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Mobilisation générale en France pour la deuxième semaine de confinement


Paris, France | AFP | mardi 24/03/2020 - Avec Manu Dibango, le coronavirus fauche une première star internationale et mobilise toujours plus les scientifiques et les autorités alors que la France entre dans sa deuxième semaine de confinement. 

Ce confinement, appelé à durer "encore quelques semaines" selon le Premier ministre, va-t-il être renforcé? Le Conseil scientifique s'est réuni mardi matin et doit se prononcer sur de nouvelles mesures, dans une France officiellement en état d'urgence sanitaire.
Le Covid-19 a tué 186 nouveaux malades lundi, portant le nombre de victimes à 860 en France depuis le début de l'épidémie, et 2.082 patients étaient lundi soir en réanimation.
Vingt résidents d'un Ehpad de Cornimont (Vosges) sont morts "en lien possible avec le Covid-19", selon les autorités régionales, et sept autres dans un Ehpad de Haute-Savoie.
Parmi les décès de plus en plus nombreux liés au Covid-19, celui du saxophoniste et star de l'afro-jazz Manu Dibango, mort en région parisienne.
"Beaucoup de nos concitoyens aimeraient retrouver le temps d'avant, (...) mais il n'est pas pour demain", a prévenu lundi soir Edouard Philippe.
Et d'annoncer un durcissement des mesures de confinement: "Sortir pour promener ses enfants ou faire du sport, c'est dans un rayon de 1 km de chez soi, maximum pour une heure, tout seul et une fois par jour", a notamment précisé le chef du gouvernement.
 

- #Restezchezvous -

 
Des dizaines de milliers d'infractions ont été constatées et les sanctions ont été durcies pour ceux ne respectant pas ces consignes. Les 135 euros d'amende forfaitaire doivent passer à 1.500 euros en cas de récidive "dans les 15 jours", et "quatre violations dans les trente jours" pourront valoir jusqu'à "3.700 euros d'amende et six mois de prison".
Au total, les maires de plus d'une trentaine de villes ont par ailleurs mis en place un couvre-feu, comme Nice, Valence, La Roche-sur-Yon, Mulhouse, Compiègne, Perpignan, Charleville-Mézières
Le président de la République s'oppose toutefois à un confinement total, comme le souhaiteraient certains.
"Je pense comme de nombreux collègues que ça ne suffit pas", a lancé la cheffe du service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, Karine Lacombe, mardi sur France Inter. "Il faut qu'on passe à une échelle supérieure de confinement. Tant qu'on n'aura pas de mesures coercitives, on aura du mal à faire intégrer à la population que le confinement est essentiel".
Des dizaines de youtubeurs ont appelé leurs fans à respecter le confinement, dans une vidéo baptisée #RestezChezVous.
 

- Aider les médecins -

"Fantassins" de première ligne dans la guerre contre l'épidémie, cinq médecins sont décédés des suites d'une contamination au coronavirus, avec l'annonce lundi de la disparition de quatre praticiens dans l'est après la mort d'un urgentiste de l'Oise.
De nombreuses initiatives ont fleuri pour aider les médecins à faire face, comme les dons de masques de particuliers ou d'entreprises.
Pas sûr pourtant que cela suffise aux yeux du syndicat de généralistes MG France: la distribution des masques par les pharmacies est contingentée à 18 par semaine pour les médecins et infirmiers.
Il y a "quelques centaines" de soignants en Ile-de-France qui sont positifs" au Covid-19, a affirmé le professeur Philippe Juvin, chef du service des urgences à l'hôpital Georges-Pompidou de Paris.
Quand arrivera le pic de l'épidémie qui risque de saturer le système de santé? Les autorités indiquaient ce week-end ne pouvoir se prononcer quand l'infectiologue et ancien chef de service à la Pitié-Salpêtrière François Bricaire l'envisage d'ici "une huitaine de jours".
 

- Chloroquine encadrée -

Du côté des traitements, un essai clinique européen a démarré dimanche dans au moins sept pays pour quatre traitements expérimentaux.
Emmanuel Macron doit installer mardi après-midi un nouveau Comité d'analyse, recherche et expertise (Care), qui réunit 12 chercheurs et médecins, pour conseiller le gouvernement sur les traitements et les tests contre le coronavirus.
Concernant la chloroquine, l'un de ces traitements testés qui fait polémique, elle pourra être administrée aux malades souffrant de "formes graves" du coronavirus, mais ne doit pas être utilisée pour des formes "moins sévères", a statué lundi le Haut conseil de santé publique, selon le ministre de la Santé.
Le comité scientifique "exclut toute prescription" pour "des formes non sévères" de la maladie, en l'absence de toute donnée probante.
Un arrêté encadrant le recours à ce traitement, miracle pour certains tandis que d'autres appellent à la prudence, sera pris "dans les prochaines heures", a-t-il précisé.

- L'économie en suspens -

Sur le plan économique, des géants du CAC 40 comme Total ou Vinci ont prévenu qu'ils ne seraient pas en mesure de respecter leurs objectifs pour 2020.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a indiqué mardi sur franceinfo que le recours au chômage partiel en France concernait déjà 730.000 salariés "après seulement quelques jours" de mise en place d'un dispositif élargi, pour un coût de 2,2 milliards d'euros.
Le gouvernement a établi une "liste" d'entreprises industrielles qui auront certainement besoin d'un soutien financier majeur de l'Etat, par exemple via une nationalisation, une solution validée par le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. 
"Il faut accepter qu'il y ait moins de profitabilité ou moins de rentabilité", a lancé mardi la ministre du Travail Muriel Pénicaud, soulignant que dans "beaucoup de métiers, on va travailler en mode dégradé ou ralenti".
Le ministre de l'Agriculture a appelé de son côté ceux qui "n'ont plus d'activité" en raison de la crise du coronavirus, "à rejoindre la grande armée de l'agriculture française", en quête de main-d'oeuvre.

le Mardi 24 Mars 2020 à 06:15 | Lu 363 fois