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Perturbateurs endocriniens: tous touchés, même les écologistes


Paris, France | AFP | jeudi 23/02/2017 - Ils sont blonds, bruns, gris ou blancs mais ont un point commun: les cheveux de sept personnalités écologistes, dont Nicolas Hulot et José Bové, sont contaminés par des perturbateurs endocriniens, selon une enquête de l'ONG Générations Futures.

Outre les chevelures de l'ex-candidat à l'investiture écologiste en 2011 et de l'eurodéputé, l'association a fait analyser celles du candidat EELV à la présidentielle Yannick Jadot, de la navigatrice Isabelle Autissier, du photographe Yann Arthus-Bertrand, de l'ex-ministre de l'Ecologie Delphine Batho et de la documentariste Marie-Monique Robin.
Partout, "un cocktail important de nombreux perturbateurs endocriniens" a été retrouvé, constate-t-elle dans son rapport.
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances présentes dans de nombreux produits du quotidien (cosmétiques, jouets, peintures, contenants alimentaires...), qui perturbent le système hormonal. Ils peuvent générer des maladies et anomalies comme des cancers hormono-dépendants, du diabète, des troubles de la fertilité, des problèmes cardiovasculaires...

- 'Un peu un choc' -

 
Isabelle Autissier arrive nettement en tête du palmarès, avec 68 perturbateurs retrouvés, contre 36 pour la personnalité la moins contaminée, la députée Delphine Batho.
"Ca fait quand même un peu un choc", s'est exclamée la navigatrice et présidente du WWF, au cours d'une conférence de presse. "Parce que je fais tout bien: j'essaie de manger bio, je ne me mets pas de trucs affreux sur la peau, je fais mon ménage avec du vinaigre..."
Ce résultat souligne l'importance du "parcours de vie", a-t-elle relevé. "Pendant quinze ans, j'ai traîné dans des chantiers de construction de bateaux où on passe son temps à manipuler des saloperies avec de grosses têtes de mort dessus --des solvants, des résines, des plastifiants."
L'analyse réalisée pour Générations Futures a porté sur quatre familles de PE: bisphénols, phtalates, PCB (polychlorobiphényles) et pesticides. Deux cents molécules ont été recherchées.
48 à 51 PE ont été retrouvés chez José Bové, Yann Arthus-Bertrand, Nicolas Hulot et Marie-Monique Robin. 19 seulement chez Yannick Jadot, mais aucune recherche sur les PCB n'a pu être effectuée, son échantillon de cheveux étant insuffisant.
Toutes les personnalités ont un ou deux bisphénols dans les cheveux, 8 à 11 phtalates, 9 à 25 pesticides. Entre 14 et 30 PCB ont été retrouvés dans les six échantillons qui ont pu être analysés pour cette substance.

- 'Scandale sanitaire' -

 
Ces résultats montrent que "même si on fait attention à ce qu'on mange, à l'environnement où on vit, on est quand même exposé à une série de polluants", souligne le directeur de Générations Futures, François Veillerette.
"Vous avez les polluants auxquels vous avez été exposés ces trois derniers mois, qui sont passés directement dans le sang, et des produits que vous avez hébergés dans votre corps il y a longtemps", explique-t-il, comme les PCB et le DDT, interdits depuis des décennies, ou le lindane, également très persistant.
Ces molécules "persistantes dans le corps, le sont aussi dans l'environnement", souligne-t-il.
"Ces résultats ne me surprennent pas", a déclaré pour sa part Delphine Batho, "il y a une contamination généralisée, quels que soient le degré d'exposition et le nombre de substances".
L'ancienne ministre de l'Ecologie a rappelé "l'effet cocktail" des perturbateurs endocriniens et "l'effet faible dose: une quantité moindre n'est pas un gage d'impact sanitaire moins important".
"Il ne faut pas continuer à être spectateur de l'inertie européenne", a-t-elle lancé.
L'Union européenne peine à se mettre d'accord sur une définition des PE qui permettrait de prendre des mesures réglementaires pour limiter leur impact sur la santé. Elle doit à nouveau tenter d'y parvenir le 28 février.
"Si ça ne bouge pas au niveau européen, il faut comme on l'avait fait avec le bisphénol dans les biberons (interdit, ndlr), prendre un certain nombre de décisions", a estimé Mme Batho, réclamant une grande campagne contre ce "scandale sanitaire", comme celles menées contre le tabac.
La publication de cette étude intervient deux jours après la parution d'une enquête de l'UFC-Que Choisir selon laquelle des centaines de produits d'hygiène et de beauté contiennent des substances "indésirables", dont des PE.

Rédigé par RB le Jeudi 23 Février 2017 à 05:01 | Lu 523 fois