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Les résistants de la Route du Sud


Papeete, le 27 octobre 2019 - L’association Mata Atea de Paea a mobilisé ses troupes samedi après-midi, afin d’informer et de sensibiliser les habitants sur les conséquences du projet de la Route du Sud. Pour le président de l’association, Gilles Parzy, pas question de se laisser faire.
 
Le projet de Route du Sud, ou Te Ara Nui, ne date pas d’hier. Il est dans les cartons des gouvernements successifs depuis plus de 20 ans. Il s’agit de créer une quatre voies entre Punaauia et Taravao pour désengorger la circulation aux heures de pointe. Un projet qui avait été évalué, dès ses premières esquisses, à plus de 70 milliards de Fcfp. En 2016, le ministre de l’Equipement Albert Solia avait même songé à mettre en place un « péage » pour amortir les coûts faramineux de construction d’un tel projet.

Un projet "déraisonné"

Cette route, remise au goût du jour par l’actuel gouvernement, n’est en tous cas pas du goût des associations de riverains dans les communes concernées. A Paea, l’association Mata Atea de Gilles Parzy est fermement opposée face à ce projet qu’elle juge "déraisonné". Selon le président de l’association, plusieurs centaines de familles risquent de perdre leur foyer avec le tracé de cette Route du Sud.
 
Présent samedi après-midi au rassemblement organisé par Mata Atea à Orofero pour informer les riverains sur ce projet, Teddy Tehei explique que le tracé de la quatre voies prévoit un grand rond-point en lieu et place de la cour de sa propriété. Sa maison et de celles de ses voisins sont directement menacées. "Mes grands-parents ont vécu ici et nous avons grandi ici. Avec ce projet, tout risque de disparaitre", se désole-t-il. 
 
Même son de cloche pour Teva Paea. "J’ai mis toutes mes économies dans la construction de ma maison. J’ai emprunté 15 millions de Fcfp et je dois rembourser mon prêt sur 20 ans. Avec ce projet, je ne sais même pas si le Pays va pouvoir m’indemniser à hauteur de ce que j’ai. De toute manière, je n’ai pas envie de déménager, je me sens bien ici et ce bout de terre a vu grandir ma femme. Donc oui, ça fait mal".
 
Si les familles impactées sont nombreuses, l’association Mata Atea met également en avant les conséquences environnementales et socio-culturelles de la Route du Sud. "Sur tout le parcours, il y a des marae et des sépultures qui se trouvent dans les cavités de la montagne. Pour nous, c’est inacceptable. Les ossements d’un cimetière officiel ne valent pas plus que ceux d’un cimetière non officiel. On n’a pas encore dénombré le nombre de marae qui pourraient être touchés par ce projet. Mais, on sait qu’il y en a deux qui seront touchés indirectement, parce que les ingénieurs ont pensé à les mettre à quelques mètres à l’écart. Mais bon, on imagine les cérémonies au marae Arahurahu avec une quatre voies à côté, ça devient infernal et même ridicule", regrette Gilles Parzy.
 
Samedi après-midi, des formulaires ont été remis aux participants à la réunion organisée par Mata Atea. "Ils sont invités à lire, pas seulement des termes d’opposition, mais aussi d’alternatives que l’on considère raisonnées. Ils ont aussi un espace pour inscrire leurs propres commentaires", explique Gilles Parzy. "On ne lâche rien, il n’est pas question de laisser passer cette absurdité."
 
"Cette question du rond-point du Méridien peut être résolue en quelques semaines. Et puis, la route de ceinture n’est pas plus large que celle qui mène du Pont de l’Est à Arue, et qui est devenue une 4 voies. On ne demande pas la lune, on demande simplement une solution raisonnée, même si ça dérange l’EDT avec ses poteaux ou l’OPT avec son réseau", conclut Gilles Parzy.

le Dimanche 27 Octobre 2019 à 22:35 | Lu 2870 fois