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Nuihau Laurey et Sylviane Terooatea officialisent leurs candidatures pour les sénatoriales


Nuihau Laurey et Sylviane Terooatea officialisent leurs candidatures pour les sénatoriales
Tahiti, le 23 août 2020 - Sylviane Terooatea et Nuihau Laurey ont annoncé officiellement vendredi leurs candidatures aux sénatoriales. L'occasion pour le sénateur, ex-Tapura, d'accuser le président Edouard Fritch de pratiques électoralistes "au lieu de s'occuper du Pays (…) qui part un peu à la dérive (…) avec une situation économique et sociale qui est troublée".

Nuihau Laurey et Sylviane Terooatea ont convié la presse vendredi au fare pote'e de l'assemblée pour annoncer officiellement leurs candidatures aux sénatoriales prévues le 27 septembre prochain. L'occasion pour eux "d'expliquer leur démarche". "C'est un choix qui a été longuement mûri (…). C'est surtout une décision politique", a affirmé l'actuel sénateur.

"Notre Pays part un peu à la dérive"

"Il n'y a pas de vent favorable pour celui qui n'a pas de cap." Le candidat aux sénatoriales Nuihau Laurey a commencé par paraphraser le philosophe Sénèque pour tacler la gouvernance actuelle du président du Pays, Edouard Fritch, face à la crise économique "majeure" et à la crise sanitaire "qui s'amplifie chaque jour" au fenua. L'actuel sénateur a attaqué le comportement d'un président qui "au lieu d'assumer les décisions prises, fustige une partie de la population et n'assume pas ses propres responsabilités". Nuihau Laurey explique avoir proposé, jeudi en séance plénière à l'assemblée, la prise en charge par l'Etat, le Pays et les communes, des "dépenses exceptionnelles" faites par les communes lors du confinement. "On n'a pas eu de réponse du président, on a eu au contraire des insulte parfois personnelles (…). Cette situation de crise crispe complètement le président et le gouvernement."
 
"Le gouvernement est en campagne (…) au lieu de s'occuper du Pays"
 
Nuihau Laurey s'en est aussi pris aux déplacements du président Edouard Fritch et du gouvernement dans les communes ces dernières semaines pour "vendre leurs projets jour après jour. Faire miroiter aux uns et aux autres des milliards d'investissements, au lieu de gérer la situation du Pays et de prendre enfin des décisions." Il affirme avoir rencontré plusieurs tavana et élus du Tapura, et que ceux-ci pensent que la politique menée par le président du parti rouge et blanc relève d'une "vision unique" et "insuffisante". Le sénateur assure qu'ils sont nombreux au sein du parti rouge et blanc à avoir exprimé "leur déception" quant à la gouvernance d'Edouard Fritch.

Concernant son bilan au Sénat, Nuihau Laurey s'est voulu "très court" renvoyant au site Internet du Sénat où "tout est visible". En réponse à la sénatrice Lana Tetuanui qui "a mis en doute" son bilan lors de la séance de jeudi à l'assemblée, Nuihau Laurey a renvoyé l'élue à la loi Tetuanui, relative à l'élection des maires délégués dans les communes associées. "Cette loi n'est pas appliquée dans beaucoup de communes associées en Polynésie et n'est pas appliquée surtout dans la commune de madame Tetuanui, à Tumara'a. Le maire de la commune, président du SPC, a déposé un recours sur la constitutionnalité de cette loi. Excusez du peu, en matière de bilan je pense qu'on peut faire mieux". Même son de cloche sur le fameux "amendement Tetuanui" pour lequel le sénateur renvoie vers les prises de position des associations anti-nucléaire...
 

Nuihau Laurey : "Voir un président faire campagne pendant une période aussi difficile, c'est indigne"

Vous allez faire la tournée des communes pour votre campagne ?

"Oui on a sollicité tous les maires on a demandé à être reçu par le conseil municipal pour expliquer notre programme. Les Marquises c'est plus difficile à cause des vols. Nous serons en visio-conférence avec les élus des communes aux Marquises. On a rencontré beaucoup de maire des Australes qui étaient en déplacement à Tahiti. Et on essaie de voir autant que possible tous ces grands électeurs".

Vous pensez qu'ils vont entendre vos arguments face notamment à ceux de la majorité ?

"Il y a un renouvellement et un rajeunissement des conseillers municipaux, et donc un changement des pratiques. Et quand j'entends certains maires adjoints ou conseillers municipaux dire qu'ils avaient rencontré le gouvernement qui a dû ressortir des cartons des projets qu'ils n'avaient plus revus depuis dix ans, je pense que le élus sont devenus beaucoup plus adultes et savent faire la part des choses. Ce qui est dommage, c'est que le président se mêle autant de campagne politique au lieu de prendre des décisions. C'est quand même une situation économique et sociale qui est troublée. On va approcher les 10 000 suppressions d'emplois. Ce sont des secteurs entiers qui sont ravagés, le secteur touristique dans les îles avec des pertes d'emploi et de pouvoir d'achat... Le fait, pour moi qui ai cru en ce mouvement, de voir le président se promener et vendre des promesses aux élus des communes pour obtenir leur adhésion pour une élection sénatoriale... Ce n'est pas son rôle. Que Lana Tetuanui et Teva Rohfritsch fassent campagne et présentent leurs projets c'est tout à fait normal. Mais que le président aille avec une partie de son gouvernement faire campagne comme pour les municipales c'est inacceptable. Toujours sur les pratiques, j'ai vu le président et son gouvernement allez soutenir tel ou tel candidat. Et puis finalement, lorsque la population décide pour celui qui n'est pas son candidat, on voit le même président aller solliciter celui qui a été élu et le faire changer de parti politique. Mais c'est quoi ces pratiques ? Et c'est le même président qui vient à l'assemblée nous donner des leçons ? Oui, il faut changer de pratiques et on n'est pas dans cette lancée aujourd'hui. C'est vrai que de voir un président faire campagne pendant une période aussi difficile, c'est indigne d'un président."
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Dimanche 23 Août 2020 à 09:08 | Lu 2658 fois