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Papouasie: la justice interdit aux étudiants de manifester


Un tribunal de Papouasie-Nouvelle-Guinée a interdit aux étudiants de protester sur leur campus après les heurts violents survenus dans la capitale, Port-Moresby, où la situation restait tendue jeudi.

La Cour nationale, saisie par l'université, a interdit mercredi soir aux membres du Conseil des étudiants d'organiser des manifestations ou le boycottage des cours.

"Des étudiants studieux ont été pris en otages par des gens motivés par des considérations politiques et cette situation a pris fin grâce à cette décision de justice", a commenté le ministre de l'Education Malakai Tabar.

Ce pays d'Océanie en proie à une criminalité endémique a été secoué par des violences mercredi lorsque la police a ouvert le feu sur des étudiants qui s'apprêtaient à manifester contre le Premier ministre.

Selon la police, 23 personnes ont été blessées, dont cinq sont dans un état critique. Amnesty International a fait état de 38 blessés.

D'après des témoins, les affrontements ont éclaté lorsque les étudiants ont voulu défiler de l'Université de Papouasie-Nouvelle-Guinée jusqu'au Parlement. La police a alors fait usage de gaz lacrymogène avant d'ouvrir le feu pour les en empêcher.

Depuis un mois, les étudiants boycottent les cours pour demander la démission du Premier ministre Peter O'Neill. Soupçonné de corruption, il refuse de se soumettre à un mandat d'arrêt émis contre lui.

Depuis deux ans, la police anti-corruption cherche à entendre M. O'Neill mais ce dernier a réussi à éviter toute audition en multipliant les recours judiciaires.

Les policiers cherchent à savoir s'il a autorisé le versement à un cabinet d'avocats de millions de dollars de financements publics illégaux.

En réaction au mandat d'arrêt lancé en 2014, le Premier ministre avait démis de leurs fonctions le directeur de la police nationale et le ministre de la Justice.

Il avait également démantelé l'organisme chargé de la lutte contre la corruption dans ce pays riche en ressources --or, cuivre ou gaz naturel-- mais où bon nombre d'habitants survivent tant bien que mal en menant des modes de vie traditionnels dans des zones reculées.

Ce pays de plus de sept millions d'habitants, qui occupe la moitié orientale de l'île de Nouvelle-Guinée, figure au 139 rang sur 168 pays dans le classement de Transparency International fondé sur la perception de la corruption.

Le chef du gouvernement dément toutes les accusations portées contre lui et impute les heurts aux "agitateurs politiques". 

La police a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les tirs, ajoutant que les forces de sécurité seraient déployées en nombre dans les rues jeudi pour assurer la loi et l'ordre.

avec AFP


Rédigé par RB le Jeudi 9 Juin 2016 à 05:32 | Lu 432 fois