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Paraha pēue et crevettes fumés en fête


Un intérêt du public qui fait la fierté des élèves et de leurs partenaires (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Un intérêt du public qui fait la fierté des élèves et de leurs partenaires (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 2 octobre 2025 – Produire et valoriser les produits de la mer, c’est l’objectif du projet Formaqua qui mobilise les élèves du lycée agricole de Taravao en synergie avec les agents de la Coopérative des aquaculteurs de Polynésie française (CAPF) et de la Direction des ressources marines (DRM) à Vairao. Le paraha pēue et les crevettes fumés à froid font partie des premières créations pédagogiques à découvrir jusqu’à dimanche à la foire agricole. Une nouvelle production est prévue pour les fêtes de fin d’année en guise d’alternative locale au saumon fumé importé.

 
À la foire agricole, les dégustations et les ventes vont bon train sur le stand du lycée d’enseignement agricole protestant John Doom de Taravao. Entre les glaces et les pâtes de fruits, de nouvelles spécialités intriguent le public : des tranches de paraha pēue et de crevettes fumées. Le poisson lune (ou Platax orbicularis) est également proposé dans une version prête à cuire marinée au bonbon citron.
 
Ces produits transformés sont l’aboutissement du projet Formaqua lancé cette année dans le cadre d’un partenariat tripartite. “L’idée, c’est de proposer une structure qui allie la formation avec le lycée agricole, la production avec la Coopérative des aquaculteurs de Polynésie française et le développement avec la Direction des ressources marines”, explique Teariihaunui Cheung, en charge du projet à la CAPF. Cette collaboration s’articule autour de deux grands axes : “Une partie production à Vairao avec une structure flottante pour accueillir les élèves en travaux pratiques et leur permettre d’appliquer leurs apprentissages en conditions réelles ; et une partie valorisation des produits de la mer à la halle de transformation du lycée.”

​De la production à la transformation


Les 70 élèves des filières Aquaculture et Agrotransformation sont impliqués dans cette démarche qui leur permet de participer à différentes phases. “Ils suivent le projet de la production à la transformation, jusqu’à la vente. Ils sont fiers de présenter leurs produits”, confie Jean-Pierre Sartore, directeur de l’établissement. Après plusieurs mois d’élevage, la préparation a aussi permis de mettre certaines techniques à l’épreuve. “C’est un travail long et minutieux en plusieurs étapes qui prend deux grosses journées avec les élèves : le filetage et le retrait de la peau du poisson, le décorticage des crevettes, la salaison, le rinçage, le séchage en chambre froide et le fumage à froid pendant trois heures, puis le conditionnement sous-vide”, détaille Teariihaunui Cheung.
 
Ces deux produits fumés sont vendus à 1.500 francs les 100 grammes. Les premiers clients en redemandent déjà, comme Vaitiare venue spécialement à la foire agricole avec son sac-glacière : “C’est très intéressant au niveau du goût ! C’est fait localement, donc c’est ce qu’on recherche. Si en plus on peut soutenir des étudiants, on est preneur. On espère qu’on pourra en retrouver pour Noël pour changer du saumon”. Des avis précieux pour les élèves, dont Tumatahi Tahutini. “On a de bons retours ! Les gens sont contents de goûter de nouvelles choses. C’est motivant. Personnellement, j’aime la mer et travailler ses produits. Je ne suis pas fixé, mais pourquoi pas en faire mon métier plus tard”, glisse le jeune homme de 16 ans.


​Cap sur Noël et sur l’avenir


“Après les vacances de novembre, on va refaire une production pour répondre à la demande pour Noël. Le but du jeu, ce serait de remplacer le saumon fumé par du paraha pēue. C’est la même démarche pour le tartare d’algues rouges comme alternative aux algues vertes japonaises, dans le cadre d’un autre partenariat avec la DRM. On va dans le sens de l’autonomie alimentaire et de la consommation locale”, remarque Jean-Pierre Sartore. “C’est aussi une façon d’encourager des porteurs de projet à produire et à transformer, en commençant par nos élèves en sortant du lycée.” Dans cette optique, l’établissement ouvrira à la prochaine rentrée d’août d’une formation complémentaire d’initiative locale d’un an après le baccalauréat autour de la transformation et de la valorisation des produits de la mer.
 
Le projet Formaqua prévoit également le financement d’une ferme aquacole marine au sein du lycée, qui n’était jusqu’à présent équipé que pour les cultures en eau douce. L’installation des équipements devrait s’achever dans les prochaines semaines pour lancer les premières productions début 2026.

​Formaqua, c’est quoi ?

“Outil de formation et de développement pour l’aquaculture”, le projet Formaqua a reçu le soutien financier de l’État dans le cadre de l’appel à projets du Fonds d’intervention maritime (FIM). Il vise à “créer une synergie” entre formation, production et recherche et développement en venant “compléter” le cursus des élèves du lycée agricole de Taravao, en permettant à des porteurs de projet “d’éprouver” leurs ambitions en conditions réelles et en “testant” de nouvelles techniques et matériels.
 
Côté production, la Coopérative des aquaculteurs de Polynésie française (CAPF) coordonne les actions de formation et de développement “au plus près des réalités du secteur”. À ce titre, une mini-ferme a été créée pour accueillir les élèves en formation, ainsi que les porteurs de projet souhaitant valider leur business plan, avec pour objectif d’atteindre l’autofinancement grâce à la vente des productions. Sur le plan éducatif, le lycée John Doom assure l’enseignement et la formation des élèves, notamment grâce à l’acquisition en cours de structures d’élevage complémentaires dans ses locaux. En matière de développement, la cellule Innovation et Valorisation de la Direction des ressources marines (DRM) met des infrastructures à disposition sous la forme d’un plateau technique de démonstration.


Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Jeudi 2 Octobre 2025 à 16:03 | Lu 2163 fois