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Reforme des retraites : mobilisation en baisse à Papeete


Le cortège lors de son arrivée devant le haut-commissariat. Crédit photo : Greg Boissy.
Le cortège lors de son arrivée devant le haut-commissariat. Crédit photo : Greg Boissy.
Tahiti, le 31 janvier 2023 – Les fonctionnaires d’État se sont mobilisés une nouvelle fois contre la réforme des retraites à Papeete. Ils étaient 650, mardi matin, à avoir foulé le pavé pour remettre leur revendication au haut-commissaire. Le taux de grévistes dans les écoles, collèges et lycées a atteint 53.6%.
 
Les voilà, les fonctionnaires d’Etat, une nouvelle fois réunis dans la petite rue Napoléon Spitz, entre le stade Willy Bambridge et l’école To’ata, prêts à crier leur indignation contre une réforme des retraites toujours jugée “injuste et inutile”. Dès 9h30, la plupart des manifestants étaient déjà dans les starting-blocks, parer à braver la pluie qui s’abattait fortement sur la ville. Les slogans “Tu nous mets 64 on te mai 68”, “Pas question de bosser jusqu’au cercueil” ou encore “Macron à la retraite, mais avant 64 ans !” inscrits sur les pancartes et banderoles étaient déjà brandis au-dessus de la tête des grévistes. Peu après, le cortège a débuté sa course, aux alentours de 10 heures du matin, en empruntant l’avenue du commandant Destremau, avec dans le viseur, quelques centaines de mètres plus loin, l’avenue Pouvanaa a Oopa et le haut-commissariat où un nouveau sit-in a été organisé.
 
Les revendications, elles, n’ont pas évolué d’un iota, c’est toujours “non au recul de l’âge de la retraite”. Cette fois-ci, seulement 650 personnes ont fait le déplacement selon notre décompte, 500 pour la police et 850 selon les syndicats. Ils étaient un peu plus de mille il y a 11 jours, lors de la première manifestation. La grève elle aussi a été moins suivie, le ministère de l’Éducation a annoncé un taux global de 53.6% de grévistes (65% pour le 1er degré et 37.8% pour le second) contre 59.25% lors de la précédente mobilisation.
 
“On ne baissera pas les bras”
 
“C’est la deuxième fois que l’on manifeste, que je manifeste. On tient le coup et on ne baissera pas les bras, clame Thierry, agent d’entretien au lycée de Taravao, une pancarte dans les mains, 62 ans c’est déjà beaucoup, 64 ans c'est pousser le bouchon trop loin. Je continuerai à faire le déplacement depuis l’autre bout de l’île tant que nous organiserons des manifestations”.
Même constat pour Moana, enseignant dans une classe de CM2 à Papeete, “On revient une nouvelle fois manifester, car pour l’instant rien n’a bougé”. Le professeur des écoles a poursuivi en expliquant que la condition du métier de professeur se dégrade inexorablement : “La retraite à 64 ans c’est très tard, surtout quand on voit que certains collègues, dès 50-55 ans, commencent à tirer la langue. Les classes sont de plus en plus difficiles à gérer et ça en devient vraiment pénible”. Comme il y a 11 jours, les membres de l’éducation nationale n’ont pas été les seuls arpenter Papeete. Tous les corps de métiers des fonctionnaires d’État étaient présents comme les représentants syndicaux d’Allianz Police, des douaniers, des agents des finances publiques… Pour le porte-parole de l’intersyndicale Diana Yieng Kow, “l’organisation entre les différents syndicats s’est faite sans soucis. Seul FO général n’a pas voulu marcher avec nous alors que FO éducation était bien présent”. En Polynésie, il y a 10 500 employés de l’État qui sont concernés par la réforme du gouvernement d’Elisabeth Borne.
 
Nouvelle grève en perspective
 
Arrivé devant le haut-commissariat à 11h30, les représentants syndicaux ont été reçus par Éric Spitz quelques minutes plus tard pour qu’ils puissent lui remettre leurs revendications. “La rencontre avec le haut-commissaire s’est très bien passée. Il nous a reconfirmé qu’il allait envoyer un courrier au plus haut de l’État pour transmettre nos revendications. Car c’est non à la retraite à 64 ans, non aux 43 annuités et surtout non à la suppression de l’ITR” a détaillé Diana Yieng Kow, quelques heures après la fin de la manifestation qui s’est terminée à treize heures
 
En France métropolitaine, la mobilisation a été plus forte que le 19 janvier avec 2,8 millions de personnes dans les rues selon les syndicats contre un peu plus d’1,2 million selon la police. Les antennes nationales des syndicats ont déjà annoncé deux nouvelles journées de manifestations les 7 et 11 février prochains. En Polynésie, qui suivait les directives nationales jusque-là, “rien n’a encore été décidé, on va devoir se réunir à nouveau pour décider si nous allons suivre ou non les prochaines journées de grève” a expliqué Diana Yieng Kow. Mais selon celle, qui est également la secrétaire générale d’UNSA Éducation, la prochaine manifestation à Tahiti devrait avoir lieu le 11 février prochain.
 

Crédit photo: Greg Boissy.
Crédit photo: Greg Boissy.

Crédit photo : Greg Boissy.
Crédit photo : Greg Boissy.

Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 31 Janvier 2023 à 17:52 | Lu 846 fois