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Restructuration massive chez TUI France, qui veut supprimer jusqu'à deux postes sur trois


Paris, France | AFP | mercredi 17/06/2020 - TUI France veut supprimer jusqu'à deux tiers de ses 904 postes et se défaire de toutes ses agences de voyage, une restructuration massive jugée indispensable par le premier opérateur touristique de l'Hexagone pour "traverser" une crise sanitaire qui a aggravé sa situation financière.

Sa maison-mère TUI, géant du tourisme basé à Hanovre en Allemagne, et qui en France exploite les marques Marmara, Lookea et Nouvelles Frontières, avait annoncé le 13 mai qu'elle comptait supprimer 8.000 postes dans le monde, sur un total de quelque 70.000 salariés.

Mercredi, lors d'un comité social et économique (CSE) dédié au "changement de modèle d'organisation et ses conséquences sociales", la filiale française a présenté un projet prévoyant la suppression de 317 postes sur 904, "hors l'impact potentiel dans le réseau d'agences intégrées", soit les 65 points de vente physiques qu'elle détient en propre. 

"En cas de fermeture de ces agences, l'impact s'élèverait à 583 postes", précise TUI France dans son communiqué. La filiale compte céder ces agences intégrées à d'autres réseaux de distribution, ou les transformer en agences "mandataires" - un modèle proche de la franchise.

Evoquant "une crise sans précédent" qui "contraint" les acteurs du tourisme à se réorganiser, TUI France dit "ne pas échapper à ce bouleversement. Il devient primordial de revoir sa stratégie en profondeur et reconsidérer son positionnement en concertation avec sa maison-mère".

Le groupe gardera ainsi ses marques Marmara, Lookea et Circuits Nouvelles Frontières, mais abandonnera "après l'été" son offre Passion des Iles et arrêtera son activité de voyages sur mesure, basée à Lyon.

"C'est terrible pour nous", a réagi auprès de l'AFP Lazare Razkallah, secrétaire du CSE, jugeant l'ampleur des suppressions de postes "considérable". Les modalités n'ont pas encore été présentées mais "il y aura des licenciements secs, c'est clair", a-t-il déploré. 

Depuis le début de la pandémie de Covid-19 au mois de mars, "c'est le premier plan social annoncé en France par un grand acteur du tourisme", observe le syndicaliste.

Les syndicats "abasourdis"

"Ce qui nous scandalise, c'est l'arnaque au chômage partiel", dispositif prévu chez TUI France jusqu'à mi-septembre, a déclaré M. Razkallah. "Ce dispositif est prévu pour préserver l'emploi", a-t-il dénoncé: "le marché va évoluer, attendons de voir quelle est la situation en septembre".

"On est abasourdis par la catastrophe qui nous tombe dessus", a déclaré pour sa part Jorge Partida, délégué central de FO chez TUI France. "On s'attendait à un plan social dur, surtout vu la situation financière de l'entreprise, mais pas à une annonce de cette ampleur", a indiqué M. Partida, qui attendait d'avoir des détails sur le plan social lors du CSE en cours mercredi après-midi.

"On est vent debout contre ce plan social", a souligné le représentant de FO.

De son côté, la direction de TUI France se dit "consciente que la réalisation de ce projet passe malheureusement par de nombreuses pertes d'emplois, mais c'est aujourd'hui la seule solution pour que l'entreprise traverse la crise".

TUI France revendiquait 900.000 clients dans l'Hexagone en 2019. Avant même l'épidémie de coronavirus qui a paralysé le tourisme, il avait engagé une réflexion stratégique et cherchait un ou des partenaires pour se renforcer financièrement.

Après avoir essuyé 158 millions d'euros de pertes en 2018 puis 107 millions pour son exercice 2019, l'entreprise avait décidé en novembre 2019 de procéder à deux augmentations de capital, de 37 millions d'euros et de 254 millions, afin de les apurer.

Après avoir racheté le voyagiste Transat France, TUI est devenu en 2017 le premier opérateur touristique de l'Hexagone, avec 30% de parts de marché, sur la base du nombre de vacanciers français ayant eu recours à un voyagiste.

le Mercredi 17 Juin 2020 à 08:22 | Lu 351 fois