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Manifestation monstre et grève générale en Catalogne contre les violences policières


Barcelone, Espagne | AFP | mardi 03/10/2017 - Au cri de "dehors les forces d'occupation!", des centaines de milliers de personnes manifestaient mardi dans Barcelone sur fond de grève générale en Catalogne, pour protester contre les violences policières lors du référendum d'autodétermination interdit par Madrid.

Cette journée d'action dans l'une des plus riches régions du royaume illustre la crise dans laquelle l'Espagne est plongée - la plus grave depuis le retour de la démocratie en 1977.
Des routes étaient bloquées, la Sagrada Familia d'Antoni Gaudi était fermée et le FC Barcelone ne s'entraînait pas. 
Appelées par les principaux syndicats à paralyser cette région de 7,5 millions d'habitants, des centaines de milliers de personnes se sont mobilisées lors de manifestations d'étudiants, de pompiers ou de simples citoyens indignés par les violences de dimanche et la manière dont le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy gère la crise.
Selon la police locale, un total de près de 300.000 personnes manifestaient dans différents défilés dans les rues de Barcelone.
"Dehors les forces d'occupation!", "Les rues seront toujours à nous!": les artères de Barcelone résonnaient de slogans hostiles à la police nationale et la Garde civile.
La préfecture était protégée par d'innombrables fourgons de cette même police nationale, des policiers locaux et même des pompiers.
"Le 1er octobre, nous avons été un pays occupé et ils ne sont toujours pas partis", a expliqué à l'AFP Antonia Maria Maura, une enseignante de 56 ans. 
Grévistes, manifestants et autorités séparatistes se disent choqués par la répression brutale menée dimanche par les forces de l'ordre envoyées par Madrid.
Des manifestations visant la police nationale et ainsi que la Garde civile se sont multipliées à partir de lundi devant les hôtels qui les hébergent, selon des syndicats et des témoins.
Ces cas de harcèlement ont poussé le ministre de l'Intérieur Juan Ignacio Zoido à accuser le gouvernement régional indépendantiste d'"inciter" la population à "la rébellion".
 

- 'Déception' -

  
Le port de Barcelone, troisième d'Espagne, et le marché alimentaire de gros de Catalogne, l'un des plus importants d'Europe, étaient quasiment à l'arrêt.
"La paralysie est presque totale. Elle affecte les dockers et les transporteurs", a expliqué à l'AFP une porte-parole du port.
Le métro de Barcelone assurait le service minimum et les usagers entraient sans payer, a constaté une journaliste de l'AFP. 
Les usines automobiles de SEAT fonctionnaient normalement, d'après un porte-parole de l'entreprise, et environ 50 routes ont été bloquées par des manifestants. 
Le FC Barcelone s'est aussi joint à la grève : ni les équipes professionnelles ni celles des jeunes d'aucune disciplines ne se sont entraînées.
Beaucoup de monuments et sites touristiques de Barcelone, comme la Sagrada Familia, n'ont pas ouvert leurs portes.
"C'est une déception car nous ne sommes ici que quelques jours, mais il est difficile de dire que mes vacances sont plus importantes que ce qui est en train de se passer", a déclaré Karen Healey, une Américaine de 53 ans, face à la célèbre Casa Batlló de Gaudí, fermée elle aussi.
Malgré l'intervention policière violente dans plus d'une centaine de bureaux de vote pour empêcher le référendum, 2,2 millions de personnes ont participé au vote, selon le gouvernement régional catalan.
En réaction, l'Union Européenne a demandé lundi au gouvernement qu'il dialogue avec l'exécutif catalan, qui menace de faire une déclaration unilatérale dans les prochains jours faute de négociations.
"Personne en Europe ne peut demander (au gouvernement) de dialoguer sans respecter la Constitution", a affirmé à Madrid le porte-parole du gouvernement espagnol, Inigo Mendez de Vigo. 
"Personne dans l'UE n'a accepté cette consultation qui s'est déroulée dimanche parce qu’ils savaient qu'elle allait contre la Constitution et les lois", a-t-il insisté.

- Pas de majorité -

 
La grande majorité (90%) des Catalans ayant participé à la consultation interdite de dimanche a voté oui à la séparation avec l'Espagne, selon le gouvernement catalan.  
Depuis 2010, l'indépendantisme a gagné du terrain en Catalogne, alimenté par la crise économique et par la suppression du Statut d'autonomie de la région par la Cour constitutionnelle, à la demande du Parti populaire (PP, conservateur) de Rajoy.
Cependant, les sondages montrent que les Catalans sont divisés sur l'indépendance : 41,1% pour et 49,4% contre, d'après la dernière enquête d'opinion publique du gouvernement catalan publiée en juillet.
"Les indépendantistes font beaucoup de bruit, il reflètent l'opinion de beaucoup de gens, mais pas de la majorité", dénonçait Joaquin, 55 ans, gérant d'une entreprise de produits chimiques qui a préféré rester anonyme.

le Mardi 3 Octobre 2017 à 05:00 | Lu 305 fois