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Non à l’extension du délai de carence


Tahiti, le 6 septembre 2025 - Pas d’avancée dans le secteur du commerce qui connaît actuellement un mouvement de grève. Les patrons avaient préparé un projet de protocole d’accord, mais les négociations ont duré peu de temps, vendredi, avant que l’intersyndicale ne quitte la table. Les patrons ont proposé d’étendre la suppression du délai de carence aux 11 000 autres entreprises du Fenua. “Il faut arrêter, on n'est pas non plus bêtes”, répondent les syndicats. 
 
À peine entrés en négociations, vendredi, que déjà l'intersyndicale et les syndicats des patrons – la Fédération générale des commerces (FGC) et la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) – sont sortis de la salle sans que le projet de protocole d’accord, proposé et envoyé aux syndicats dans la semaine par les patrons, ne soit signé.
 
Dans le préambule de ce projet de protocole, les patrons rappellent qu’ils ont été “mandatés” par les entreprises où un préavis de grève a été déposé. Les salariés dénoncent notamment la signature d'un avenant à la convention sectorielle dans le commerce qui met fin à la prise en charge par l'employeur des jours de carence en les limitant aux deux premiers arrêts maladie.
 
Les patrons ont proposé, dès le premier article du projet de protocole, que ce dernier est “conclu” à condition que la suppression de délai de carence soit étendue et que le projet de classification qu’ils ont proposé en février de cette année soit adopté et également étendu.

“Il faut arrêter les conneries, on n'est pas non plus bête”

Le secrétaire général de O oe to oe rima, Atonia Teriinohorai, rappelle que dans certaines sociétés comme Sopal et Auchan, le délai de carence est encore de mise. “Et on nous dit d’étendre la suppression du délai de carence aux 11 000 petites entreprises, ça va pas non, alors qu’ils n’en représentent que 2 000. On est syndicaliste ou on ne l'est pas. Moi, je suis ici pour me battre pour les salariés.”
 
Même son de cloche pour la secrétaire générale de Otahi, Lucie Tiffenat, qui regrette que les patrons veuillent obliger l’intersyndicale à signer ce projet de protocole d’accord. “Quand tu regardes le document qu'ils ont préparé, il n'y a aucun engagement à part aller en tripartite mais ce ne sont pas des réponses ça. Il y a juste sur la prime d'ancienneté où on est tombé d'accord, c'est tout. Ça, c'est une avancée ; le reste, on n’a rien.”
 
La syndicaliste rappelle que beaucoup de sociétés ne sont pas adhérentes aux syndicats des patrons, “donc la suppression du délai de carence ne leur est pas applicable, tout comme la grille de salaires. Alors pourquoi nous obliger à signer cette extension ? Il faut arrêter les conneries, on n'est pas non plus bêtes.” 
 
De son côté, Atonia Teriinohorai rappelle que les organisations syndicales n'ont pas signé la suppression de ce délai de carence, “c’est une seule personne qui a signé et maintenant c'est son problème avec l'employeur”. En effet, l’accord avait été signé entre la Fédération générale du commerce (FGC), la CPME et une seule déléguée syndicale de Otahi, sans l'aval du syndicat.

Les patrons “ont joué avec nous”

La patronne de Otahi, Lucie Tiffenat, se dit “un peu déçue” par la tournure qu’ont prise les négociations et admet que l’intersyndicale “n’a pas su mobiliser beaucoup de monde”. Pour elle, la FGC et la CPME “ont joué avec nous. Mais il y a encore des jours devant nous et le combat est toujours là”, précise-t-elle. Comme aucun protocole d’accord n’a été signé, il n’y a donc aucun engagement pris. “On peut donc continuer à négocier ces points-là et engager des discussions sur ces thématiques.”
 
Lucie Tiffenat confie que la difficulté à laquelle est confrontée l’intersyndicale réside notamment dans le fait que les chefs d’entreprise “n'ont pas été habilités à négocier directement avec les syndicats et se sont réfugiés derrière le fait qu'ils ont confié leur mandat à ceux qui nous ont reçus aujourd'hui (FGC et CPME, NDLR)”.

Elle ajoute même que son délégué syndical est « devenu chef » au sein même de l’entreprise du coprésident de la Fédération générale du commerce, Thierry Trouillet « donc forcément je ne vais pas demander à un salarié qui a été promu chef de venir faire la grève alors qu’il a bénéficié d’une augmentation. Et puis c’est bien pour lui, je le félicite mais engager maintenant une action chez lui bien évidemment c’est perdu d’avance ». Elle avance qu’elle va peut-être nommer un autre délégué « comme ça il va être chef aussi et comme ça tous les salariés vont tous être chef ».  

Et d’ajouter que pour les responsables syndicaux, il leur est difficile “de laisser les grévistes sur le piquet en ne sachant pas quand il y aura une hypothétique signature d'un protocole”. Les syndicalistes préfèrent donc que les grévistes reprennent le travail pour que “l’entreprise maintienne à flot la trésorerie. Ils croient tous qu'on est là pour saboter les entreprises, ce qui est totalement faux. On veut juste une récompense pour le travail fourni par les salariés. Puisqu'on a perdu le délai de carence, forcément on aimerait avoir une compensation, c'est tout.”  

Quant au patron de O oe to oe rima, Atonia Teriinohorai, il assure que les syndicats de salariés vont “changer de tactique”. “Maintenant, il s’agit du délai de carence et demain, ce sera peut-être vos heures de travail et vos avantages. On dit ça suffit !”

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Dimanche 7 Septembre 2025 à 19:32 | Lu 2333 fois