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“Massacrée” pour un steak-frites


Tahiti, le 28 mars 2023 – Un homme sans emploi de 30 ans a été jugé en correctionnelle mardi pour de graves violences commises sur sa compagne. Le 30 juillet dernier à Raivavae, le prévenu avait causé un traumatisme crânien à la jeune femme en lui portant plusieurs coups de poing car elle avait mangé son steak-frites. Il a été condamné à un an ferme.
 
Une affaire qui laisse “sans voix”. Le procureur de la République n'a pas caché son inquiétude mardi face au prévenu qui était jugé pour des violences commises sur sa compagne de 20 ans et mère de leur bébé de deux ans. Le 30 juillet 2022 à Raivavae, cet homme de 30 ans avait tabassé sa compagne car cette dernière avait osé manger son steak-frites. Alors que la jeune femme dormait, il lui avait porté plusieurs coups de poing. Durant de longues minutes, l'homme avait continué à la frapper, provoquant ainsi trois pertes de connaissance et un traumatisme crânien. Ayant réussi à sortir de sa maison, la victime avait été emmenée à l'infirmerie par une voisine. 
 
Malgré la particulière violence des faits, le prévenu a expliqué au tribunal mardi qu'il ne voyait pas où était le problème puisque la jeune femme ne “l'écoute pas”. Plus que perplexe, le président du tribunal lui a rappelé qu'il avait tout simplement “massacrée sa compagne pour un steak frites”. Alors que le couple, “connu pour ses beuveries”, a signé à la Croix Bleue depuis les faits, la victime est ensuite venue expliquer à la barre qu'elle aimait son compagnon et qu'elle n'était pas “choquée” de recevoir des coups puisque son propre père l'avait maltraitée. Face à ces déclarations, le procureur de la République a rappelé à la jeune femme qu’elle aurait pu mourir et a déploré que le trentenaire n'ait aucune “conscience” de la gravité de ses actes. 18 mois de prison ferme ont été requis à l'encontre de ce dernier. 
 
Des réquisitions “en dehors de la réalité” pour l'avocat du prévenu, Me Bruno Loyant, pour lequel cette affaire s'assimile à une “chronique de la précarité, de la jalousie et de l'alcoolisme” à inscrire dans la “réalité insulaire” où “tous ces couples s'alcoolisent”. Se demandant ouvertement si l'on “doit protéger une femme battue malgré elle”, l'avocat a par ailleurs affirmé qu'il fallait de toutes façons “punir” son client. Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le trentenaire à un an de prison ferme assorti d'un mandat de dépôt. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 28 Mars 2023 à 19:59 | Lu 3461 fois