Tahiti Infos

Moins d'essais de médicaments en France: l'industrie s'alarme


Moins d'essais de médicaments en France: l'industrie s'alarme
PARIS, 19 mai 2011 (AFP) - Dans un contexte de méfiance vis-à-vis du médicament, l'industrie pharmaceutique s'alarme de la diminution du nombre d'essais cliniques réalisés en France par rapport à d'autres pays, soulignant le bénéfice pour les malades d'un accès précoce à des molécules innovantes.

La France "parvient tout juste à maintenir sa position" en termes de patients recrutés dans les études, montre la 5e édition de l'enquête des Entreprises du Médicament (Leem) sur la place de la France dans la recherche clinique internationale.

Mais cette enquête menée tous les deux ans montre aussi une diminution des études proposées à la France (40% en 2010 contre 44% en 2008 et 70% en 2006) et de celles qui y ont été effectivement réalisées (28% en 2010 contre 33% en 2008 et 49% en 2006).

"Nous ne sommes plus seuls. Nous sommes en compétition avec de nombreux pays dans le monde", a souligné Patrice Zagamé, président de la commission des affaires scientifiques du Leem. La compétition profite en particulier aux pays de l'Est et à l'Allemagne, en Europe, mais aussi à l'Asie et à l'Amérique latine.

Parmi les explications possibles, on retrouve des facteurs de coût, de qualité et de rapidité, mais aussi des facteurs propres aux patients : il est plus facile de trouver des patients "naïfs", c'est-à-dire n'ayant jamais reçu de traitement pour une pathologie, en Asie qu'en France.

Point positif pour la France, elle se voit proposer une proportion importante d'essais de phase 1 et 2 (phases précoces), preuve de sa "technicité", estime le Dr Soizic Courcier (Leem).

Elle se distingue particulièrement dans trois domaines thérapeutiques : l'oncologie-hématologie (cancers), qui représente 30% des études, les maladies cardiovasculaires et du métabolisme, et la neurologie et la maladie d'Alzheimer.

Outre l'enjeu stratégique et économique, "on a tendance à oublier que la recherche clinique permet à des patients d'accéder à des molécules innovantes", parfois trois ou quatre ans avant leur arrivée sur le marché, a rappelé le Dr Zagamé. Une précocité qui peut se révéler "fondamentale dans des pathologies où il n'y a pas d'alternative thérapeutique".

"18% des patients VIH sont inclus dans des essais cliniques ou des cohortes de recherche", a pour sa part indiqué Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS).

Il a plaidé pour la mise en place de "carrières ou de temps de carrières" dédiées spécifiquement à la recherche thérapeutique. Un point de vue partagé par Bruno Vellas (CHU de Toulouse) qui a invoqué un "devoir de recherche", mais aussi "un droit à l'accès aux essais thérapeutiques".

"On apprend quand on fait", a affirmé ce spécialiste de la maladie d'Alzheimer, estimant "très important de participer aux essais même si les résultats sont négatifs".

Selon lui, la recherche clinique "entraîne des avancées considérables pour la connaissance des maladies".

Le Leem souhaite notamment la poursuite du raccourcissement des délais de signature des contrats d'études cliniques avec les centres hospitaliers.

A quelques semaines de l'issue des Assises du médicament lancées par le ministre de la Santé Xavier Bertrand dans la foulée de l'affaire Mediator, le Dr Zagamé a également exprimé le souhait des laboratoires d'"éviter la mise en place de contraintes administratives qui pourraient être nuisibles au développement d'essais thérapeutiques".

920 essais thérapeutiques ont été réalisés en France en 2010, selon l'agence du médicament, les trois quarts par l'industrie et le quart restant par la recherche institutionnelle.

vm/jca/ct

Rédigé par Par Véronique MARTINACHE le Jeudi 19 Mai 2011 à 05:52 | Lu 331 fois