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Policière municipale tuée en 2010: le procès en appel du caïd Redoine Faïd s'ouvre à Paris


Paris, France | AFP | mardi 27/02/2018 - Une exécution perpétrée par un commando de braqueurs au terme d'une course poursuite infernale sur l'autoroute: le procès pour le meurtre en 2010 de la policière Aurélie Fouquet s'est ouvert mardi aux assises de Paris avec dans le box le "caïd médiatique" Redoine Faïd.

Pour l'accusation, Redoine Faïd, 45 ans, est "l'organisateur" d'une véritable "opération de guerre" qui aurait dû mener au braquage d'un fourgon blindé. Il a écopé en première instance de 18 ans de réclusion criminelle, alors qu'avaient été requis 22 ans, assorties d'une période de sûreté des deux tiers. 
L'homme vêtu de blanc, crâne rasé, visage fin barré par d'épais sourcils noirs, s'est présenté à l'audience comme "attaché commercial". 
L'un des enjeux du procès, où sept autres personnes sont jugées, sera de déterminer sa part de responsabilité dans les événements.
Le 20 mai 2010 au matin, le plan des malfrats tourne court lorsque des policiers veulent contrôler un véhicule utilitaire qui porte des impacts suspects. Il prend alors la fuite et une course poursuite s'engage sur l'autoroute A4.
Les occupants de la camionnette, dont on ignore l'identité, tirent à de multiples reprises sur leurs poursuivants et blessent des automobilistes. 
Arrivés à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), ils ouvrent le feu sur une voiture de police municipale, blessent un policier et tuent sa collègue Aurélie Fouquet, 26 ans, touchée par balle à la tête, avant de prendre la fuite.
Trois des accusés sont directement jugés pour son meurtre: Rabia Hideur, Daouda Baba et Olivier Tracoulat. Ce dernier n'a jamais donné signe de vie depuis les faits et pourrait avoir été mortellement blessé dans la fusillade. Il sera une nouvelle fois jugé en son absence.
Les quatre autres accusés sont jugés pour une longue liste de crimes et délits, allant de l'association de malfaiteurs à la détention illégale d'armes.
 

- 'Victime de lui-même' -

 
Mais depuis le premier procès en avril 2016, un autre membre du commando, Fisal Faïd, l'un des frères de Redoine qui avait fui en Algérie après les faits, a été condamné en juillet 2016 par la justice algérienne à 20 ans de prison pour le meurtre d'Aurélie Fouquet.
Redoine Faïd a, quant à lui, été condamné deux fois aux assises en 2017: à 10 ans de réclusion pour son évasion de la prison de Lille-Séquedin en 2013, et à 18 ans de prison pour l'attaque d'un fourgon blindé dans le Pas-de-Calais en 2011. Il a fait appel des deux condamnations.
Pour son avocat Me Joseph Cohen-Sabban, le principal danger pour Redoine Faïd est sa réputation: "Être Redoine Faïd, c'est traîner une image. Il a voulu ça, il est un peu victime de lui-même", dit l'avocat qui a conseillé à son client d'éviter de "capter la lumière" à l'audience.
"Moi, j'ai eu l'impression d'avoir un sacré manipulateur en face de moi", a répliqué Me Laurent-Franck Liénard, avocat de la famille d'Aurélie Fouquet, qui a "la certitude" que Faïd "participe de l'organisation criminelle".
Pour l'avocat "la physionomie du second procès est cependant différente": "nous avions des points d'interrogation en première instance, nous avons aujourd'hui des réponses: on connait l'identité du tireur", dit-il en se référent à la condamnation de Fisal Faïd en Algérie.
"Ce que nous aurions souhaité, ce sont des aveux mais je pense que nous ne les obtiendrons pas", a dit la mère de la victime, Elisabeth Fouquet qui a exprimé sa douleur de devoir "revivre ces moments-là" et dit sa conviction que "la vérité est déjà sortie lors du premier procès".
"Ce que nous souhaitons, c'est "tout simplement pouvoir aller dire à Aurélie: repose en paix maintenant, ils sont sous les verrous et purgent la peine qu'ils méritent", a-t-elle ajouté. En première instance, des peines de 1 à 30 ans avaient été prononcées contre huit accusés et un neuvième avait été acquitté.
Le verdict est attendu le 13 avril.

le Mardi 27 Février 2018 à 06:47 | Lu 584 fois