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“Pour aider les familles de Afaahiti”


Tahiti, le 22 décembre 2025 - Le Fa’a’ati Mémorial Tour, organisé ce dimanche pour les victimes du drame de Afaahiti du 26 novembre, a été une réussite puisqu’il y a eu beaucoup plus de personne présentes que prévu. Les familles touchées par le tragique éboulement ont été “contentes” de cet événement qui leur a mis du baume au cœur. Le président de Local Rider 987, organisateur de l’événement, en a profité pour rappeler l’objectif principal de son association qui est la “sensibilisation à la sécurité routière” et rappelle que le mois de décembre est un mois “fatidique (…) on a connu des mois de décembre noirs”.
 
Ils étaient nombreux à s’être joints aux membres de l’association Local Rider 987 pour le Fa’a’ati Mémorial Tour, organisé ce dimanche et dédié aux disparus lors de l’éboulement survenu le 26 novembre dernier à Afaahiti.
 
“C'est pour aider les familles de Afaahiti avec la mise à disposition d’une urne. Sylvain, le papa de la fillette qui a péri dans ce tragique accident, est là. Je lui ai demandé qu'il nous accompagne du début à la fin. Cette histoire m’a beaucoup touché car il a tout perdu”, confie le président de l’association, Jacky Teuru. Il a rappelé aux riders présents le programme ainsi que les différents arrêts avant d’arriver au lieu du drame “pour remettre justement l'urne et chanter une chanson ensemble, c’est pour ça qu’on va s'arrêter là-bas”, précise-t-il.
 
Il a profité de l’occasion pour rappeler que “l’objectif premier de l’association, c'est la sensibilisation à la sécurité routière”, rappelant que le mois de décembre est un mois “fatidique” où les accidents mortels sont nombreux. “On a connu des mois de décembre noirs (…) où nos proches nous quittent brutalement et cela nous fait encore mal (…). Pensez à la sécurité routière avant tout quand vous prenez vos engins.”
 
Il a également indiqué que l’association dédiait aussi cet événement à la mémoire de Kailina, une jeune fille de 15 ans décédée le 21 décembre 2023 dans un accident de la route à Faa’a alors qu’elle conduisait une moto électrique. “Elle nous manque gravement”, a-t-il ajouté en soulignant qu’une commémoration sera faite “en mémoire de tous nos disparus de la route. Force à vous, toutes les familles touchées et endeuillées”.
 
Et comme à chaque Fa’a’ati, Jacky Teuru n’a eu de cesse de rappeler les règles de base du code de la route. “On va respecter le code de la route, s'il y a un feu rouge, on s'arrête car on n'est pas prioritaires et il n'y a pas les gendarmes avec nous pour nous accompagner”. Étonnant d’ailleurs, puisque depuis 2022, la majorité des événements organisés par Jacky Teuru sont encadrés par la gendarmerie.
 
Le président de Local Rider 987 a comptabilisé 48 inscrits, mais ils approchaient finalement plus de la centaine d’engins, ce dimanche, soit plus de 200 riders. “Ça veut dire que l'esprit solidaire chez vous, vous a rejoint, la preuve, vous êtes là.”

“C’est la première fois que je vois ça, je suis très contente”

Un des chauffeurs de camion qui était sur place lors du drame, Warren, a tenu à être présent lors de ce Fa’a’ati Mémorial Tour qu’il qualifie comme étant “important”. “Moi-même, j'ai travaillé sur le lieu les 24 heures et ça m'a touché aussi”. Il ajoute que lors de la veillée qui avaient été organisée fin novembre, beaucoup de familles étaient venues le remercier pour ce qu’il a fait lors de cette triste journée. “Je leur ai dit que ce n'est pas un souci, moi, je suis encore là, et vos enfants ne sont plus là, c'est là où c'est plus dur, moi, ça va, c'est plutôt moi qui suis désolé. Ce qu'on a fait, c'est normal, vous avez perdu des êtres chers (…). Après dans l'histoire, le plus touchant, c'est la petite fille qu'on a retrouvée dans sa couverture, c'est vraiment elle qui a ému tout le monde. On a tous des enfants, donc on se met un peu à leur place.”
 
Ce dimanche, l’émotion a atteint son paroxysme lorsque les riders sont arrivés sur le lieu du drame, où les proches des huit disparus les attendaient. Parmi eux, Tetua Metua qui a perdu sa fille et l’un de ses mootua. Elle se souvient encore avoir dit à sa fille : “Bébé, prends ton 4x4 et allez au bord de la route. Et elle me disait d’arrêter de dire ce genre de chose. Aujourd’hui, je souffre car j’ai perdu beaucoup de membres de ma famille comme ma fille et mon mootua.”
 
Ce Fa’a’ati Mémorial Tour lui a mis un peu de baume au cœur. “C’est la première fois que je vois ça, je suis très contente.” Même si elle explique qu’au départ, elle ne souhaitait pas être présente à cette cérémonie : “Je ne voulais pas revenir”. Elle s’est finalement laissé convaincre par sa fille fa’a’amu

Jacky Teuru “N'oublie pas, sur nos routes, c'est toi le maître”

“C'est toi qui tiens le volant, le guidon. C'est toi le maître. Il y a un message à tous nos jeunes, que je vois des fois la nuit, dans des endroits pas possibles (…). C'est à vous, chacun d'entre vous, dans chaque quartier, chaque commune, de passer le message à nos plus jeunes. C'est vous, les anciens. Nos anciens avant nous, ils sont partis et nous allons prendre la place. Il faut donner le moyen à nos jeunes de s'éduquer aussi. Et par respect pour nos anciens, n'oubliez pas ceci, ride safe les bro.
 
Je ne suis pas seulement un rider passionné mais j'organise aussi des runs encadrés (…). Et aujourd'hui, à cause d'un copain qui est parti, qui a eu un accident à Vaitarua, on nous a interdit le site. Et quand il s'agit d'une unité, c'est-à-dire la population, il n'y a plus personne devant nous, il n'y a plus d'autorité pour nous aider et on nous ferme les portes. Donc le message que je vais vous donner là, à l'instant présent, c'est que dans les mois à venir, si je n'ai pas mon lieu par rapport au run, je vais faire un autre fa’a’ati, et là, ce n'est pas un fa’a’ati comme on va le faire (ce dimanche, NDLR). Là, on va se révolter, on veut un lieu pour nos jeunes, pour qu'ils puissent épanouir dans leur passion, pour qu'ils puissent aller faire dans un lieu encadré, et non sur la route. Voilà mon but. Tu sais, j'ai perdu plein d'amis, les frères. Tu ne peux pas imaginer le nombre d'amis que j'ai perdus pendant des accidents mortels. Et encore une fois, grâce à vous, on est là. Sans vous, on ne serait pas là, c'est ça le message fort que je voulais vous donner.”
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 22 Décembre 2025 à 07:28 | Lu 496 fois