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Retraites: les opposants redescendent dans la rue, des grèves se poursuivent


Paris, France | AFP | jeudi 06/02/2020 - ​"La mobilisation est là" pour la neuvième fois. Réfutant tout essoufflement, les opposants à la réforme des retraites étaient dans la rue jeudi pour réclamer son retrait, avec une poursuite des grèves, tandis que le texte a démarré cette semaine un parcours chahuté à l'Assemblée nationale.

Selon la CGT, 130.000 personnes ont battu le pavé parisien, entre gare de l'Est et place de la Nation, pour réclamer le "retrait d'un projet injuste et dangereux", à l'appel de l'intersyndicale CGT, FO, Solidaires, FSU et d'organisations de jeunesse. Ils étaient 5.300 à Lyon, 4.500 à Marseille, 2.700 à Rennes, 3.500 à Toulouse ou Bordeaux, 2.700 à Rennes, 1.700 à Lille, 1.600 à Clermont-Ferrand, 1.300 à Dijon, 1.100 à Perpignan, selon les préfectures ou la police.
"La mobilisation est là. Ceux qui refusent de la voir doivent ouvrir les yeux", a affirmé le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, peu avant le départ du cortège parisien.
"On est loin d'être à la fin du mouvement", a-t-il assuré, dénonçant la "pseudo loi" en cours d'examen à l'Assemblée nationale.
"Macron, je te déteste de tout mon coeur", a écrit un manifestant parisien sur un énorme coeur rose bonbon. 
 

- "Faire moins mais mieux" -

 
A Nice, une cinquantaine de pompiers en grève depuis juin se sont allongés sur les rails du tram, bloqué pour 24 heures, comme la plupart des bus. "Même si on est peu, on restera", assure Benjamin Vuolo, 52 ans, élu du syndicat autonome des pompiers et très remonté contre la réforme, qui reporte leur âge de départ de 57 à 59 ans.
A Marseille, Sophie, rentrée à 40 ans à la Sécurité sociale après une carrière dans le privé, a les larmes aux yeux: "c'est la Sécu qu'on est en train de faire disparaître. D'abord la branche vieillesse, et puis ce sera la santé".
A Tours, les avocats vêtus de leur robe, d'un masque blanc et d'un foulard rouge, ont formé une chaîne humaine avant d'assister en silence à l'audience solennelle de rentrée du tribunal.
Présent à Paris, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a demandé à Emmanuel Macron d'organiser un référendum sur la réforme des retraites. "On a l'impression d'avoir affaire à un obstiné qui a perdu le contact avec la réalité."
La commission spéciale de l'Assemblée nationale a commencé ses travaux cette semaine. Elle doit examiner plus de 20.000 amendements, dont 19.000 des députés LFI.
La CFDT, favorable à un système "universel" par points, fait du lobbying auprès des députés pour améliorer les textes et a travaillé en ce sens sur des amendements, de même que la CFTC et l'Unsa. 
La CFE-CGC, opposée à la réforme, a aussi proposé 22 amendements, quand Force ouvrière a écrit aux parlementaires pour qu'ils "n'approuvent pas" le projet de loi. "Il est encore temps de revenir sur ce qui s'annonce être une catastrophe", a expliqué le numéro un de FO Yves Veyrier, qui défilait à Paris.
Le vice-président du Conseil d'Etat, qui a rendu un avis sévère sur cette réforme, a suggéré au gouvernement de faire "moins, mais mieux", dans un entretien au Monde. Pour Bruno Lasserre, la "construction d'un système universel de retraites" nécessite d'"y consacrer du temps, de l'expertise, afin d'accompagner ce pari de long terme".
 

- "Lundi noir" à la RATP le 17 février? -

 
Dans la rue, des actions se sont poursuivies cette semaine, organisées notamment par des fonctionnaires (police scientifique, éboueurs, égoutiers...).
La ministre de la Justice Nicole Belloubet a affirmé jeudi qu'il n'y aurait pas, jusqu'en 2029, "d'augmentation de cotisation" retraite pour les avocats, qui doivent décider vendredi de la suite du mouvement. 
L'Unsa-RATP, premier syndicat de la régie des transports parisiens, a appelé à un "lundi noir" dans le métro et le RER le 17 février, jour de l'examen du projet de réforme des retraites à l'Assemblée nationale. Jeudi, le trafic était "normal" à la RATP et "peu" perturbé à la SNCF.
Dans le secteur maritime, la CGT a organisé une opération "ports morts", entraînant des retards pour les navires de Corsica Linea à Marseille.
La CGT Energie a fait une nouvelle action en coupant dans toute la Corse les concentrateurs des compteurs numériques électriques qui enregistrent les données de consommation.
Dans le secteur des déchets, les salariés des trois sites d'incinération d'Ile-de-France ont reconduit leur mouvement jusqu'à vendredi. La métropole Aix-Marseille-Provence a annoncé une procédure de réquisition de ses agents en grève, pour évacuer les 3.000 tonnes de déchets en souffrance dans les rues.
La suite du mouvement interprofessionnel doit être décidée lors d'une réunion au siège de la CGT en fin de journée.

le Jeudi 6 Février 2020 à 07:05 | Lu 269 fois