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Marama Vahirua : "Devenir le premier Tahitien entraineur professionnel"


J'ai un lien particulier avec le Gym, et quand ils m'ont contacté, ça a été une surprise, déjà, mais surtout que du bonheur", indique Marama Vahirua qui a disputé 111 matchs avec l'OGC Nice. (Photo : OGC Nice)
J'ai un lien particulier avec le Gym, et quand ils m'ont contacté, ça a été une surprise, déjà, mais surtout que du bonheur", indique Marama Vahirua qui a disputé 111 matchs avec l'OGC Nice. (Photo : OGC Nice)
Tahiti, le 28 août 2020 - Marama Vahirua (40 ans) a retrouvé depuis plusieurs semaines la côte d'Azur et le club de l'OGC Nice, où il occupe le poste d'entraineur adjoint de l'équipe U-19. Le buteur à la pagaie revient pour Tahiti Infos sur son intégration au sein du staff dirigé par son ancien coéquipier à Nantes, Emerse Faé, et livre ses ambitions pour les prochaines années. 

Marama, sept ans après votre retraite de joueur, vous avez retrouvé ces dernières semaines votre ancien club de Nice et l'univers du foot pro. Comment se passe votre intégration au sein du staff U-19 des Aiglons ? 
"Ça se passe très bien. Ça va faire deux mois qu'on a repris la préparation avec les jeunes. C'est une préparation un peu spéciale vu le contexte sanitaire. Mais on s'adapte, et le plus important c'est que l'on continue à travailler. Et puis c'est un retour à la maison aussi pour moi. Ça fait du bien de revoir d'anciennes connaissances. Je reviens à l'OGC Nice, un club avec lequel j'ai toujours eu de très bons rapports. Même après mon passage, je suis toujours resté en contact avec le club. J'ai un lien particulier avec le Gym, et quand ils m'ont contacté, ça a été une surprise, déjà, mais surtout que du bonheur. Et puis le stress de l'entrainement, de la compétition, même si je ne suis plus joueur aujourd'hui, ce sont des choses qui me manquaient et que j'ai retrouvées avec plaisir."

Est-ce que c'est compliqué de mener des entrainements dans ce contexte sanitaire difficile ?
"Non pas vraiment, puisqu'on est entre nous les joueurs et le staff. Pour les entrainements il n'y a pas de soucis. On est testé assez souvent et on commence à être habitué. Mais c'est la vie à l'extérieur du club qui peut poser des difficultés. On dit aux garçons de ne pas prendre ce problème à la légère. Au Gym, nous ne sommes pas dans une situation de dangerosité, tout est mis en place par le club pour limiter la propagation du virus. 

Treize ans après votre passage, vous retrouvez un club qui dispose d'un nouveau stade (L'Allianz Riviera) et d'un nouveau centre d'entrainement, et qui a aujourd'hui beaucoup d'ambitions...
"Oui, on a des installations de très haut niveau. On est dans des conditions de travail optimales. Très clairement, ce n'est plus du tout le même club, et c'est un club qui a beaucoup grandi ces dernières années. Je suis fier d'avoir pu contribuer à cette construction. Et ce qui me rend encore plus fier aujourd'hui, c'est de continuer à contribuer à ce que le club grandisse davantage. Je suis fier de pouvoir transmettre les valeurs et l'amour de ce maillot à nos jeunes. 

La politique du club a été de rappeler des anciens joueurs du Gym pour encadrer cette nouvelle génération. Vous épaulez Emerse Faé (ancien coéquipier à Nantes et joueur de Nice), coach en chef des U-19, et vous avez retrouvé aussi Cédric Varrault, entraineur adjoint de la réserve... 
"Quand on m'a appelé et qu'on m'a dit qu'il y avait Emerse, Cédric, et Lionel Letizi aussi, ce sont des anciens coéquipiers avec lesquels je m'entendais super bien. Le fait de les retrouver, ainsi que d’autres anciens comme Didier Digard ou encore Fred Gioria, de travailler avec eux et de partager cette même passion, ce n'est que du bonheur et du plaisir. Ce qu'il y a de bien aussi c'est que l'on échange beaucoup avec Patrick Vieira (entraineur des pros). La première fois que l'on s'est vu, il a tout de suite pris des nouvelles de ma famille, de mon installation et de mon intégration dans le staff. Cela montre vraiment l'ambiance familiale qu'il y a au club."

"J'ai déjà une idée de l'entraineur que j'ai envie de devenir"

(Photo : OGC Nice)
(Photo : OGC Nice)
Quels sont les objectifs pour vous cette saison avec les U-19 ?
"Au niveau du centre de formation, le principal objectif est d'emmener nos jeunes dans le monde professionnel. Il y a une identité de jeu commune à toutes les catégories : des plus jeunes à l’équipe première. Ce sont toutes ces valeurs que l'on veut transmettre à nos jeunes. On leur rabâche tous les jours que le "moi je" n'existe pas. C'est d'abord le collectif avant l'individualité."
 
Le poste d'entraineur d'adjoint des U-19, c'est une première marche pour vous avant de prétendre à un poste d'entraineur en chef d'une équipe pro ?
"J'ai évolué pendant 15 ans au haut-niveau. J'ai un CV et une expérience en tant que joueur qui sont importants. Par contre je n'ai que le passif d'un ancien joueur. Ce que je veux aujourd'hui c'est me former et passer mes diplômes d'entraineur. J'ai déjà une idée de l'entraineur que j'ai envie de devenir, le jeu que j'ai envie de pratiquer mais par contre j'ai besoin d'être formé. On parle du très haut-niveau et je n'ai pas envie d'être à la ramasse. Après on verra. Le football professionnel, ça peut aller très vite dans les deux sens. Mon rêve en tout cas, c'est de devenir le premier Tahitien entraineur professionnel."


Imaginer Marama Vahirua sur le banc d'un club de Ligue 1 dans les prochaines années, ce n'est pas absurde ?
"Comme je l'ai dit, pour le moment, je travaille sur ma formation et mes diplômes. Si dans cinq ans je me sens prêt, que j'ai tous mes diplômes et que j'ai une bonne proposition, je vais y réfléchir très sérieusement. Mais je n'y suis pas encore."

"Le stress de l'entrainement, de la compétition, même si je ne suis plus un joueur, ce sont des choses qui me manquaient"

L'attaquant tahitien a retrouvé à Nice ses anciens coéquipiers Emerse Faé et Cédric Varrault. (Photo : OGC Nice)
L'attaquant tahitien a retrouvé à Nice ses anciens coéquipiers Emerse Faé et Cédric Varrault. (Photo : OGC Nice)
Vous étiez rentré à Tahiti en 2013 suite à votre carrière professionnelle, et vous aviez lancé votre école de football. On sait que vos relations avec la Fédération tahitienne de football n'ont pas toujours été au beau fixe. Est-ce que vous n'avez pas comme un goût d'inachevé ?
"C'est vrai que pendant sept ans, j'ai vraiment tout fait pour que le football tahitien soit reconnu au niveau national. J'ai fait en sorte que nos jeunes soient repérés par des clubs en France parce qu'on a vraiment du talent au fenua. Quand je suis rentré, j'avais l'ambition de faire sortir nos meilleurs jeunes, mais je ne m'attendais pas à de telles difficultés. C'est un combat que je ne voulais pas mener. Et repartir cette fois-ci, ça a été un deuxième déchirement pour moi. Mais ça a été une décision familiale."
 
Maintenant que vous êtes dans le staff des U-19 de l'OGC Nice, est-ce que cela sera plus facile d'envoyer des jeunes joueurs tahitiens vers la métropole ?
"Évidemment, si un jeune ou des parents m'appellent pour les aider dans leurs démarches, je le ferai. Par contre il faut bien se rendre compte des exigences. Aujourd'hui, j'entraine des jeunes qui ont entre 16 et 19 ans. Au niveau athlétique, technique et de la vision du jeu c'est très fort, et ils n'ont quasiment plus aucune lacune. J'étais attaquant donc je vais parler pour ce poste. Si un jeune tahitien de 16 ans veut avoir une chance de devenir pro, il faut qu'il soit meilleur buteur de la première division à Tahiti. Si tu es bon en U-17 mais que tu n'arrives pas à jouer en U-19 ni avec les séniors, ça va être très compliqué. Il faut être le meilleur partout parce qu'ici ça va très vite. Mais encore une fois, nos jeunes à Tahiti ont du talent. J'ai vu dans des quartiers des gamins avec un talent fou, mais on manque d'encadrement à Tahiti."

Rédigé par Désiré Teivao le Vendredi 28 Août 2020 à 08:00 | Lu 4568 fois