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Parcoursup: des étudiants issus de bacs pro et techno pour "coacher" leurs cadets


Paris, France | AFP | vendredi 16/02/2018 - Une nouvelle plateforme d'inscription dans l'enseignement supérieur, Parcoursup, et des élèves qui ne se sentent pas toujours "légitimes" à entamer des études: pour "rassurer" et "informer" les lycéens de bacs pro et techno, des étudiants issus de ces formations se mobilisent.

"C'est l'effet miroir. On vient des mêmes bacs qu'eux", explique Augustinho Moyo, 21 ans, en DUT (diplôme universitaire de technologie), venu avec un groupe de camarades présenter Parcoursup à des élèves du lycée polyvalent D'Alembert dans l'Est parisien (XIXe).
"On sait d'expérience ce qu'il y a dans la tête d'une partie de ces lycéens: +on n'est pas fait pour les études+, +on n'est pas légitimes+", ajoute le jeune homme, titulaire d'un bac professionnel services de proximité "après un parcours scolaire catastrophique jusqu'au lycée pro". Il est actuellement en 2e année de DUT carrières sociales à Sénart, en banlieue parisienne.
"Les profs m'ont longtemps dit +ne vise pas haut+ et même mes parents n'y croyaient pas", confie le jeune homme, qui dit avoir été "souvent sur le point de décrocher, avant de raccrocher une fois en lycée pro".
Avec une poignée d'étudiants de l'association "Un jour je serai étudiant(e)", il explique d'abord Parcoursup, la plateforme créée par le gouvernement pour effacer les ratés d'APB, le système précédent. Il rappelle les grandes dates à respecter pour inscrire ses "voeux", et donne aussi des conseils de bons sens ("Il n'y plus que dix vœux cette année, alors vaut mieux ne pas inscrire n'importe quoi").
Deux équipes sont organisées, munies chacune d'un "buzzer", pour répondre à des questions sur les bourses, les aides au logement, le Crous, etc.
Après ses interventions dans les lycées, l'association poursuit le dialogue avec les jeunes sur le réseau social Snapchat. Elle recueille également leurs suggestions, comme "d'intervenir dès la classe de Première".
 

- 'J'ai fouillé partout' -

 
Si Augustinho a découvert son DUT grâce à sa prof principale, Kenelm, qui l'accompagne, a tâtonné avant de trouver sa voie, raconte-t-il aux jeunes gens attentifs. "Un an de licence économie et gestion qui ne m'a pas plu, puis j'ai postulé à des BTS mais je n'ai pas été pris, et comme je ne voulais pas rester chez moi, j'ai effectué un service civique dans une école. Avant de trouver ce DUT".
"J'ai fouillé partout sur le site de l'Onisep", relate Lauryn. Quant à Amel, elle avait tapé sur internet "DUT travailler dans le social".
La plupart sont issus de bacs pro ou techno et veulent convaincre leurs cadets qu'ils peuvent eux aussi postuler dans l'enseignement supérieur, notamment les DUT ou BTS.
Car si le bac pro est, comme son nom l'indique, une formation professionnalisante et permet donc en théorie de trouver un travail une fois le diplôme en poche, une part grandissante de ces élèves souhaite aller plus loin. Ils sont désormais un gros tiers à vouloir poursuivre après le lycée (contre la quasi-totalité des bacheliers issus de la voie générale et trois quarts des bacheliers technologiques).
Aurélie Périot, la prof de physique de cette classe ST2S (sciences et technologies de la santé et du social, bac techno), a participé à des formations sur Parcoursup et lu les documents de l'Education nationale. Elle est "inquiète, mais comme avec APB". "Tous ne seront pas pris en BTS ou IUT, et la fac c'est très difficile pour eux, beaucoup n'y restent pas", dit-elle.
Elle regrette que les "attendus" - compétences et connaissances requises pour être admis dans la filière souhaitée - listés sur Parcoursup soient énoncés de manière à ce que la plupart paraissent inatteignables. 
"Je crains de l'auto-censure chez ces jeunes qui n'ont déjà pas une grande confiance en eux". Et pour savoir si Parcoursup est un mieux par rapport au système précédent, elle préfère "attendre de voir les réponses que (s)es élèves recevront à leurs vœux". A partir de fin mai.

le Vendredi 16 Février 2018 à 07:21 | Lu 206 fois