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Réhabilitation de Pouvana'a : Jean-Marc Regnault demande que les manuels scolaires soient complétés


PAPEETE, le 22 janvier 2019. L'historien Jean-Marc Regnault a adressé une lettre ouverte aux représentants de l'assemblée. Il demande notamment que les manuels scolaires soient complétés pour expliquer aux élèves l'innocence de Pouvanaa'a a Oopa.


Dans une lettre ouverte aux représentants de l'assemblée, l'historien Jean-Marc Regnault revient sur la réhabilitation de Pouvana’a a Oopa par la Cour de Cassation. "L’APF a joué un rôle essentiel pour obtenir cette décision. Certains d’entre vous se souviennent de cette séance du 9 juillet 2009, lorsque, sous l’impulsion de la regrettée Cathy Buillard, l’APF a adopté un vœu à l’unanimité demandant que toute la lumière soit faite sur l’arrestation et le jugement du député, vice-président du conseil de gouvernement", rappelle l'historien. "Le vote a pu sembler un vœu pieux, mais en février 2012, il reçut une première réponse de l’État quand le président Sarkozy annonça qu’il ouvrirait les archives sur l’affaire. Le président de l’APF, monsieur Jacqui Drollet permit que je puisse consulter les précieux documents. Suite à cette recherche à laquelle s’ajoutèrent les travaux de la magistrate Madame Vannier, le 15 février 2013, l’APF adopta à l’unanimité un vœu demandant cette fois à l’État d’engager les démarches pour une révision du procès. Après avoir fait étudier le dossier par ses services, Madame la Garde des Sceaux transmit celui-ci à la Cour de révision des procès criminels, le 20 juin 2014."

Le 25 octobre dernier, la Cour de révision a annulé la condamnation à la prison et à l'exil de l'autonomiste Pouvanaa A Oopa, accusé il y a soixante ans d'avoir donné l'ordre d'incendier Papeete.

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Jean-Marc Regnault propose aux représentants deux mesures. La première lui est venue à l'idée après avoir lu un article de Tahiti Pacifique. "Le rédacteur en chef faisait remarquer qu’après la décision de la Cour de cassation, il faudrait modifier la rédaction des plaques en deux langues au pied de la stèle de Pouvana’a qui se dresse devant votre assemblée. Je ne doute pas que vous serez unanimes à désirer rectifier ces notices en l’honneur du Metua selon les procédures propres à l’APF", écrit l'historien. "La seconde vient naturellement du professeur d’histoire que je suis. Depuis 1985, les programmes scolaires adaptés à la Polynésie ont progressivement prévu à tous les niveaux d’évoquer la carrière politique du Metua, comme chef du grand parti RDPT, comme député, puis comme sénateur et comme vice-président du conseil de gouvernement. Beaucoup de nos concitoyens ignorent – parfois hélas ! font semblant d’ignorer – que du cours élémentaire au baccalauréat les enfants de nos écoles entendent parler de cet éminent polynésien. Il reste maintenant à mettre en œuvre les informations (et les formations) nécessaires pour que dorénavant l’innocence de Pouvana’a a Oopa soit expliquée et enseignée aux élèves."

L'historien tient enfin à préciser : "La complexité du langage juridique a pu laisser penser à certains Polynésiens que la Cour de cassation avait bien annulé le procès de 1959 sans pour autant innocenter l’accusé. Soyez rassurés. La décision de la Cour se termine par une expression qui ne laisse aucun doute : « La Cour décharge la mémoire [de Pouvana’a] ». La phrase vaut innocence."


le Mardi 22 Janvier 2019 à 10:06 | Lu 2871 fois