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Mobilité inclusive : la Polynésie pose les bases d’un réseau plus accessible


Nathalie Salmon-Hudry insiste: ce projet n'est pas "un effet d'annonce" mais "un premier pas vers l'inclusivité".
Nathalie Salmon-Hudry insiste: ce projet n'est pas "un effet d'annonce" mais "un premier pas vers l'inclusivité".
Tahiti, le 25 novembre 2025 - Après un premier diagnostic dévoilé mardi à Papeete, le Pays reconnaît l’ampleur des obstacles qui freinent encore la mobilité des personnes en situation de handicap. Pour y répondre, il présente un plan d’actions destiné à améliorer l’accessibilité des transports, du matériel roulant aux arrêts de bus en passant par l’information au public.
 
Le diagnostic ne surprendra personne : les personnes à mobilité réduite (PMR) ou en situation de handicap rencontrent encore de nombreuses difficultés pour se déplacer. L’absence de quais rehaussés, les trottoirs étroits, les obstacles fréquents, le manque de signalisation adaptée ou de bus accessibles compliquent lourdement leurs trajets.
 
Pourtant, comme l’a rappelé Nathalie Salmon-Hudry, déléguée interministérielle au handicap et à l’inclusion, lors de la conférence de presse de ce mardi, “le transport est un premier pas vers l’inclusivité”. Aujourd’hui, aucun des 320 arrêts de bus recensés n’est totalement aux normes, et moins de 10 % sont accessibles avec assistance. En outre, seuls 25 bus, soit 10 % du parc, sont accessibles aux PMR. La directrice des transports terrestres, Sandra Forlini, évoque même “une chaîne de déplacement très largement défaillante”.
 
La Polynésie peut clairement progresser. Elle commence par ce premier diagnostic réalisé sur le territoire, suivi d’un plan d’actions destiné à rendre les déplacements plus accessibles.
 
Nouveaux bus et arrêts adaptés
 
Le Pays y détaille neuf orientations et douze actions à mettre en œuvre en cinq ans, grâce à une enveloppe de 478 millions de francs pour les premières étapes, ainsi qu’à la création d’un poste dédié.
 
Parmi les mesures majeures figure la mise en place d’un service de transport à la demande pour PMR sur l’ensemble de l’île de Tahiti. “Le plus difficile dans la mobilité, c’est le dernier kilomètre. Avec ce nouveau service, on ira chercher les personnes en situation de handicap directement dans leur quartier pour les amener vers un arrêt accessible. Une phase pilote avec six véhicules, répartis en trois zones, permettra enfin de répondre à ce manque de desserte”, explique Jordy Chan, ministre des Grands travaux et de l’Équipement.
 
Le plan prévoit aussi l’aménagement de sept arrêts dans les sept communes où circulent déjà des véhicules accessibles aux PMR. Ces aménagements comprendront du mobilier, de l’information, des équipements spécifiques, une aire de dépôt pour minibus et des cheminements adaptés.
 
En parallèle, une dizaine d’arrêts et d’itinéraires prioritaires seront aménagés dans l’agglomération de Papeete : huit arrêts dans le centre-ville, ainsi que cinq autres près de la Caisse de prévoyance sociale, du Centre hospitalier de Taaone, du centre commercial de Faa’a, de l’aéroport et du centre Huma Mero à Arue. Une mise en accessibilité d’arrêts et d’itinéraires prioritaires est également prévue à Taravao.
 
Côté matériel roulant, une commande de huit nouveaux bus accessibles aux PMR est en cours, pour un déploiement dès 2026. L’objectif est d’atteindre 53 bus adaptés d’ici 2028.
 
Formations, réglementation et sensibilisation
 
Un autre volet du plan concerne la production et la diffusion d’une charte de référence pour rendre accessible le réseau de transport en commun de Tahiti. Le Pays prévoit aussi de créer un poste “mobilité PMR”, chargé du pilotage du plan. Les maîtres d’ouvrage seront formés et les architectes sensibilisés aux questions d’accessibilité. Le plan vise également à établir une réglementation cohérente et réaliste, assortie d’un suivi renforcé et de sanctions.
 
Une campagne grand public sensibilisera aux handicaps, notamment invisibles, et une formation sera mise en place pour les chauffeurs. Le projet inclut enfin une amélioration de l’information : aux arrêts, à bord des bus, en ligne, ainsi que le développement d’annonces sonores pour les personnes malvoyantes.
 
Si beaucoup reste à faire, Nathalie Salmon-Hudry rappelle que ce plan “n’est pas un effet d’annonce”, mais “un investissement sur le capital humain”. Il reste difficile de recenser aujourd'hui précisément les personnes concernées par les problématiques d’accessibilité. Mais comme le souligne Jordy Chan, chacun peut un jour se retrouver en situation de handicap temporaire, “à l’occasion d’une cheville cassée”, sans oublier les personnes âgées ou les mamans avec leurs poussettes, qui bénéficieront elles aussi de ces aménagements.

Rédigé par Darianna Myszka le Mardi 25 Novembre 2025 à 13:20 | Lu 927 fois