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Référendum en Nouvelle-Calédonie : des élus du FLNKS appellent au soutien polynésien


Des représentants de l'Union calédonienne sont au fenua pour demander le soutien d'Oscar Temaru.
Des représentants de l'Union calédonienne sont au fenua pour demander le soutien d'Oscar Temaru.
FAA'A, le 13 mars 2018 - Invités au fenua par le Tavini Huira'atira, des représentants de l'Union calédonienne, parti membre du Front de libération national kanak et socialiste (FLNKS), vont à la rencontre des élus polynésiens pour avoir leur soutien, à quelques mois du référendum dans leur pays. Dans huit mois, près de 160 000 Calédoniens se prononceront en faveur ou pas du référendum d'autodétermination.

Un cap important pour l'histoire de ce pays. En mai 1998, les élus de la Nouvelle-Calédonie ont mis en place un accord de décolonisation, que l'on appelle les accords de Nouméa. Un processus qui "nous conduit au bout de 20 ans, sur la question de la pleine souveraineté", rappelle Daniel Goa, président de l'Union calédonienne.

Cependant, seules les personnes ayant vécu en Nouvelle-Calédonie avant le 8 novembre 1988, pourront se prononcer sur le référendum, ce qui représenterait près de 160 000 électeurs, parmi lesquels on retrouverait 9 000 polynésiens. "Là, le nouveau texte parle de 3 ans de résidence, mais il faut être natif et prouver que nous avons les Centres d'intérêts, matériels et moraux (CIMM), c'est-à-dire que vous avez une maison, un mari… Donc, si vous remplissez ces conditions, vous pourrez voter", explique le président de l'Union calédonienne.

Et s'ils sont en Polynésie, c'est éventuellement pour demander le soutien de leur homologue mā'ohi. "Peut-être que d'ici quelques années, Oscar viendra nous chercher pour qu'on fasse le même travail auprès des kanaks qui habitent ici. C'est une mesure de solidarité entre peuples océaniens par rapport à cette quête de légitimité et d'indépendance", confie Daniel Goa.

"C'est tout à fait normal, nous avons les mêmes revendications", répond Oscar Temaru, président du Tavini Huira'atira.

Les représentants kanaks ont également rencontré le président du Pays, Edouard Fritch et le président de l'assemblée, Marcel Tuihani.

Le vote sur le référendum en Nouvelle-Calédonie devrait se faire le 4 novembre prochain.


Daniel Goa
Président de l'Union calédonienne

"Si tout le monde se donne la peine d'aller voir les abstentionnistes, le référendum devrait être acté"


"Il faut que nous soyons au moins 80 000 pour que le référendum soit acté. On sait qu'il y aura les abstentions. Nous avons pratiquement 30 % d'abstentions en permanence et au pire 40 %, on le voit dans les communes. Là, on fait tout pour que les gens prennent leurs responsabilités et fassent le pas. On garde quand même les 30 % en interrogation pour éviter les surprises. Donc, on essaye de travailler sur les électeurs qui sont susceptibles d'aller voter. Si tout le monde se donne la peine d'aller voir les abstentionnistes, le référendum devrait être acté."



Christian Taupua
Membre de l'Union calédonienne

"C'est juste l'idéologie qui va changer"


"J'ai quitté la Polynésie, il y a sept ans, pour un nouveau départ dans la vie en Nouvelle-Calédonie. Un nouveau projet économique, un nouveau projet familial. Donc, l'opportunité m'a été donné avec la famille Mai de Faa'a. Au départ, ce référendum me faisait peur, bien évidemment. Lorsqu'on arrive, il y a une coutume, une histoire et quand on va un peu plus loin dans l'histoire, c'est un pays qui a été colonisé dans la souffrance, et on essaye de relativiser parce que les choses ont évolué. On a essayé de comprendre les idées et on se sent rassuré aujourd'hui. Donc, depuis 2012, je suis adhérent à l'union calédonienne et je suis membre directeur de cette union. Je suis aussi délégué au sein du congrès. Je suis rassuré et je ne suis pas le seul puisqu'il y a quand même une grosse communauté polynésienne à Nouméa. Chacun a ses sensibilités, mais je pense que chacun a de quoi être rassuré, parce que la Nouvelle-Calédonie s'organise déjà de manière indépendante. C'est juste l'idéologie qui va changer parce que ce sera réellement un pays en pleine souveraineté. C'est vrai que je ne pourrai pas voter parce qu'il y a un gel du code électoral. Les personnes qui pourront voter sont les familles tahitiennes qui sont arrivées avant 1988, et on estime pour la communauté tahitienne, qu'il y a à peu près 80 % qui sont réellement citoyens et qui vont faire leurs obligations ce jour-là."



Oscar Temaru
Président du Tavini Huiraatira

"Les jeunes se sentent abandonnés. Ici, c'est la même chose"


"Nous avons affaire au même colonisateur, le référendum avance à grands pas, prévu pour le mois de novembre. Nous nous préparons à nous déplacer en Nouvelle-Calédonie pour rassurer la communauté tahitienne qui vit là-bas, pour leur dire de soutenir ce droit qui a été reconnu en 1948, le droit des peuples d'autodétermination par tous les pays colonisateurs. En 1966, il y a eu des pactes internationaux qui ont été ratifiés et qu'on n'a jamais respecté. La France a des obligations, avant, pendant et après l'accession de la Nouvelle-Calédonie à l'indépendance, il ne faut pas oublier ça. Donc, il n'y a pas à s'inquiéter, bien au contraire. Ça va être un moyen fort entre les mains de tous les élus du pays, pour le développer normalement et pour mettre en place un choix de société. Les jeunes, aujourd'hui, se sentent abandonnés, ils sont sur le trottoir. Ici, c'est la même chose parce qu'on a oublié qu'il y a un peuple avec une culture et une langue. On a mis tout ça de côté pour imposer une autre forme de société, plus individualiste, moins communautaire. J'ai vraiment hâte de voir ce pays accéder à sa pleine souveraineté, et je sais que ça aura une influence sur le peuple mā'ohi pour son droit de souveraineté, ça c'est sûr !"




le Mardi 13 Mars 2018 à 15:47 | Lu 1815 fois