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Ouverture du séjour de cohésion du SNU à Tahiti : 55 jeunes prêts à s'engager


Ce mardi, 55 volontaires ont officiellement commencé leur séjour de cohésion du Service national universel.
Ce mardi, 55 volontaires ont officiellement commencé leur séjour de cohésion du Service national universel.
Tahiti, le 8 juillet 2025 - Ce mardi matin, l’école hôtelière de Tahiti à Punaauia a résonné au rythme des valeurs républicaines et de l’enthousiasme de la jeunesse. Devant leurs familles et en présence des autorités du Pays et de l’État, 55 adolescents – 30 garçons et 25 filles – ont officiellement entamé leur séjour de cohésion du Service national universel (SNU).
 
Ma fille a toujours rêvé d'aller dans l'armée, alors c'est une bonne opportunité pour elle de voir comment ça se passe dans un milieu encadré, strict”, raconte René, papa d’Anivai, l’une des 55 volontaires du Service national universel (SNU). 
 
Devant l’entrée de l’école hôtelière de Tahiti, ce mardi matin, ils sont des dizaines de parents à patienter. Les adolescents – 30 garçons et 25 filles – ne vont pas tarder à faire leur entrée en uniforme. Leur séjour de 13 jours, ici même à Punaauia, a déjà commencé ce lundi. L’occasion pour les jeunes de 15 à 17 ans de vivre en internat, pratiquer du sport, suivre une formation aux premiers secours (PSC), visiter le RSMA. Et surtout, de vivre ensemble, le tout avec une détox numérique : les jeunes n’ont qu’une heure de téléphone par jour. 
 
Une matinée officielle, mais chaleureuse
 
Derrière le portail, le programme se déroule sans encombre. Levée des couleurs. Hymne polynésien. Puis La Marseillaise. Les jeunes ont déjà appris quelques placements militaires. Dans l’auditorium, les discours s’enchaînent, entre fierté institutionnelle et émotions personnelles. Les parents, smartphones en main, filment leur progéniture fièrement.  
 
Selon la vice-présidente du Pays, Minarii Galenon-Taupua, “le SNU, projet qui porte haut les valeurs de notre jeunesse, est vraiment important pour le Pays”. Pour la représentante du haut-commissariat, Alexandra Chamoux, c’est même une affaire personnelle. “Je m’adresse aux jeunes et aux parents que je remercie pour leur confiance. Lors du SNU, c’est souvent pour la première fois que les jeunes sont éloignés de leurs parents.” Puis, elle évoque son propre fils : “Il y a quelques années, il s’était perdu. Il ne voulait plus aller à l’école. Je lui ai proposé le SNU. Ça l’a transformé.”
 


Des jeunes entre curiosité et trac
 
Dans les rangs, des jeunes aux profils différents. Keway, 17 ans, est plutôt discrète. Elle aimerait être hôtesse de l’air. “Je me suis inscrite pour découvrir plus de choses, rencontrer des gens, des valeurs. Ce n’était pas facile car je suis introvertie, mais je me suis déjà fait des amis.” Ohana, elle, est venue de Papeete : “Je voulais avoir une expérience dans ma vie. Peut-être que ça va m’aider à savoir où je veux aller.”
 
Côté parents, on oscille entre fierté et appréhension. Miri, maman d’un ado accro au surf, espère un déclic : “J’ai envoyé mon fils pour lui ouvrir l’esprit. Pour lui, il n’y a que le surf qui existe. Je veux qu’il voie un peu le côté discipline, apprendre à faire sa part à la maison.” Julie et Ali ont accompagné leur fils volontaire. “J’appréhendais de le laisser partir seul. Mais pour lui, c’est une bonne manière de faire du sport, d’apprendre de nouvelles choses... Et puis, c’est un bon moyen de passer les vacances.”
 
Le séjour est aussi une porte d’entrée vers d’autres engagements. Service civique, association, armée, métiers en uniforme… Certains y pensent déjà. Fiona, mère de Manoa, 16 ans, y croit fort : “Elle veut faire de la médecine après. Elle a entendu que le SNU pouvait lui ouvrir des portes.”
 
Depuis 2022, plus de 250 jeunes Polynésiens ont déjà participé au programme. Pour 2025, une seule session a pu être organisée, mais la demande reste forte : plus de 90 candidatures pour 55 places. “C’est la première année où aucun volontaire ne s’est désisté”, se félicite Laura Rarahu, l’une des chargées du SNU au sein du vice-rectorat. 
 
En fin de matinée, les jeunes montent sur scène. Ils entonnent un chant de cohésion. Les yeux brillent dans la salle. Certains parents retiennent leurs larmes. “Je suis fière. J’étais très émue de la voir habillée comme ça et de tenir sur scène”, confie la maman de Tahia, encore bouleversée.
 
Pour ces 55 adolescents, l’aventure ne fait que commencer.

Le SNU, c’est quoi ?
 
Le Service national universel (SNU) est un programme initié par l’État, en 2019, pour les jeunes de 15 à 17 ans. Il vise à renforcer la cohésion nationale, transmettre les valeurs de la République, favoriser l’engagement citoyen et accompagner l’insertion sociale et professionnelle.
 
Il se déroule en trois étapes : le séjour de cohésion (12 jours) : vie en collectivité, sport, citoyenneté, santé, résilience, environnement, mémoire et culture ; la mission d’intérêt général (84 heures) : dans des associations, collectivités ou services publics ; l’engagement volontaire (optionnel) : comme le service civique ou les réserves.
 
En Polynésie, 55 jeunes participent cette année à la 5e édition. Ils sont logés, encadrés, formés et accompagnés dans leur cheminement personnel. 
 
Initialement, la promesse était de généraliser le SNU dès la rentrée 2026. Aujourd’hui, cette ambition est considérée comme irréaliste à court terme faute de moyens financiers.

Rédigé par Darianna Myszka le Mardi 8 Juillet 2025 à 15:39 | Lu 2378 fois