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Mauvaise passe pour les médias océaniens


Mauvaise passe  pour les médias océaniens
SUVA, mardi 15 novembre 2011 (Flash d’Océanie) – Deux des plus grands quotidiens du Pacifique insulaire, le Fiji Times (Fidji) et le National (Papouasie-Nouvelle-Guinée) ont fait l’objet ces derniers jours de poursuites judiciaires, l’un de la part du gouvernement, l’autre de la part d’une multinationale forestière.
À Fidji, l’Attorney General (chef des services juridiques du gouvernement), Aiyaz Sayed-Khaiyum, faisait savoir dimanche par voie de communiqué qu’il lançait les procédures à l’encontre du directeur de la publication et du rédacteur en chef du Times.
Motif : un article dans l’édition du 7 novembre 2011 jugé « offensant » à l’encontre du gouvernement issu du putsch de décembre 2006 dans lequel, estime M. Sayed-Khaiyum, certains propos peuvent être considérés comme un outrage à magistrat car « ils remettent en question l’existence d’un appareil judiciaire à Fidji et, de ce fait, sapent potentiellement la confiance du public dans l’administration de la justice ».
Le Fiji Times a changé de mains en septembre 2010, à la suite d’un décret relatif aux médias à Fidji et interdisant désormais plus de dix pour cent de participation de capitaux étrangers dans des publications nationales.
L’ancien propriétaire, News Limited, filiale du groupe Murdoch ,avait ainsi été forcé de revendre à un groupe d’industriels et commerçants locaux.
Avant ce changement de propriétaire, plusieurs directeurs du Fiji Times, de nationalité australienne, avaient été expulsés de Fidji.
Dans une affaire similaire d’outrage à magistrat, le Fiji Times avait plaidé coupable en 2008 et avait été condamné à payer une amende de 100.000 dollars locaux (40.000 euros) et son rédacteur en chef condamné à trois mois de prison avec sursis.
« Il est de ma responsabilité de protéger l’indépendance de l’appareil judiciaire et des tribunaux », a insisté le ministre.
Les audiences devraient débuter le 28 novembre 20111 devant la Haute Cour de Suva.

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, c’est la société Rimbunan Hijau (PNG) Group, filiale du groupe Rimbunan de Malaisie, spécialisé dans l’exploitation forestière, qui attaque en justice le quotidien Post-Courier (qui appartient au groupe News Limited) pour diffamation après la publication de plusieurs articles évoquant un fronde de propriétaires coutumiers et fonciers contre un projet de plantation et d’exploitation d’huile de palme.
Le quotidien avait alors évoqué des baux fonciers invalides ou falsifiés.
La société avait alors démenti en bloc en parlant d’ « invention » de la part du quotidien, qu’elle accuse par ailleurs d’avoir « tiré ses propres conclusions » et « mené son propre procès » sans laisser le temps à une commission d’enquête, nommée depuis, livrer les siennes.

Par ailleurs, à Hawaii, l’un des plus anciens sites régionaux d’information en ligne, le Pacific Islands Report, devrait rapidement faire les frais de réductions de la subvention publique accordée par le Congrès américain à son entité de tutelle, le East-West Centre de l’Université d’Hawaii et le Pacific Islands Development Programme (PIDP).
Le rédacteur en chef de ce site (mis en ligne dès les débuts de l’Internet, au milieu des années 1990), Peter Wagner, a quitté ses fonctions fin octobre 2011, pour raisons médicales, et ne devrait pas être remplacé.
Peter Wagner avait succédé il y a une dizaine d’années au fondateur de ce projet, Al Hulsen.
La solution envisagée, sans pour autant mettre fin à la publication de ce site, serait de confier son contenu à la personne qui assurait jusqu’ici les fonctions de webmestre et qui, désormais, sera aussi chargée du contenu éditorial.
Ces changements résultent des coupes budgétaires de l’ordre de vingt pour cent décidées par le Congrès sur la subvention annuelle (de vingt millions de dollars US) accordée à l’ensemble du PIDP.

Enfin, en Polynésie française, depuis quelques semaines, le gouvernement local a acté la fermeture annoncée (à compter du premier janvier 2012) de l’agence Tahitienne de Presse (ATP), fondée en 2001 et qui était quasi-exclusivement financée par les fonds publics polynésiens à hauteur d’environ 720.000 euros en 2010.

Rédigé par PAD le Lundi 14 Novembre 2011 à 22:04 | Lu 703 fois