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Première Guerre mondiale : Papeete s'était préparé


Avenue du Petit-Thouars vers 1910. Crédit : D'après une carte postale, Cl. An, Fds. Rémy Carbayol, coll. Commune de Papeete
Avenue du Petit-Thouars vers 1910. Crédit : D'après une carte postale, Cl. An, Fds. Rémy Carbayol, coll. Commune de Papeete
PAPEETE, le 20 avril 2015. La commune de Papeete fête cette année ses 125 ans. Une histoire marquée notamment par le bombardement de la ville le 22 septembre 1914. Nous avons été captivés par les photos mises en avant par le service des archives de la mairie. Toute la semaine, nous vous proposons de comparer les quartiers de Papeete entre le début du XXe siècle et aujourd'hui.






L'historienne Marie-Noëlle Frémy explique comment Destremau s'était préparé à la Première Guerre mondiale


L'escadre allemande à l'entrée du port

Le 22 septembre 1914, la ville de Papeete était bombardée. L'île de Tahiti s'était préparée à une telle éventualité. « Cette journée avait été envisagée et préparée », insiste l'historienne Marie-Noëlle Fremy. « On savait que les Allemands étaient présents dans le Pacifique. » A l'époque, les nouvelles n'arrivent que tardivement en Polynésie française. Pour joindre Tahiti, la seule solution est le bateau. Le télégraphe est en effet arrivé en décembre 1914.
Destremau prévoit un plan pour pour défendre Papeete. « Destremau, qui avait alors 34 ans, était un ingénieur très intelligent », décrit Marie-Noëlle Frémy. « Il a travaillé dans les sous-marins. C'était quelqu'un de courageux. Il avait déjà eu la Légion d'honneur. »
Destremau avait quelques hommes. Une trentaine est aussi arrivée de Nouvelle-Calédonie. Il a aussi fait appel à des volontaires qui ont été entraînés très durement. Destremau décide de désarmer la Zélée. « Les canons et les mitrailleuses sont enlevés. Les mitrailleuses sont mises sur des voitures qui assurent la surveillance en bord de mer », explique l'historienne. « A cette époque, la route n'était pas goudronnée. » La plus grosse batterie sera montée sur le mont Faiere, à Papeete. « Des hommes vont tirer la batterie jusqu'en haut. C'est ce qui va sauver Papeete », insiste Marie-Noëlle Frémy. « Beaucoup de Tahitiens vont y participer. »

Faites coulisser le curseur pour comparer la ville à différentes époques



Papeete, le siège du pouvoir

En 1914, Papeete est très tourné vers la mer et est le siège du pouvoir, comme actuellement. Le port est le cœur de la ville. Sur ce dernier point ça n'a pas changé. « En 1914, il y a beaucoup de bateaux qui y passent, beaucoup plus que maintenant », explique l'historienne Marie-Noëlle Frémy. « C'est le seul moyen de communiquer avec le reste du monde. Papeete, c'est le siège du gouverneur, c'est un système colonial. On remarque une présence militaire avec une garnison pas très nombreuse en 1914 et beaucoup de marins. C'est un lieu d'escale. Il y a des bars et donc beaucoup d'alcool. C'est pour ça aussi que ça a bien brûlé lors du bombardement de la ville le 22 septembre 1914. La grande majorité des Polynésiens vit tout autour en auto-subsistance dans une vie tout à fait traditionnelle. »



Le magasin Donald a résisté à l'incendie de 1914

L'emplacement du bloc Donald à gauche après le bombardement du 22 septembre 1914, à droite en 2011. En 1914, le magasin Donald, en ciment armé, a résisté alors que dans ses entrepôts les marchandises se sont enflammés rapidement, note le livre Le Bombardement de Papeete du 22 septembre 1914 et la Grande Guerre dans les EFO.




Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 20 Avril 2015 à 16:54 | Lu 2036 fois