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Retraites: 35e jour de mobilisation avant le retour des manifestations jeudi


Paris, France | AFP | mercredi 08/01/2020 - La mobilisation contre la réforme des retraites débutée il y a plus d'un mois se poursuit mercredi, avant une quatrième grande journée de manifestations jeudi, le gouvernement affichant sa volonté de trouver une issue en fin de semaine, en tout cas avec les syndicats réformistes.

La circulation des trains et des transports publics parisiens était toujours très perturbée mercredi, 35e jour consécutif de grève. 
Du côté de la SNCF, où le taux de gréviste a légèrement monté (6,8% dans l'ensemble et 38% chez les conducteurs), 75% des TGV circulaient, la moitié des Transilien (RER SNCF, trains de la banlieue parisienne), six TER sur dix et un tiers des Intercités. A la RATP, aucune ligne de métro n'était totalement fermée, mais 14 sur 16 étaient "très perturbées", tout comme les RER A et B. 
La présidente d'Île-de-France Mobilités (IDFM), Valérie Pécresse, a convoqué mercredi les dirigeants de la RATP et de SNCF Transilien pour demander le remboursement intégral des abonnements pour décembre.
A mi-chemin d'une semaine très chargée entre négociations et manifestations, les armes s'affûtent dans les deux camps. 
 

- Age pivot retiré du texte? -

 
Côté exécutif, un pas vers un compromis semble avoir été fait sur la question cruciale de l'âge pivot, qui avait braqué le premier syndicat français, la CFDT, pourtant favorable à un système universel de retraites par points. Mardi, après une multilatérale présidée par Édouard Philippe, son numéro un Laurent Berger a à nouveau exigé que l'âge pivot, en dessous duquel il ne sera pas possible de partir avec une retraite à taux plein, soit retiré du texte.
A l'inverse, le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a rappelé que la solution pour garantir l'équilibre du système passait "de toute façon par une mesure d'âge" inscrite dans la loi.
Mercredi, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a convenu que l'âge pivot figurait "pour l'instant" dans la version de l'avant-projet de loi transmis au Conseil d'État. Mais cela "ne préjuge pas" du contenu final du texte attendu le 24 janvier en Conseil des ministres puis le 17 février à l'Assemblée nationale pour une adoption avant l'été. 
L'objectif est de "trouver ensemble des solutions qui permettent que le système soit durable" et "s'il y avait des meilleures solutions (...) que l'âge pivot, on les prendrait", a-t-elle dit. 
Le Premier ministre Édouard Philippe a accepté la proposition de M. Berger de convoquer une conférence de financement du système. Il a invité les partenaires sociaux vendredi pour parler du "mandat de cette conférence" et du "délai qui lui sera accordé" pour trouver des solutions.
Pendant ce temps, Les Républicains, partisans d'un report à 65 ans de l'âge légal de départ, ont dévoilé mercredi une batterie de propositions, dont un "régime universel de pénibilité" qui permettrait à ses bénéficiaires de partir un an plus tôt.
La pénibilité était justement le sujet d'une réunion organisée par les secrétaires d'Etat Olivier Dussopt et Laurent Pietraszewski avec les syndicats de la fonction publique mercredi matin, mais la CGT, la CFE-CGC et la FSU ont claqué la porte. Selon ces syndicats, "la fin des catégories actives", qui permettaient aux agents ayant un métier particulièrement pénible de partir à la retraite anticipée 5 ou 10 ans avant l'échéance, leur a été annoncée. FO et Solidaires avaient décidé dès mardi de boycotter cette réunion.
 

- Raffineries en grève -

 
Le nouveau rendez-vous dans la rue jeudi sera l'occasion de tester les forces en présence, avant une nouvelle mobilisation samedi. L'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-CFE-CGC-FSU y réclamera le retrait pur et simple du projet, après plus d'un mois de mobilisation et déjà trois journées d'actions interprofessionnelles, les 5, 10 et 17 décembre.
"Proposer une conférence des financeurs (...), ça a un petit goût de +2019 le retour+, on nous refait la réforme de l'assurance chômage", où le gouvernement avait décidé de mesures contraignantes pour les chômeurs en s'appuyant sur le désaccord persistant entre syndicats et patronat, estime Catherine Perret, numéro 2 de la CGT, convaincue que la mobilisation sera "massive" jeudi et samedi.
En plus des perturbations dans les transports terrestres jeudi, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) anticipe des "perturbations et des retards" possibles dans l'aérien. Elle a demandé aux compagnies d'annuler un tiers des vols programmés au départ et à l'arrivée de l'aéroport de Toulouse.
En attendant, la grève se poursuivait mercredi, notamment parmi les avocats, mais aussi dans les raffineries qui l'ont toutes votée, mardi, jusqu'à la fin de la semaine. Selon la CGT, au Havre plus aucune expédition de carburant ne se fait au dépôt pétrolier de la Compagnie industrielle maritime (CIM), et le mouvement est reparti mercredi à Fos-sur-Mer (Esso), ainsi que dans les 5 raffineries qui dépendent de Total. 

le Mercredi 8 Janvier 2020 à 05:40 | Lu 199 fois