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Les cheminots dans la rue contre une réforme "rouleau compresseur"


Paris, France | AFP | mardi 04/06/2019 - Une "mauvaise" réforme, "nuisible et mal préparée", des "régressions sociales", un "rouleau compresseur": à l'initiative des quatre syndicats représentatifs de la SNCF, plusieurs milliers de cheminots ont manifesté mardi à Paris contre la réforme ferroviaire et la dégradation du climat social dans l'entreprise.

Aux cris de "nos lignes, nos trains, on y tient!" et "cheminots en colère, on lâchera pas l'affaire", le cortège s'est ébranlé dans le calme de la place d'Italie peu après 14H00, ont constaté des journalistes de l'AFP. "Autour de 12.000 manifestants" étaient présents, a indiqué à l'AFP Cédric Robert, porte-parole de la CGT-Cheminots.
Cette manifestation nationale unitaire était la première depuis la promulgation du "nouveau pacte ferroviaire", fin juin 2018. Une loi qui planifie l'ouverture à la concurrence du transport national ferroviaire de voyageurs et qui instaure l'arrêt des embauches au statut de cheminot à partir du 1er janvier 2020, date à laquelle la SNCF sera transformée en plusieurs sociétés anonymes.
"Il n'y a pas une seule mesure dans cette réforme qui produise des effets positifs", a affirmé à la presse Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots, tandis que Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire, appelait à "un système ferroviaire répondant aux besoins du service public."
"Notre combat de l'an dernier était légitime. Aujourd'hui, on voit les premiers effets de la réforme avec des fermetures de lignes, de gares et des suppressions d'emplois massives", a déploré Bruno Poncet, secrétaire fédéral de SUD-Rail.
Après leur longue grève de 36 jours sur trois mois du printemps 2018, la CGT-Cheminots, l'Unsa ferroviaire, SUD-Rail et la CFDT-Cheminots renouaient ainsi avec le combat unitaire pour dénoncer les incertitudes encore liées à cette réforme et les "réorganisations permanentes" à la SNCF, entraînant "sans exception des suppressions de postes".
Dans le cortège, des banderoles proclamaient "Fiers d'être cheminots, toujours prêts à prendre la Bastille" ou encore "la SNCF n'est pas à vendre", "la SNCF appartient au peuple".
 

- "Sur le carreau" -

 
"Cette réforme n'est pas bonne pour la SNCF. C'est la fin du service public, de la sécurité dans les trains", a déploré Laura, 41 ans, conductrice de TER à Toulouse.
"C'est normal que la SNCF évolue mais pas au détriment du personnel", a affirmé à l'AFP Hervé Le Creurer, un Parisien de 56 ans, en déplorant que son service informatique ait subi "restructurations sur restructurations tous les trois ans pour des raisons diverses depuis 10 ans, avec des changements de postes, de missions, des personnes se retrouvant sur le carreau".
"On est en train de tout couper en morceaux" car "le service public c'est la bête à tuer", a déploré Marie-Odile, 56 ans et 35 ans d'ancienneté au service des ressources humaines, avant d'avouer en pleurant: "je me sens complètement inutile".
Du côté de la direction, on assure que l'encadrement est "parfaitement lucide" quant aux "inquiétudes des salariés". Un "Observatoire de la transformation" sera installé le 24 juin pour veiller à l'"accompagnement individuel et collectif" des cheminots dans une entreprise où "il y a d'énormes transformations".
Si la journée de mardi ne faisait pas l'objet d'appel national unitaire à la grève, des préavis locaux ou nationaux devaient permettre aux salariés de venir grossir les rangs des manifestants.
Avant la manifestation, environ 200 cheminots et salariés de la restauration ferroviaire s'étaient rassemblés à proximité du siège de l'UTP, l'organisation patronale du secteur, a constaté une journaliste de l'AFP.
Une délégation CGT et SUD a été reçue par l'UTP pour défendre le rattachement de la restauration ferroviaire à la branche du transport ferroviaire, et non à celle de la restauration de collectivités.
Avec cette journée de mobilisation, les syndicats de cheminots voulaient peser sur les négociations internes à la SNCF, où un nouveau cadre social va remplacer le statut. Et mettre la pression sur le gouvernement qui doit encore compléter la réforme avec "des ordonnances et des décrets".

le Mardi 4 Juin 2019 à 06:01 | Lu 147 fois