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Porter des prothèses auditives freinerait le déclin de la mémoire


Paris, France | AFP | jeudi 29/10/2015 - Mal entendre, l'âge venant, est courant, mais ce trouble auditif, qui favorise l'isolement, quand il n'est pas corrigé par des aides auditives, accélère le déclin de la mémoire, d'après une étude sur près de 4.000 personnes suivies pendant 25 ans.

L'étude analyse l'évolution des fonctions cognitives des personnes âgées souffrant de troubles auditifs, qu'elles portent ou non des appareils auditifs.

D'après ces travaux, la presbyacousie majore significativement le déclin de la mémoire. Mais ce n'est pas le cas, en revanche, chez les porteurs de prothèses auditives dont le déclin ne diffère pas du groupe de personnes qui ne se plaignent pas de perte d'audition.

"Ces résultats sont en faveur de la prise en charge et du dépistage de l’audition", dit à l'AFP la professeure Hélène Amieva, épidémiologiste de l'Inserm, à Bordeaux, responsable de l'étude présentée jeudi en présence de représentants des audioprothésistes et d'ORL.

"On estime que deux tiers des personnes de 70 ans ou plus ont une perte auditive", souligne la chercheuse.

Or ces troubles auditifs contribuent à réduire les stimulations sensorielles qui diminuent avec le vieillissement (odorat, goût, vue...).

Ils peuvent également avoir des conséquences sur le plan social et fonctionnel (isolement social, repli sur soi, symptômes dépressifs...) qui aboutissent "à moins de stimulations".

Cette perte d'audition touche 30 % des personnes de 65 ans ou plus ainsi que 70 % à 90 % des 85 ans et plus. Les deux tiers de ces personnes ne seraient pas appareillées.


- Freiner le déclin intellectuel -



Diverses études suggèrent l’implication des troubles auditifs dans le fonctionnement intellectuel, la dépression, les activités sociales, les actes courants de la vie quotidienne.

Une étude américaine, dirigée par Franklin Lin, publiée en 2013 a rapporté un lien entre la sévérité de la perte auditive et le déclin cognitif mesuré sur six ans.

L'étude Inserm, parue récemment dans une revue spécialisée, le Journal of American Geriatrics Association, confirme ces travaux mais porte sur plus de gens (près de 4.000 individus âgés de 65 ans ou plus) et sur une période de 25 ans.

Et, "surtout, explique la chercheuse, cette étude montre que la prise en charge de ces troubles de l'audition, avec un appareil d'aide auditive, a un impact positif et freine le déclin intellectuel".

Les participants proviennent d'une grande étude épidémiologique, dite "Paquid", lancée à la fin des années 80, portant sur le retentissement du vieillissement (Alzheimer, dépendance...), et régulièrement soumis à un test "MMSE", communément utilisé en gérontologie, pour évaluer les fonctions intellectuelles (mémoire, calcul, attention, langage...) et leur déclin.

Dans cette nouvelle étude, les participants ont été interrogés sur la gêne auditive ressentie (gêne pour suivre une conversation avec plusieurs personnes, par exemple lors de repas de famille...).

En revanche, ils n’ont pas eu d’audiogramme. 2.443 indiquaient n'avoir pas de troubles gênants, 1.178 évoquaient une gêne modérée et 151 une gêne majeure.

Parmi eux, 150 avaient une prothèse auditive. Le test montre une perte "importante" de 1,5 point chez les non appareillés, selon la chercheuse.

Mais "il y a en France un déni de la surdité, car elle a une connotation péjorative", regrette le Dr Jean-Michel Klein, président du Syndicat national des ORL. Et "le coût des appareils, de 1.500 à 2.000 euros par oreille d'après mes patients, pose un problème", ajoute-t-il.

"Les personnes qui ont un déclin de la mémoire qui s'accélère sont plus à risque d'Alzheimer", rappelle le Dr Amieva. Pour autant, il ne faut pas croire que l'étude montre qu'appareiller les gens permet de prévenir la maladie, met-elle en garde.

Mais elle récuse des extrapolations qu'elle juge "contestables" et non fondées, selon lesquelles le risque de démence pourrait être presque doublé avec une perte auditive modérée ou multiplié par cinq pour une perte sévère.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), on compte 47,5 millions de personnes atteintes de démence.

Chaque année, on compte 7,7 millions de nouveaux cas de maladie de démence. En France, 860.000 personnes sont atteintes d'Alzheimer ou de maladies apparentées.

Rédigé par () le Jeudi 29 Octobre 2015 à 05:42 | Lu 357 fois