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Les électeurs à J-100: désabusés, pas forcément démotivés


Bordeaux, France | AFP | jeudi 12/01/2017 - Qu'il s'agisse des sortants, des candidats ou de ceux qui leur semblent vivre "sur une autre planète", bien des électeurs s'avouent désabusés par "les politiques". Mais la fibre démocratique, l'envie de "secouer" le système, ou de le "sauver", reste une "motivation" qui fera voter.

Il y a bien eu la primaire de droite, le "teaser", comme plaisantent certains. A présent, la primaire organisée par le PS. Mais pour beaucoup d'électeurs, ces quatre premiers tours de la présidentielle ne suffiront pas à effacer le sentiment tenace qu'on "n'attend pas grand-chose" du scrutin.

"Tous pareils", "tous un peu discrédités", "plus confiance", "bonnet blanc et blanc bonnet", "plus soucieux d'un plan de carrière que de l'intérêt général"... Sur tous les tons se joue l'air du désenchantement, encore audible avant le vacarme de la campagne.

"Pas un rejet du politique, non, mais des hommes politiques", au "lien rompu depuis plusieurs années" avec la base, résume David Cousy, 25 ans, un militant associatif de Créteil (Val-de-Marne), dans un diagnostic maintes fois entendu par les journalistes de l'AFP.

Chez ces sceptiques, les primaires n'ont guère ravivé de flamme.

"Les candidats sont passés par les filtres des partis, par leur tamis. C'est +Voilà ce qu'on a en magasin+. C'est oublier que de nos jours, les électeurs peuvent acheter direct en ligne, sans passer par les magasins...", raisonne Lionel, gérant de TPE en Gironde, qui ne se reconnaît en aucun candidat. Mais se dit "plutôt motivé, voire très motivé" par la présidentielle, et "a envie de croire" en une "troisième voie".

Certains n'y croient pas, ou plus, sont "en plein doute", d'autres y croient dur, ont arrêté leur choix, ou le scelleront pendant la campagne.

Et puis il y a ceux, comme Martine Fontaine, retraitée handicapée qui vit à Bobigny, en banlieue parisienne, avec 800 euros mensuels, qui confesse "peut-être attendre trop des politiques". Mais espère "ne pas être encore déçue".

- "Le cocotier va secouer" -
Il y a aussi le monde extérieur, venu rappeler, des Etats-Unis au Brexit, que ne pas voter peut exposer à une "mauvaise surprise". Quoi qu'on place sous ce vocable.

"Je m'inquiète par rapport au FN: si mes clients votent vraiment ce qu'ils disent, attention +le cocotier va secouer dur !+ Les gens en ont marre du système (...) et des puissances de l'argent qui ont remplacé les seigneurs du Moyen-Age", relaye Karine, éleveuse de canards dans les Landes. Qui peste contre des politiques "déconnectés du terrain", mais ira voter.

Car leurs parents, leurs aïeux, l'ont dit à beaucoup et ils n'ont pas oublié.

"Le vote est important car c'est la démocratie", assure Alain Juste, retraité lot-et-garonnais de 67 ans, fils de réfugié espagnol "qui s'est battu pour la démocratie" et fut interné au camp de concentration nazi de Mauthausen (Autriche) pendant la Seconde Guerre mondiale.

"Mon fils a atteint l'âge de voter, et 2017 sera sa première", renchérit Amir Abaoud, buraliste de 52 ans à Amiens. "A la maison, je n'ai jamais manqué de lui dire combien c'est utile pour lui, pour le pays. Il n'y a pas plus grand handicap qu'un citoyen qui ne vote pas".

Car le vote, au final, "c'est la seule carte qu'on possède pour recadrer nos hommes politiques", réfléchit Jean-Charles Auboin, agent commercial dans la métropole lilloise.

Alors revient ce rêve d'un désarroi qui serait, enfin, entendu: "Que le vote blanc soit reconnu. Ce serait reconnaître les citoyens un peu perdus, sans solution. Qu'on le mette sous le nez des partis, qu'ils se rendent compte qu'on ne croit pas en eux", lance Alain Juste. Et qu'"à partir d'un certain pourcentage de vote blanc, on annule l'élection", rêve tout haut Marilyne.

Rédigé par () le Jeudi 12 Janvier 2017 à 06:06 | Lu 261 fois