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Mélenchon fustige une "république bananière" après l'interdiction de sa conférence sur la Palestine


Crédit Bertrand GUAY / AFP
Crédit Bertrand GUAY / AFP
Lille, France | AFP | jeudi 18/04/2024 - Invoquant un risque de "trouble à l'ordre public", la préfecture du Nord a interdit une conférence jeudi soir à Lille sur la Palestine avec la militante franco-palestinienne Rima Hassan et le leader LFI Jean-Luc Mélenchon, qui dénonce "un abus de pouvoir de république bananière".

Cette conférence, qui devait initialement se tenir à l'université, avait déjà été interdite une première fois, l'institution craignant que la montée des tensions internationales n'empêche "la sérénité des débats", après la récente attaque de l'Iran contre Israël.

"Encore interdit de réunion. Hier l'université. Mais aujourd'hui la préfecture, et dans un lieu public ouvert (...) Nous interdire de réunion au prétexte de notre sujet est un abus de pouvoir de république bananière", a déploré le chef de file LFI sur X.

"Aux cafards qui ont voté pour les pesticides contre les fourmis, un message: même les abeilles qui se sont abstenues en sont mortes", a ajouté le triple candidat à la présidentielle, dans une sibylline métaphore animale.

Le patron des socialistes Olivier Faure, qui entretient pourtant des relations ombragées avec les Insoumis, a lui dénoncé "un affront à la démocratie".

Dans la foulée de l'interdiction, LFI a annoncé "un rassemblement public" avec Jean-Luc Mélenchon jeudi à 18H30 dans le sud de la ville. Une trentaine de militants étaient sur place vers 16H30, a constaté un photographe de l'AFP.

"Ca va péter !" 

La préfecture justifie son interdiction par "des appels à la mobilisation lancés par plusieurs organisations" opposées à la conférence, comme l'union nationale inter-universitaire (UNI) ou l'union des étudiants juifs de France (UEJF), pouvant entraîner "des heurts sur la voie publique".

Une cinquantaine d'étudiants favorables à cette conférence se sont quant à eux réunis jeudi après-midi devant l'université de Lille, à l'initiative du syndicat Solidaires, scandant notamment: "Conférence annulée, bordel, ça va péter !".

La préfecture souligne aussi dans son arrêté que les forces de sécurité sont déjà mobilisées jeudi par le plan vigipirate, le match de coupe d'Europe Lille-Aston Villa et une commémoration à la synagogue de Lille.

Enfin, elle souligne que la salle privée réservée in extremis pour l'évènement, limitée à 328 personnes, ne permet pas d'accueillir le public attendu. Quelque 1.200 personnes étaient présentes mercredi soir à Roubaix pour un meeting avec M. Mélenchon et Mme Hassan, septième sur la liste LFI pour les européennes.

Depuis le début de la semaine, plusieurs élus, comme la députée macroniste Violette Spillebout, le parlementaire RN Sébastien Chenu et le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avaient réclamé l'interdiction de cette conférence.

Propos controversés 

Objet des critiques, le logo de l'association étudiante organisatrice, "Libre Palestine", qui montre un territoire englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza.

Une manière de "nier l'existence de l'Etat d'Israël" pour certains, dont la tête de liste des socialistes aux européennes, Raphaël Glucksmann.

Dans un communiqué, l'association assure que son logo "ne nie en aucun cas l'existence d'Israël" et ajoute n'avoir "jamais promu la haine".

Egalement en cause, comme le relève la préfecture dans son arrêté, les "propos tenus par la principale conférencière", Rima Hassan, "sur l'action terroriste du groupe Hamas contre des civils israéliens le 7 octobre 2023".

La militante, qui a qualifié Israël d'"entité coloniale fasciste", est accusée d'avoir estimé après le 7 octobre dans une interview qu'il était "vrai" que le mouvement islamiste palestinien Hamas mène une action légitime. Un extrait tronqué, a-t-elle répondu depuis.

LFI a fait de la dénonciation des opérations israéliennes à Gaza l'un des principaux axes de sa campagne pour les élections européennes du 9 juin. Jean-Luc Mélenchon a multiplié ces dernières semaines les conférences dans les universités.

Un responsable CGT a par ailleurs été condamné jeudi à Lille à un an de prison avec sursis pour "apologie du terrorisme" dans un tract de soutien aux Palestiniens, "un très mauvais signal" pour "la liberté d'expression sur ce conflit", a commenté le député LFI Ugo Bernalicis, présent au tribunal.

le Jeudi 18 Avril 2024 à 07:08 | Lu 208 fois