera décidée lors d'une réunion jeudi soir, après la manifestation parisienne prévue l'après-midi entre République et Saint-Augustin, près de la gare Saint-Lazare.
A Agen, où on comptait entre 1.700 et 2.500 manifestants, une douzaine d'avocats ont symboliquement donné leur sang: "quitte à être saignés par cette réforme autant que ça serve à quelque chose", a expliqué Me Laurent Bruneau du Syndicat des avocats de France.
A Clermont-Ferrand, un cortège comptant de nombreux enseignants, des soignants et des salariés du privé a défilé dans la matinée. Sur les pancartes, on pouvait lire: "on veut des ronds, pas des points" ou "c'est pas une réforme, c'est une liquidation".
Pour Pascal, 55 ans, professeur en lycée technique qui manifeste pour la cinquième fois à Nantes, "c'est une réforme injuste, il faut la combattre". 
Des milliers de personnes ont manifesté à Marseille en fin de matinée. "On ne peut pas laisser seuls en première ligne les cheminots, les chimistes et les électriciens", a estimé Jean-Luc Mélenchon en rejoignant le cortège. 
Depuis un dépôt parisien de la RATP, le porte-parole du NPA Olivier Besancenot a estimé que le projet de réforme pouvait être "balayé en 48 heures" si la mobilisation se "généralisait". "La grève par procuration ça va pas suffire."
Environ 400 manifestants filtraient l'accès à la centrale nucléaire de Gravelines, sur le littoral du Nord. 
Depuis le début de la crise, des concessions ont déjà été faites par l'exécutif à plusieurs corps de métier (policiers, marins, pilotes...). Mais l'intersyndicale campe sur sa position de retrait pur et simple du texte.

- Amadouer la CFDT -

 
L'exécutif tente donc plutôt d'amadouer la CFDT, favorable au principe d'un système "universel" par points unifiant les 42 régimes actuels, mais braquée sur l'âge pivot à 64 ans.
En début de semaine, Édouard Philippe a accepté la "conférence de financement" suggérée par le leader cédétiste Laurent Berger et invité les partenaires sociaux vendredi à Matignon pour parler du "mandat de cette conférence" et du "délai qui lui sera accordé". 
Le président du Sénat Gérard Larcher (LR) a demandé solennellement "au gouvernement d'attendre les résultats" de cette conférence "avant de saisir le Parlement d'un projet de loi", dont l'examen est programmé à partir du 17 février.
"Si l'âge pivot reste dans la loi, c'est non, c'est clair", a déclaré jeudi le leader de la CFDT, Laurent Berger, à l'AFP. 
Pour maintenir la tension, la CFDT a lancé une pétition contre l'âge pivot, qui a dépassé 71.000 signatures jeudi, et prévoit des rassemblements un peu partout samedi, jour également choisi par l'intersyndicale hostile à la réforme pour une cinquième mobilisation.
Sur le financement du système des retraites, elle réclame, comme la CGT, que la hausse des cotisations patronales soit mise sur la table vendredi, mais le patronat s'y oppose.

le Jeudi 9 Janvier 2020 à 02:52 | Lu 187 fois