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Mémoires d'un volontaire du Bataillon des Guitaristes


Le tamarii volontaire Jean-Roy Bambridge, ici avec son accordéon dans le fameux Bataillon des Guitaristes.
Le tamarii volontaire Jean-Roy Bambridge, ici avec son accordéon dans le fameux Bataillon des Guitaristes.
PAPEETE, 27 février 2019 - Après son livre Tamari'i Volontaires, les Tahitiens dans la seconde guerre mondiale paru en 2014, Jean-Christophe Shigetomi publie dans les colonnes du drenier bulletin de la société des études océaniennes (BSEO), une version annotée du Journal de Marche du caporal-chef Bambridge Jean-Roy

Ce Livre de marche est à ce jour le seul journal de guerre, connu et écrit par un Tamari'i Volontaire. Lors de ses toutes premières recherches sur les Tamari’i Volontaires, l’auteur avait été surpris de constater qu’aucun d’entre eux n’avait écrit sur son épopée. John Martin, soldat du bataillon du Pacifique, par ailleurs membre renommé de l’Académie tahitienne avait envisagé après-guerre de le faire. Il s’était résigné, dans un texte d’une quinzaine de pages, à n’aborder que l’épisode de son débarquement en Provence. "En revanche, il m’avait indiqué que son frère d’armes, Jean-Roy Bambridge, avait tenu un journal de guerre", explique Jean-Christophe Shigetomi. "François Broche, fils du colonel Broche me le confirma. Lors de sa venue à Tahiti pour écrire son livre culte sur le bataillon des guitaristes : Jean-Roy Bambridge lui avait lu des pages de son journal".

C’est le hasard qui fit que, lors d’une rencontre fortuite avec Mary-Ann dit Guirlie, la demi-sœur de Jean-Roy, Jean-Christophe Shigetomi se vu remettre le précieux journal de guerre. 

Les archives calédoniennes hébergent déjà des journaux de guerre de volontaires du Cailloux, tels que les journaux du sergent Adolphe Unger ou d’Edouard Magnier. Certains ont été publiés comme celui du caporal Gaston Rabot, sous le titre Journal de guerre d’un caporal du bataillon des Guitaristes. 

L’histoire des soldats tahitiens du glorieux bataillon du Pacifique aurait été incomplète sans la publication du journal de route du caporal-chef Bambridge Jean-Roy. Dans les pages de ce journal, sont retranscrits des mots, des ressentis et des appréciations propres à leur culture océanienne. Jean Roy y raconte aussi ses frères d’armes tahitiens et relate des événements méconnus de l’épopée du bataillon du Pacifique. Les notes manuscrites et les illustrations consignées dans ce journal de route en font désormais un précieux outil de la mémoire polynésienne. Ces pages complètent ou livrent une autre facette de la guerre des Tamari’i Volontaires. Les premières pages vont traduire l’engouement de ces premiers volontaires d’Océanie dans la France libre, leur exaltation pour l’aventure. Mais rapidement la plume de Jeannot, le surnom donnée à Jean-Roy, change au premier contact de la guerre, de la canonnade, des balles, de la mitraille et des premiers tués Tahitiens. Le ton change, l’écriture aussi, elle devient plus restrictive. A l’exaltation, font rapidement place, les doutes, les peines et les peurs. Ce journal a traversé le temps alors que tant d’autres pièces de ce passé ont désormais disparu. "Mon père me racontait que la bible qui ne quittait jamais la poche gauche de Jean-Roy avait arrêté une balle", se souvient Jean-Christophe Shigetomi. "Cette bible est aujourd’hui perdue. Fasse donc que cette publication sauvegarde le journal de route du caporal-chef Bambridge Jean-Roy".

La version annotée du Journal de Marche du caporal-chef Bambridge Jean-Roy est à lire dans le numéro 346, septembre à décembre 2018, du Bulletin de la société des études océaniennes.

Rédigé par JPV le Mercredi 27 Février 2019 à 11:51 | Lu 1163 fois