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Me Gourdon, avocat de William Bernier : "La perspective d'aller à Nuutania lui a été insupportable"


L'avocat de William Bernier, Me Gourdon, plaidera finalement pour son client le 27 octobre prochain en espérant que William Bernier soit sorti d'affaire après son geste désespéré.
L'avocat de William Bernier, Me Gourdon, plaidera finalement pour son client le 27 octobre prochain en espérant que William Bernier soit sorti d'affaire après son geste désespéré.
PAPEETE, le 16 octobre 2015 – Le tribunal correctionnel a décidé ce vendredi de repousser au mardi 27 octobre la suite et la fin de l'affaire Sofipac d'escroquerie à la défiscalisation, en raison de l'absence du principal prévenu, William Bernier, hospitalisé après sa tentative de suicide jeudi après-midi et dans les intérêts duquel Me Pascal Gourdon, son avocat, devait plaider ce matin.


La présidente du tribunal correctionnel, Denise Lacroix, a renvoyé au 27 octobre la fin de l'audience dans l'affaire Sofipac, constatant l'absence du principal prévenu William Bernier. L'ancien banquier et patron de la Sofipac, 71 ans, avait été hospitalisé hier après-midi après avoir tenté de mettre fin à ses jours. Un geste désespéré qui est intervenu après les lourdes réquisitions prises à son encontre par le substitut du procureur Aurélien Buffart : 7 ans de prison ferme avec mandat de dépôt, 100 millions de francs d'amende et la saisie de ses avoirs.

William Bernier avait quitté le palais de justice peu de temps après l'intervention du ministère public, pour rejoindre la pension de famille ou il séjourne. L'homme d'affaire y avait été retrouvé inconscient et en sang, les veines tailladées et blessé à la carotide selon plusieurs sources. Conduit d'urgence au CHPF du Taaone, "il était sur la table d'opération hier soir, et depuis je n'ai plus de nouvelles" a déclaré son avocat Me Pascal Gourdon ce matin à l'audience.

Le parquet ne comprends pas ce renvoi

Le tribunal a attendu près de deux heures que l'hôpital fournisse, à la demande du parquet, un certificat médical permettant d'évaluer l'état de santé du prévenu et la suite à donner aux événements. En vain. La présidente du tribunal a finalement décidé du renvoi de l'affaire au nom "du sacro-saint principe qui prévoit que les prévenus doivent pouvoir s'exprimer en dernier" et de "l'état de santé officiellement inconnu" de William Bernier.

Le substitut du procureur, a contrario, s'était prononcé pour la poursuite de l'audience : "Les débats sont clos depuis jeudi à 10 h, l'avocat de monsieur Bernier est là pour prendre la parole en son nom, je ne comprends pas".

Me Pascal Gourdon, lui, a fait valoir qu'il n'avait pas mandat de représentation pour son client en cas d'absence de celui-ci.

Me Pascal Gourdon, avocat de William Bernier : "Je ne sais pas dans quel état de santé il se trouve"

Vous avez pu vous entretenir brièvement hier avec William Bernier après le réquisitoire du procureur et avant qu'il n'attente à sa vie, vous l'avez trouvé réellement affecté ?
"Il n'a rien laissé paraître. C'est tout le problème. Je lui ai expliqué comment il fallait prendre ces réquisitions, certes très sévères, mais qui ne sont que des réquisitions. Ce qui l'a affecté, à mon avis, c'est évidemment le mandat de dépôt au terme de l'audience. Il est clair que le tribunal n'allait pas rendre sa décision le jour même et que la perspective d'aller à Nuutania, vraisemblablement pour plusieurs jours, a dû être insupportable".

Quelles sont les dernières nouvelles sur son état de santé ?
"L'information que je tiens de sa fille hier soir (jeudi soir, Ndlr) est qu'il était sur la table d'opération au CHPF. Elle a pris l'avion de Tetiaroa ou elle travaille pour rejoindre Tahiti et se rendre à son chevet. Le CHPF n'a pas souhaité me donner d'informations sur son état de santé au motif que je ne suis pas de la famille. J'ai donc transmis cette information à la présidente qui a demandé au procureur de requérir un certificat médical de l'hôpital, certificat qui n'est toujours pas arrivé depuis une heure trente que nous l'avons réclamé. Je comprends que la présidente a donc renvoyé l'affaire à une date ultérieure".

C'est justifié selon vous ?
"Oui, car on ne sait pas précisément dans quel état de santé il se trouve. Si le pire était arrivé, il n'y aurait pas lieu de tenir cette audience. Deuxièmement : je n'ai pas de mandat de représentation de sa part. Je l'assistais, il était présent, je n'avais pas de raison d'avoir un tel mandat".

Il conteste l'escroquerie, que comptiez-vous plaider aujourd'hui dans ses intérêts ?
"Je réserve ma plaidoirie pour le tribunal, mais évidemment je conteste certains points affirmés par les parties civiles ou le procureur et qui sont erronés, nous en fournirons la preuve".

Le quantum de la peine requise contre votre client est élevé, trop élevé selon vous ?
"J'estime que la peine requise est importante. Plus importante que ce qui a été retenu à Wallis et Futuna pour une affaire de défiscalisation du même ordre par exemple. Au mois de mars 2015, la cour d'appel de Nouméa a réformé la décision des premiers juges et à réduit la peine à trois ans de détention dont un an avec sursis et deux ans pouvant faire l'objet d'un aménagement, ce qui veut dire que les personnes ne vont pas en prison. On est loin de ce qui a été requis dans ce procès".

Rédigé par Raphaël Pierre le Vendredi 16 Octobre 2015 à 11:14 | Lu 2981 fois