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Paea : le maton à la retraite règle ses comptes au fusil et tire sur son voisin


Le retraité qui a pris son rôle de gardien de la servitude un peu trop à cœur, vendredi dernier à Paea, a été condamné et conduit à la maison d'arrêt cet après-midi.
Le retraité qui a pris son rôle de gardien de la servitude un peu trop à cœur, vendredi dernier à Paea, a été condamné et conduit à la maison d'arrêt cet après-midi.
PAPEETE, le 21 mars 2016 - Un ancien gardien de prison de Nuutania, aujourd'hui âgé de 71 ans, a écopé ce lundi en comparution immédiate de 6 mois de prison ferme avec maintien en détention. Il avait grièvement blessé son voisin à la jambe, vendredi, en lui tirant dessus avec son fusil 22 long rifle.


Les faits remontent à vendredi dernier et ont été jugés hier en comparution immédiate. Et ni l'âge ni le casier judiciaire quasi néant du prévenu ne lui ont évité un séjour à l'ombre de la maison d'arrêt de Nuutania, un établissement qu'il connaît bien pour avoir longtemps exercé dans l'administration pénitentiaire. Wilfried Van Bastolaer, un retraité de 71 ans, et ancien chasseur de cochon sauvage,a écopé de 2 ans de prison dont 18 mois avec sursis pour avoir tiré au fusil 22 long rifle sur l'un de ses voisins de la servitude Papehue 2 à Paea.

La victime, une cinquantaine d'années, a été gravement blessée à la cuisse gauche. Les raisons de la discorde ? Une sombre embrouille autour d'une histoire de voiture qui roulait trop vite dans la servitude aux yeux du tireur et dont il pensait, à tort, que les occupants étaient des amis de la victime. Et les 1, 3 gramme d'alcool que le retraité avait dans le sang, qui n'ont pas contribué à apaiser les esprits.

"Je vais te tuer sale chien"

Le malheureux se rendait tranquillement à la plage après sa sieste, à pied, quand il s'est fait prendre à partie par le vieil homme, sur les coups de 13 h 15. Refusant de se laisser insulter, le ton est monté et des noms d'oiseau ont été échangés jusqu'à ce que le septuagénaire fasse demi-tour pour aller chercher son fusil posé le long de sa clôture. Et quelques cartouches dans un bol.

"Il l'a pointé sur moi et m'a dit qu'il allait tirer sur moi", raconte la victime. "Je lui ai dit qu'il n'allait pas faire ça sinon il irait à Nuutania. Puis je me suis énervé et je lui ai dit qu'il n'avait qu'à tirer. Je n'avais pas peur, je pensais que c'était une carabine à plombs". La douleur lui apprendra qu'il avait tort : "J'ai cru qu'on m'avait arraché la jambe, je suis tombé à terre, je me suis mis en boule, j'attendais qu'il tire une deuxième fois". Deux voisines parviendront tant bien que mal à raisonner le vieil homme qui, selon elles, pointait à ce moment-là son arme en direction de la tête du malheureux, au sol : "Je le suppliais de ne pas le faire, il avait un regard de fou. Il lui disait : "Je vais te tuer sale chien", qu'il avait huit cartouches et qu'il allait toutes les tirer sur lui".

Il se considère comme le policier de la servitude, traque la moindre incivilité et ne supporte plus personne


Le tireur a fini par s'excuser ce lundi à l'audience, laissant même échapper quelques sanglots à la barre et indiquant ne pas avoir voulu faire feu malgré les témoignages, sans équivoque, de la victime et des deux voisines. Vivant seul à la maison "avec ses souvenirs" pour reprendre l'expression de son avocat, Me Gourdon, veuf depuis peu et abandonné par ses enfants, le retraité de la maison d'arrêt meuble son temps entre son chien, sa télé et ses bouteilles de vin.

Cet ancien chasseur de cochon sauvage passe aussi l'essentiel de son temps à faire la police dans la servitude, guettant la moindre incivilité au point d'exaspérer tout son voisinage. Acariâtre, le vieil homme ne supporte rien ni personne : "Il crie tout le temps en s'adressant aux gens" raconte une habitante. "Je rectifie les problèmes dans le quartier" a corrigé le prévenu grisonnant à la barre, dans son tricot Notre Dame de Fatima, assumant son rôle de justicier auto-proclamé. "Eh bien c'est ce que nous allons essayer de faire avec vous aujourd'hui", a ironisé le président du tribunal.

Le parquet avait requis 3 ans de prison ferme avec maintien en détention contre l'ancien brigadier-chef de la maison d'arrêt. Les juges l'ont finalement condamné à 24 mois de prison dont 18 mois avec sursis. La partie ferme de la peine, 6 mois, a été assortie du maintien en détention. A sa sortie, le papy au fusil aura interdiction de rencontrer sa victime, de fréquenter à nouveau la servitude et de détenir une arme. Une incapacité totale de travail (ITT) provisoire de 15 jours a été délivrée à la victime qui a péniblement quitté le tribunal, boitant toujours très sérieusement de sa jambe gauche.


La victime, satisfaite du jugement, a quitté le tribunal en boitant. La blessure pourrait laisser des séquelles.
La victime, satisfaite du jugement, a quitté le tribunal en boitant. La blessure pourrait laisser des séquelles.

Rédigé par Raphaël Pierre le Lundi 21 Mars 2016 à 17:00 | Lu 2473 fois