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Retraites: les opposants moins nombreux dans la rue face à un exécutif toujours aussi déterminé


Paris, France | AFP | mercredi 29/01/2020 - Les cortèges étaient nettement moins fournis mercredi pour la huitième journée nationale interprofessionnelle contre la réforme des retraites, la mise en garde sévère du Conseil d'État n'ayant pas ébranlé la détermination de l'exécutif.

Des manifestations se sont tenues un peu partout en France, réunissant moins de monde que les journées précédentes, notamment celle de vendredi (249.000 selon le ministère de l'Intérieur, 1,3 million pour la CGT). 
Ils étaient 4.500 selon la police à Marseille (75.000 selon la CGT), 3.000 à Toulouse (35.000 selon la CGT), 2.500 au Havre (7.000), 2.100 à Rennes (4.000 selon FO), 3.500 à Bordeaux (10.000) ou encore 1.050 à Saint-Étienne (4.000) et 800 à Strasbourg (1.200).
A Paris, plusieurs milliers de personnes ont commencé à défiler peu avant 14H00, dans le calme, entre la place d'Italie et les Invalides, derrière une banderole clamant: "retraite à points: tous perdants, retraite à 60 ans: tous gagnants". 
"On est bel et bien dans une réforme paramétrique permanente dont le seul objectif est de contraindre ceux qui ont encore du boulot à travailler plus longtemps", a estimé le secrétaire général de Force ouvrière Yves Veyrier. "La CGT est encore plus déterminée, mobilisée", a assuré Catherine Perret, secrétaire confédérale. "On ira jusqu'au bout tant qu'Emmanuel Macron et Édouard Philippe n'entendent pas qu'ils sont isolés dans ce pays", a-t-elle déclaré.
"Il y a toujours un fort soutien de l'opinion", a déclaré Christophe Bex, de SUD-Éducation, dans la manifestation toulousaine, "c'est une lame de fond profonde, toutes ces colères sont en train de se coaguler". 
"Ca pèse physiquement, psychologiquement aussi, c'est usant", reconnaît Vincent Challer, conducteur de TGV et adhérent SUD-Rail rencontré à Strasbourg et engagé dans la contestation depuis le début.
"C'est important de ne pas lâcher, de montrer qu'on ne se résigne pas. Le gouvernement entend passer par la force, faire abstraction de l'immense contestation. Il ne faut pas se laisser faire ni se laisser abattre. Cette réforme est une catastrophe, un mix d'incompétence et de libéralisme sauvage", a déploré de son côté Jean-Claude, un enseignant croisé dans la manifestation parisienne.

- Motion de censure -

 
Cette nouvelle mobilisation, à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU et organisations de jeunesse, intervient alors que les deux projets de loi, l'un organique, l'autre ordinaire, ont démarré leur parcours à l'Assemblée nationale après leur adoption vendredi en Conseil des ministres. Les discussions dans l'Hémicycle doivent démarrer le 17 février.
Les opposants au texte, ainsi que les oppositions politiques, ont été ragaillardis par la publication d'un avis particulièrement critique du Conseil d'État, qui a regretté ne pas avoir eu le temps de "garantir au mieux la sécurité juridique" du projet de réforme, critiqué le recours à 29 ordonnances qui font "perdre la visibilité d'ensemble", et pointé des projections financières "lacunaires".
"L'avis du Conseil d'’État est assassin" pour le projet du gouvernement, a estimé Benoît Teste, leader de la FSU dans la manifestation parisienne mercredi.
Édouard Philippe a défendu mardi à l'Assemblée la réforme et son étude d'impact, "très complète". "Je n'ai jamais pensé que cette réforme serait simple car le sujet est effectivement compliqué", a reconnu le Premier ministre.
Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, pourtant favorable à un système universel des retraites par points, a regretté le "biais" de cette étude qui se base sur un âge d'équilibre à 65 ans, avec des chiffres "très contestables".
Au delà, son syndicat a posé mercredi "une condition sine qua non" avant de faire des propositions pour permettre d'équilibrer le système d'ici 2027 lors de la conférence de financement qui doit s'ouvrir jeudi à Matignon. "Il faut d'abord qu'on réponde aux exigences de justice sociale", a expliqué M. Berger, demandant "des assurances en terme de pénibilité, retraite progressive, minimum contributif et transitions pour les agents publics".
Côté politique aussi, les parlementaires de l'opposition montent au créneau. Les députés insoumis, communistes et socialistes ont annoncé mercredi être prêts à déposer une motion de censure commune contre le gouvernement pour son projet de réforme.
Mais les grèves s'essoufflent, voire s'arrêtent, y compris dans les transports, fers de lance du mouvement. Le trafic RATP et SNCF était ainsi annoncé "quasi normal" mercredi, même si à Nice et Antibes, les transports publics étaient paralysés.
Restent également les ports et docks, qui ont appelé à une grève de 24 heures. Et dans le secteur des déchets, la CGT Énergie a reconduit jusqu'au 3 février l'arrêt des trois usines d'incinération parisiennes décidé jeudi dernier, compliquant la gestion quotidienne de 6.000 tonnes d'ordures.
L'intersyndicale se réunit mercredi soir pour décider de la suite du mouvement, mais des actions sont déjà prévues jeudi et vendredi.

le Mercredi 29 Janvier 2020 à 05:57 | Lu 180 fois