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Périple en Australie : des moments "magiques" mais aussi "durs"


Périple en Australie : des moments "magiques" mais aussi "durs"
PAPEETE, le 27 mars 2017. Après un peu plus de trois semaines dans le bush australien et 650 kilomètres parcourus et de nombreux déchets ramassés, Charlotte Genton, originaire de Moorea, revient sur ce périple marqué par des " moments incroyables, magiques mais aussi parfois très durs".

Mi-février, Charlotte était partie pour un périple de 1 000 kilomètres à pied dans l'ouest de l'Australie (Lire Mille kilomètres à travers l'Australie). C'était l'occasion pour cette femme de 28 ans, originaire de Moorea, de prendre du recul par rapport à ce "rythme de dingue" qu'elle s'imposait dans son travail. Voulant se reconnecter avec la nature et elle-même, elle avait décidé de ramasser des déchets tout au long de son parcours. "Après un peu plus de trois semaines dans le bush, 650km, d'innombrables moments incroyables, magiques et parfois aussi très durs", elle s'est arrêtée. Depuis l'Australie, elle nous a raconté ces semaines de marche dans le sud-ouest australien.

"Au début de cette aventure, les premiers sentiments ont été la peur en général et la peur de manquer", se souvient Charlotte Genton, qui travaillait jusqu'à il y a quelques mois pour une société pétrolière en Suisse. "En partant d'Albany, je ne pensais qu'à une seule chose : ce que j'allais bien pouvoir manger dans la première ville que j'atteindrais pourtant mon sac pesait trois tonnes et débordait de nourriture par peur de manquer! (…) Les quatre premiers jours, j'ai eu peur tout le temps. Peur de manquer d'eau, de nourriture, peur de ne pas arriver avant la nuit, peur du soleil et de ses rayons, peur de tomber malade, peur des serpents, peur de croiser une personne bizarre, peur de ne plus avoir de batterie sur ma balise satellite, peur des bruits la nuit... bref, oui j'ai eu peur."

Pas facile pour une femme de se retrouver seule le soir non plus. "La nuit, chaque son m'effrayait jusqu'au jour où j'ai réalisé que moi-même, mon être, faisait partie de cet environnement que j'imaginais si effrayant la nuit. J'ai alors repensé à tous ces serpents, kangourous, oiseaux aux mille couleurs que je faisais fuir le jour à chaque passage, par le bruit de mes chaussures et de mon bâton de marche. Nous étions tout autant effrayés les uns que les autres. Il suffit parfois de simplement se mettre un instant de l'autre côté, à la place de l'autre pour observer, accepter et apprendre à relativiser. Ce n'est qu'une question de perception."

"La destination finale importe peu"

Pendant son périple, Charlotte Genton a ramassé "beaucoup de déchets plastiques de tout genre sur les plages, sentiers et en bord de route : des bouteilles d'eau, de shampoing, des sacs plastiques, des brosses à dent, des pailles, des vieux filets…
Pendant son périple, Charlotte Genton a ramassé "beaucoup de déchets plastiques de tout genre sur les plages, sentiers et en bord de route : des bouteilles d'eau, de shampoing, des sacs plastiques, des brosses à dent, des pailles, des vieux filets…
Mais ce périple a aussi été l'occasion de belles rencontres. "Après cinq jours dans le bush, seule, j'ai dû rejoindre la petite ville de Denmark pour faire un coucou à mes amis pharmaciens et acheter de quoi soigner mes 12 ampoules qui ne me permettaient plus que de marcher en savate ! Et là ! Quel bonheur ! À chaque coin de rue, les gens me voyant avec mon gros sac m'ont proposé leur aide et ont toujours pris le temps de s'arrêter cinq minutes pour discuter", se souvient Charlotte.

Partie initialement pour un périple de 1 000 kilomètres, Charlotte s'est arrêtée plus tôt que prévu mi-mars. "Au début de cette aventure, que ce soit avec l'environnement nouveau, les sons effrayants la nuit, mon sac à dos, mes mille et une pensées, mes chaussures, mon corps, mes petits muscles, etc... l'harmonie et la balance n'étaient définitivement pas là", explique-t-elle. "Puis les jours sont passés, et petit à petit, l'aspect physique, mon corps, mon sac à dos... ont fini par apprendre à se connaître, à se comprendre, se respecter, s'aimer, et à avancer ensemble, en harmonie. Ma tête et mon cœur avaient quant à eux plus de mal à se comprendre et à apprendre à avancer ensemble. (…) Pendant ces trois semaines, j'ai vécu des moments incroyables, magiques et parfois aussi très durs. Par contre, à aucun instant je n'avais imaginé que de prendre la décision de dire ´stop', allait aussi être l'un d'entre eux."

La jeune femme s'était fixée pour objectif d'atteindre Perth : "était-ce réellement cette ville la destination finale, ou ce que j'allais trouver, vivre et partager tout au long du chemin ? Alors maintenant, je peux répondre que la destination finale importe peu, le nombre de kilomètres non plus, simplement car je suis heureuse de vous dire que je me sens bien."
Une chose est sûre, Charlotte n'est plus la même après cette aventure. Marquée par le nombre et la variété de plastiques qu'elle a ramassés. La jeune femme a décidé de modifier son comportement dans la vie de tous les jours : "Un exemple simple. J'ai les cheveux longs. Toute ma vie, j'ai utilisé des dizaines et des dizaines de bouteilles de shampoing. Après en avoir ramassé en quantité, j'ai fait un tour sur Internet et en deux secondes et trouvais une recette naturelle et pas cher pour créer mon propre shampoing."

Le meilleur souvenir : "l'océan et un groupe de pêcheurs"

"Après trois 3 jours sans batterie, et sans aucun contact avec ma famille qui commençait sérieusement à s'inquiéter, puis deux jours à suivre des traces de kangourous afin de tenter tant bien que mal à passer des falaises et rejoindre l'interminable plage qui devait me mener jusqu'à Augusta (mi-parcours), j'ai fini par sortir de la brousse et enfin apercevoir l'océan. Ces trois journées avaient été très chaudes. Au bout du second jour, je n'avais déjà plus d'eau, mais j'avais eu la chance de tomber sur une sorte d'étang. L'eau était plus que saumâtre, par contre au sol, des centaines d'empreintes de kangourous. Si ces animaux peuvent boire cette eau, je peux aussi la boire! Après l'avoir filtré à trois reprises avec mon t-shirt afin de la rendre un peu moins trouble, d'y avoir des tablettes javellisées, j'ai enfin pu boire. (…) Enfin après trois longues et dures journées, j'atteins finalement l'océan à la tombée de la nuit. Derrière les dunes, un groupe de pêcheurs campait sur place. A peine mon hamac installé, un premier est venu me proposer une bière fraîche et un maïs frais tout droit sorti du feu. Vous imaginez bien que certaines choses dans le bush ne peuvent se refuser! Le lendemain ils m'ont préparé des œufs et du bacon, et toujours avec la même gentillesse, ils m'ont dit au revoir, encouragé et m'ont encore proposé : tu es sure que tu ne veux pas qu'on t'amène au Augusta en quad ?".




Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 27 Mars 2017 à 12:09 | Lu 5705 fois