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Retraites: les sénateurs entrent dans le dur


Crédit Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Crédit Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Paris, France | AFP | vendredi 03/03/2023 - Le Sénat à majorité de droite va entrer dans le dur de la réforme des retraites vendredi après-midi, avec à l'horizon un débat attendu en soirée ou samedi sur l'extinction des régimes spéciaux, que des LR voudraient accélérer.

Après le rejet d'une demande de référendum portée par la gauche dans la matinée, les sénateurs attaqueront l'examen des articles à partir de 17H, et poursuivront les débats tout le weekend. 

Ils débutent par l'article liminaire, sur les prévisions de déficit, puis viendra l'article premier sur la disparition progressive des régimes spéciaux de la RATP, des industries électriques et gazières (IEG), de la Banque de France ou des clercs et employés de notaire.

Le chef des sénateurs LR Bruno Retailleau, qui jeudi a promis de voter le texte "mais une réforme modifiée", compte appuyer sur ce point. Beaucoup plus loin dans le texte (à l'article 7), il porte un amendement contre la "clause du grand père". Contrairement au gouvernement, le sénateur vendéen souhaite que la suppression progressive des régimes spéciaux s'applique à des salariés déjà en poste, et pas seulement aux futurs embauchés.

"Je ne vois pas au nom de quoi on exonérerait une partie des Français d'un effort particulier que tous les Français vont faire. Est-ce qu'une infirmière n'a pas un travail au moins aussi fatigant que quelqu'un qui conduit un train ?", argumente-t-il devant la presse.

"Mon amendement propose une convergence (entre les régimes, NDLR) jusqu'en 2040, il n'y a rien de brutal alors que pour tous les Français, à partir du 1er septembre, la réforme commencera progressivement à s'appliquer", insiste-t-il.

Le gouvernement s'y oppose et l'amendement Retailleau pourrait être rejeté, faute de soutien des centristes. 

Le Sénat a jusqu'au 12 mars à minuit pour tenter d'achever la première lecture des 20 articles du texte et les près de 4.000 amendements.

Avec dans toutes les têtes la date du mardi 7 mars, grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites, durant laquelle l'intersyndicale appelle à mettre la France "à l'arrêt".

Signe des importantes perturbations à prévoir, l'opérateur des transports franciliens Ile-de-France Mobilités appelle d'ores et déjà vendredi à privilégier le télétravail et annonce offrir le covoiturage aux passagers inscrits sur certaines plateformes.  

A la veille de cette grève, la Première ministre Elisabeth Borne interviendra durant une heure lundi soir sur France 5, invitée de l'émission "C à vous".

"Quoi qu'il en coûte"

Vendredi matin, les sénateurs ont sans surprise largement rejeté, par 251 voix contre 93,  une demande de référendum portée par la gauche, une procédure rare au Sénat, où la dernière motion référendaire remontait à 2014.

Avec le report de l'âge légal de départ à 64 ans, le chef des sénateurs PS Patrick Kanner a fustigé une réforme de "rentabilité, quoi qu'il en coûte", menée par "les forces de droite face aux Français, en opposition frontale".

"Le bon sens, c'est retirer cette réforme, à défaut d'avoir le courage de la présenter devant les Français", a-t-il estimé.

En réponse, le ministre du Travail Olivier Dussopt a défendu la "légitimité" de la "démocratie représentative et du Parlement pour débattre des retraites" et de leurs "dispositions techniques", écartant un référendum et sa "question binaire".

Auparavant, la communiste Laurence Cohen avait dénoncé un "coup de force institutionnel" avec un projet de loi "non soumis à un vote" de l'Assemblée nationale en première lecture, en raison du temps contraint imposé par la procédure choisie par le gouvernement pour l'examen de ce projet de loi.

La rapporteure générale Elisabeth Doineau (centriste) a critiqué cette demande "binaire" de référendum: "évidemment demandez des efforts aux Français, ils vont répondre non. Mais si on leur dit, +voulez-vous sauver le système par répartition+, ils vous diront oui".

A l'Assemblée nationale, une demande de référendum portée par le Rassemblement national sur cette réforme des retraites avait été rejetée début février.

le Vendredi 3 Mars 2023 à 05:22 | Lu 359 fois