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Patrick Bruel s’engage en chanson contre les drogues


"Tahiti, c’est le bouquet final.”
"Tahiti, c’est le bouquet final.”
Tahiti, le 28 octobre 2025 - Trente-trois ans après son dernier concert à Papeete, Patrick Bruel revient sur la scène de To’ata ce vendredi 31 octobre pour clore une tournée entamée en février 2024. Entre souvenirs, émotions et messages forts, l’artiste se confie sur son lien avec la Polynésie et sur la chanson La chance de pas, un cri du cœur contre la drogue.
 
Comment se passent vos premières heures à Tahiti ?
 
“C’est merveilleux. Je pense que toutes les personnes qui posent le pied ici vous disent la même chose : c’est un émerveillement. C’est ma quatrième, peut-être cinquième fois à Tahiti et, à chaque fois, le même plaisir, le même honneur, la même émotion. Et surtout cet accueil… si particulier, si chaleureux. C’est quelque chose de très joli, de très profond. Je suis très sensible à ça, à chaque fois.
 
Que ce soit l’accueil solennel à l’aéroport ou les rencontres du quotidien, tout est empreint de gentillesse. C’est très agréable de se sentir attendu, aimé. Et c’est émouvant de terminer ici une tournée commencée en février. Le concert de vendredi, c’est le bouquet final.”
 
Trente-trois ans d’attente avant de vous revoir à Tahiti… Pourquoi si longtemps ?
 
“C’est une question d’opportunité et de calendrier, jamais de désintérêt. J’ai passé une partie de ma vie à Los Angeles, donc je suis paradoxalement plus proche qu’avant.
Mais c’est sûr : la prochaine fois, on ne mettra pas autant de temps.”
 
Vous évoquiez tout à l’heure (lors de la conférence de presse, NDLR) votre premier séjour à Moorea. C’est là qu’est née une chanson culte…
 
“Oui. J’ai passé trois mois à Moorea à la fin des années 80. C’est là que j’ai composé Qui a le droit… qui s’appelait à l’origine Just Think of Me, une chanson d’amour écrite sur le piano d’un lobby d’hôtel. De retour en France, j’ai proposé à mon ami Gérard Presgurvic d’en faire une chanson française, plus sociétale. Je lui ai dit : “Et si on l’appelait Qui a le droit… ?” Le lendemain, la chanson était née. La musique, elle, est née ici, à Moorea. C’est fort, non ?”
 
Comment imaginez-vous le public de Tahiti après tout ce temps ?
 
“Je m’attends à la même émotion qu’à Nouméa. Ce qui m’a frappé là-bas, c’est le mélange des générations. Ceux qui avaient 15 ans il y a 33 ans viennent aujourd’hui avec leurs enfants… voire leurs petits-enfants !
J’ai vu des femmes de 25, 30 ans, deux gamines de 15 ans qui connaissaient toutes les chansons par cœur. Et même une petite fille de 8 ans qui chantait Casser la voix. Je lui ai demandé : “On t’a obligée à venir ?” Elle m’a répondu : “Non, j’adore Casser la voix.”
C’était trop mignon. Ce renouvellement, c’est magnifique. C’est la plus belle récompense.”
 
Parmi les personnes qui étaient venues vous voir il y a 33 ans, il y avait John Menezes, votre première partie. L’avez-vous rencontré ?
 
“Pas encore, mais je suis très touché de connaître cette histoire. Et j’espère qu’on va se croiser, se voir, et peut-être faire quelque chose ensemble. Vous imaginez à quel point c’est touchant pour moi de savoir qu’on peut faire naître une vocation et qu’en plus, cette vocation se révèle fructueuse, positive, qu’il ait trouvé sa voie et qu’il recroise la mienne sur la même scène. C’est joli, quoi. Vraiment, ça me fait plaisir.”
 
Vous allez interpréter les chansons de votre nouvel album. Comment le décririez-vous ? 
“C’est un album sociétal, très émotionnel. Il parle du besoin d’échanger, de ne pas tout mettre sous le tapis – que ce soit dans l’amitié, l’amour ou la société. Il y a beaucoup de sujets qui me tiennent à cœur, dont celui des addictions. Je sais que c'est un vrai sujet ici. 
La chanson La chance de pas raconte justement ça : j’ai eu la chance de ne pas tomber dedans. J’ai fréquenté tous les milieux où j’aurais pu basculer car il n'y a pas de milieu spécial ou une catégorie socio-professionnelle spéciale non plus. Mais j’ai eu la chance, l’éducation ou peut-être l’instinct qui m’a fait dire non.”
 
L’addiction ne prévient pas. Ce n’est pas “j’essaie pour voir”. Non. L’addiction est immédiate. Et ce train-là, celui de la drogue, va à 300 à l’heure. Il est beau, il semble confortable, mais il va droit dans le mur. Alors il faut sauter – vite ! Cette chanson ne juge pas. Elle dit simplement : ne monte pas dans ce train. Et j’espère que ce message résonnera vendredi soir. No ice.”
 
Vous évoquez souvent la force émotionnelle des publics insulaires. Qu’avez-vous ressenti en Nouvelle-Calédonie et que retrouvez-vous ici ?
 
“Ce qui relie ces publics, c’est l’émotion. Dans les îles, tout est à fleur de peau. En Calédonie, j’ai senti une intensité incroyable, peut-être liée au contexte politique actuel. Les gens passent des larmes au rire en quinze secondes. Ici, c’est plus apaisé, mais tout aussi fort. Ce que j’aime, c’est cette sincérité immédiate. Il n’y a pas de distance entre le public et l’artiste.”
 
Vous terminerez donc la tournée ici. Qu’est-ce que cela représente ?
 
“Beaucoup d’émotion pour toute l’équipe. C’est la fin d’une aventure commencée à Paris, passée par New York et qui se clôt à Tahiti. On ne pouvait pas rêver plus belle conclusion. Tahiti, c’est le bouquet final.”
 
Et après ? Le programme, c’est un peu de repos ?
 
“Oui, on espère pouvoir traverser à Moorea, peut-être Bora Bora, voire Tetiaroa si le timing le permet. J’aimerais beaucoup revenir avec mes enfants. Je reviendrai, c’est sûr. Parce que rien qu’entendre le mot “Moorea”, c’est déjà un voyage. Pour vous, ici, c’est peut-être devenu normal. Pour nous, ça sonne comme le paradis.”

Patrick Bruel, artiste auteur-compositeur-interprète et acteur, terminera sa tournée On en parle ce vendredi 31 octobre à 19 h 30 sur la scène de To’ata. Selon la production, ce spectacle a déjà “fait vibrer plus de 600 000 spectateurs lors de près de 100 concerts”.
En première partie, John Menezes et ses musiciens proposeront un set de reprises pop/rock variées. Les billets sont encore disponibles sur www.ticketpacific.pf.

Rédigé par Darianna Myszka le Mardi 28 Octobre 2025 à 14:43 | Lu 3220 fois