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Partisans et adversaires de la chasse à la baleine affichent leur fermeté


Portoroz, Slovénie | AFP | lundi 24/10/2016 - Les pays partisans d'une protection accrue des baleines et ceux favorables à une chasse régulée ont fermement défendu leurs positions lundi à Portoroz (Slovénie) dès l'ouverture de la 66e réunion de la Commission baleinière internationale (CBI).

Le Japon, accusé de se livrer à de la chasse commerciale sous couvert de recherche, s'est montré offensif dès le début des travaux et a demandé un assouplissement du moratoire de 1986 qui proscrit la chasse commerciale.

La commission scientifique de la CBI "a confirmé que certaines populations de baleines avaient été reconstituées", a fait valoir Tokyo dans une déclaration écrite.

"Le moratoire sur la chasse commerciale devrait et pourrait être levé en fonction de l'état des populations des différentes espèces", estime le Japon.

De nombreux pays sont au contraire foncièrement opposés à un assouplissement du moratoire qui a permis d'épargner des centaines de milliers de baleines, dont les populations ont été décimées par la chasse intensive au XXe siècle.

Lundi, au nom de l'Union européenne, les Pays-Bas ont affirmé "soutenir fermement le maintien du moratoire et invite les pays qui continuent la chasse à cesser leurs activités".

Outre le Japon, la Norvège et l'Islande continuent également à chasser les baleines, s'appuyant sur une disposition juridique du moratoire qui a permis à des pays ayant émis "des réserves" au moment de son adoption de ne pas l'appliquer.

D'autres pays - Canada, Russie, Danemark - ont quant à eux des quotas autorisés au titre de la chasse de subsistance pratiquée par des populations locales.

Malgré une condamnation en 2014 par la Cour de justice internationale, le Japon a repris en 2015/2016 ses campagnes de chasse à la baleine, notamment dans l'Antarctique.

Quelque 300 spécimens ont été tués par des baleiniers japonais au cours de la campagne 2015-2016.

De nombreux pays contestent que les Japonais aient besoin de capturer autant de ces cétacés dans un but scientifique.

"Il est clair que les objectifs de recherche mis en avant par Tokyo pourraient être poursuivis en employant des moyens non létaux", a affirmé lundi la Nouvelle-Zélande.

- La CBI dans l'impasse ? -
La Commission baleinière, réunie à Portoroz jusqu'à vendredi, doit d'ailleurs examiner cette semaine une proposition de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande en vue de faire examiner par des experts de la Commission les programmes de chasse à des fins scientifiques.

La création d'un sanctuaire dans l'Atlantique sud est l'un des autres grands sujets qui sera âprement discuté.

Pour être entériné, ce projet de sanctuaire, déjà rejeté en 2014 et 2012, doit être approuvé par 75% des pays.

Plusieurs nations sud-américaines - Argentine, Brésil, Uruguay - ainsi que l'Afrique du Sud et le Gabon défendent la création de ce sanctuaire avec l'espoir de développer le tourisme d'observation des baleines. Le Japon y est opposé.

Commentant le fossé entre les partisans et les adversaires de chasse à la baleine, le chef de la délégation japonaise, Joji Morishita, s'est montré pessimiste quant aux chances d'arriver à des compromis au cours de la semaine.

"Un camp (...) défend une protection totale et en toutes circonstances des baleines" et d'autres pays "comme le Japon sont partisans d'une utilisation durable des ressources marines, dont les baleines", a-t-il déclaré à la presse.

"Ces positions sont tellement fondamentalement éloignées que cela créé des problèmes, un immobilisme et une impasse pour cette organisation", a-t-il estimé, craignant de voir les pays camper sur leurs positions "réunion après réunion".

La Commission baleinière internationale fête cette année ses 70 ans d'existence. Elle a au départ été créée pour gérer la chasse commerciale à la baleine, qui battait son plein au milieu du XXe siècle, avant d'endosser un rôle de protection de ces cétacés.

Les scientifiques et les partisans d'une plus grande protection des baleines soulignent que si la pression de la chasse a fortement diminué, ces animaux sont confrontés à une pollution grandissante, notamment sonore, et à un trafic maritime en expansion.

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Rédigé par () le Lundi 24 Octobre 2016 à 06:26 | Lu 269 fois