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Renault s'engage pour Maubeuge et obtient un prêt garanti par l'Etat


Paris, France | AFP | mardi 02/06/2020 - Le gouvernement français a validé mardi un prêt garanti de 5 milliards d'euros pour aider le constructeur automobile Renault à surmonter la crise du coronavirus, estimant avoir levé les doutes sur l'avenir du site de Maubeuge.

En difficulté financière, et victime de l'effondrement au printemps du marché automobile, Renault avait annoncé vendredi la suppression de 15.000 emplois dans le monde, dont 4.600 en France, avec des départs volontaires et sans licenciements, d'ici à 2023.

L'entreprise avait sollicité en avril un crédit garanti par l’État, premier actionnaire du groupe. Mais le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait jusqu'ici réservé sa signature, réclamant une amélioration du dialogue social et des engagements sur l'emploi en France, notamment à l'usine de Maubeuge (Nord), menacée par un projet de fusion avec le site de Douai, à 70 km de distance.

Finalement, il a annoncé mardi "un accord avec Renault, les syndicats, les élus locaux pour préserver l'emploi et les capacités industrielles à Maubeuge" dans une interview à France 3, à l'issue d'une réunion à Bercy. "Je l'ai dit à plusieurs reprises et je le confirme: Renault joue sa survie", a déclaré M. Le Maire.

Le ministre "signera aujourd'hui la garantie du prêt de 5 milliards d'euros qui doit être consenti à Renault", après avoir obtenu "que s'ouvre immédiatement un dialogue social et technique pour mettre au point un projet industriel d'avenir (...) qui devra garantir à long terme, au-delà de 2023, l'emploi et le niveau d'activité industrielle sur le site de Maubeuge", a-t-on expliqué à Bercy.

Dans le cadre d'un plan d'économies de 2 milliards d'euros, le groupe au losange envisage de transférer la production des utilitaires électriques Kangoo de l'usine de Maubeuge (1.700 salariés, 2.100 avec les intérimaires) vers celle de Douai.

"Nouvelle réunion en septembre"

"Aucune décision ne sera prise sur des transferts d'activité tant qu'un tel projet d'avenir n'aura pas l'accord des parties", a indiqué Bercy. Des discussions "débuteront la semaine prochaine entre les représentants des salariés et la direction de Renault, ainsi que les représentants du territoire".

Une nouvelle réunion sur le sujet, présidée par M. Le Maire, "aura lieu en septembre pour faire le point".

"Le ministre a bien compris la détermination de tout le monde et clairement entendu le message: pas de fermeture et (l'usine) ne devient pas une coquille vide", s'est immédiatement félicité Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France, qui s'était mobilisé pour défendre le site.

Samedi, des milliers de personnes avaient manifesté à Maubeuge où l'usine Renault est à l'arrêt depuis vendredi matin pour dénoncer les menaces sur son avenir.

L'accord obtenu mardi est "une grande victoire", a estimé Jérôme Delvaux, secrétaire du syndicat CGT. "Au-delà du maintien des 2.100 salariés, il y a aussi un engagement pour trouver un nouveau véhicule à construire pour garantir l'emploi au-delà de 2023", à l'issue du plan d'économie, a-t-il déclaré à l'AFP.

"On est rassurés, c'est vrai que c'est ce qu'on attendait, la sauvegarde des emplois. Je pense que tout le monde est satisfait. Maintenant à voir dans l'avenir. Si tout va continuer sur ce qui a été engagé", a réagi Harmonie Coder, 32 ans, une employée nouvellement embauchée.

"J'ai des enfants, j'ai des collègues, nouveaux embauchés, qui ont fait des crédits, comme tout le monde. On est content si vraiment ça perdure. Donc on y croit", a-t-elle ajouté.

Sur les 14 sites industriels de Renault dans l'Hexagone, un seul est définitivement voué à la fermeture dans le cadre du plan d'économies, celui de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) dont l'activité de recyclage sera transférée à Flins (Yvelines).

Mais l'inquiétude reste forte à la Fonderie de Bretagne (près de 400 salariés) de Caudan (Morbihan) que Renault compte céder, tout comme à l'usine de Dieppe (400 salariés également), en Seine-Maritime, promise à "une reconversion à la fin de la production de l'Alpine A110".

le Mardi 2 Juin 2020 à 07:08 | Lu 215 fois