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Papouasie : les effets d’El Niño déclenchent des scènes de pillage


Photo d'illustration.
Photo d'illustration.
PORT-MORESBY, mercredi 27 janvier 2016 (Flash d’Océanie) – La sécheresse et les disettes provoquées depuis plusieurs mois dans le Pacifique par le phénomène climatique El Niño ont commencé à exacerber les tensions locales, notamment en Papouasie-Nouvelle-Guinée, rapporte en milieu de semaine le quotidien Post Courier.

Dans la région des Hauts-Plateaux de l’Ouest, les populations, habitant des villages dont les récoltes ont été quasi-totalement détruites par la sécheresse, ont préféré s’emparer de la nourriture stockée dans les locaux de la province, avant que les autorités aient commencé à distribuer les vivres.

Bilan de cette mise à sac : un butin de 2.700 sacs de riz de 20 kilogrammes, 1.600 cartons de conserves de poisson, 300 cartons d’huile de cuisine et 70 sacs de farine.

La police et l’armée, sur place, n’a pu empêcher cette mise à sac en règle : après avoir tiré quelques coups de semonce en l’air pour tenter de disperser la foule, soldats et policiers ont préféré renoncer à intervenir face à une meute estimée à une trentaine de personnes.
Une personne aurait été légèrement blessée.

Ces réserves avaient été livrées depuis la capitale et stockées dans les locaux du district de Tambul-Nebilyer, rapporte la presse locale.

Dans la capitale Port-Moresby, les services d’urgence et de gestion des catastrophes naturelles ne cachent pas, depuis quelques jours, leur inquiétude concernant les statistiques de ces derniers mois.

Selon eux, ces chiffres commencent à montrer une augmentation sensible du nombre de personnes mortes de causes liées à cette sécheresse.

Ce phénomène toucherait surtout les tranches jeunes de la population vivant dans les zones les plus reculées de l’île principale.

Ces nouvelles données ont pu être collectées grâce à des études (notamment aériennes) sur le terrain, réalisées par Mike Bourke, un expert australien en agronomie.

Selon lui, la conjonction d’une réduction importante de la qualité d’alimentation et de l’émergence de maladies liées à une mauvaise hygiène, du fait d’une pénurie d’eau, a un impact indéniable sur la santé des population touchées.

« Il y a des jeunes adultes qui meurent, des gens qui ont a vingtaine ou la trentaine, des gens qui dans des conditions normales ne mourraient pas (…) Sans parler du taux de mortalité chez les enfants en bas âge », alerte-t-il.

Principal obstacle à une action efficace sur le terrain : l’isolement de ces communautés qui, pour certaines, vivent dans des villages inaccessibles par des moyens de transport modernes.

L’appel de l’UNICEF

En début de semaine, le fonds mondial des Nations-Unies pour l’Enfance (UNICEF), lançait un appel à une solidarité à l’échelle régionale, évoquant la situation qui touche non seulement le Pacifique, mais aussi certaines régions de l’Asie du Sud-est (comme l’Indonésie ou les Philippines).
Rappelant la destruction des cultures vivrières, des animaux et la raréfaction des sources d’eau potable, l’organisme onusien estimait que pas moins de 62 millions de dollars US étaient nécessaires pour venir en aide efficacement aux enfants dans les zones touchées.

En Océanie, les pays les plus touchés depuis le début de cet épisode particulièrement sévère d’El Niño sont la Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais aussi plusieurs autres États de la région comme Fidji, Tonga, Samoa, Vanuatu et Palau.
Dans ces pays, les autorités ont depuis plusieurs semaines lancé des alertes à la population concernant cette sécheresse provoquée par El Niño.
« El Niño est en ce moment à son pic et nous nous attendons à ce que les impacts viennent après », estime Krishna Krishnamurthy, expert des risques climatiques au PAM (Programme alimentaire mondial de l’ONU).

le Jeudi 28 Janvier 2016 à 04:14 | Lu 698 fois