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“Pression, stigmatisation et détournement du droit de grève” à la DGAC


“Pression, stigmatisation et détournement du droit de grève” à la DGAC
Tahiti, le 29 décembre 2025 - Après le dépôt d’un nouveau préavis de grève le 26 décembre dernier, la Direction générale de l’aviation civile de l’État a invité le syndicat Usac-CGT autour de la table des négociations. Une réunion qui doit avoir lieu ce mercredi. Un peu tard, estime la représentante du syndicat, car s’il n’y a aucun accord, la grève sera effective. De son côté, la CGT au niveau national dénonce “les pressions” ou encore le “détournement du droit de grève” effectué par la direction.
 
Le tout premier préavis de grève des contrôleurs aériens a été déposé en novembre dernier à la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) de l’État. Et plus de cinq semaines après, ce mouvement social perdure toujours, le dernier préavis datant du 26 décembre. La représentante de l’Usac-CGT, Tiarama Lehartel, affirme avoir reçu une invitation de la direction pour la reprise des négociations ce mercredi. Elle regrette que cela se fasse “moins de 24 heures avant le début de la grève. Donc ça ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre pour négocier. C'est-à-dire que si à 23 heures, on ne nous propose rien, c'est que forcément la grève sera effective au 1er janvier à 0 heure”.
 
La représentante en vient même à se demander “si l’administration ne nous pousse pas à la grève, quelque part” et rappelle que le préavis laisse normalement cinq jours francs aux parties pour négocier. “Et s'il y a des bonnes volontés des deux côtés de la table, on peut sortir par le haut et éviter la grève (…). Je ne vois pas de bonne volonté en fait”.
 
Elle regrette que la direction à Paris ait donné “une réponse négative” concernant leur demande de reclassement de Tahiti-Faa’a en “Liste 5”. Pour Tiarama Lehartel, “ce qui est sûr, c'est que cette mobilisation ne s'arrêtera pas tant qu'on ne sera pas classé liste 5”.
 
Elle affirme même que “la mobilisation ne va pas faiblir et peut-être qu'elle va s'amplifier parce qu’on est tous concernés”.
 
La représentante de l’Usac-CGT dénonce le fait qu’au Fenua, “on a une administration qui sabote le centre de Tahiti. C'est ça la vérité”. Elle regrette que le “chef de centre (…) ne défende pas son centre” alors même que les agents lui amènent les chiffres concernant notamment le trafic

“Proposer que ce reclassement soit étudié à travers un groupe de travail national”

De son côté, la Direction générale de l’aviation civile considère avoir “répondu positivement à la quasi-totalité des revendications de l’Usac-CGT”. Seul point de “divergence (…), le reclassement national et immédiat de l’organisme de contrôle de Tahiti-Faa’a alors que l’administration a proposé la médiation de l’inspection générale de l'environnement et du développement durable pour juger de la pertinence de ce reclassement”.
 
Ainsi, lors de la réunion de conciliation prévue ce mercredi 31 décembre, la Direction générale de l’aviation civile compte “proposer que ce reclassement soit étudié à travers un groupe de travail national qui doit travailler à la révision des critères d'évolution des classements des organismes de contrôle au plan national”. Elle regrette que le syndicat Usac-CGT ait refusé “toutes les propositions de l'administration”.
 
La direction considère que ce mouvement de grève “empêche en pratique la formation de 12 contrôleurs et retarde le retour à une situation normale. En premier lieu, l'impact de cette situation affecte les agents de l'organisme eux-mêmes en empêchant le déploiement opérationnel de renfort de ces 12 contrôleurs aériens qui ne demandent qu'à finir leur formation pour travailler”.
 
Elle se dit même “très inquiète” car selon elle, si le mouvement dure dans le temps, il “pourrait menacer assez rapidement la continuité territoriale en contraignant le transport aérien de la Polynésie française”.

“Pression, stigmatisation et détournement du droit de grève”

Le syndicat Usac-CGT de la Direction générale de l’aviation civile a reçu le “plein soutien” des syndicats nationaux tels que FNEE-CGT et UFSE-CGT. Dans un communiqué commun, les syndicats dénoncent le fait que les agents de la DGAC subissent depuis “plusieurs mois une dégradation préoccupante de leurs conditions de travail : sous-effectif chronique, surcharge d’activité, difficultés à poser leurs congés et conditions matérielles dégradées”.
 
Les syndicats nationaux regrettent que le dialogue social soit “bloqué, souvent réduit à une formalité sans effet réel. Les instances locales sont trop souvent ignorées ou contournées, et les alertes portant sur la santé et la sécurité au travail ne donnent lieu à aucune réponse concrète”. Une “attitude de déni (…) de mépris institutionnel, contraire aux valeurs du service public et aux obligations de l’employeur”.
 
La CGT au niveau national pointe du doigt le fait que “l’administration locale” ait préféré “la voie de la pression, de la stigmatisation et du détournement du droit de grève”. Une attitude que le syndicat considère comme étant “inacceptable”. Il rappelle que la grève est un droit constitutionnel, “sa remise en cause porte atteinte à l’ensemble des agents publics”.
 
Le syndicat national appelle la Direction de l’aviation civile à “rétablir un dialogue social loyal, respectueux et constructif, et à ouvrir sans délai des discussions sincères sur les causes profondes du malaise polynésien”. Et pourquoi pas, la mise en place d’une “médiation réellement indépendante, afin de restaurer la confiance et de garantir un traitement équitable des personnels ultramarins”.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 29 Décembre 2025 à 20:16 | Lu 542 fois