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Les championnats du monde de pétanque à Tahiti reportés en juin ou annulés


Béatrice Chansin, la ministre de la santé du gouvernement polynésien explique qu’un protocole pour faire face à des cas de virus Ebola a été préparé.
Béatrice Chansin, la ministre de la santé du gouvernement polynésien explique qu’un protocole pour faire face à des cas de virus Ebola a été préparé.
PAPEETE, le 3 septembre 2014. En raison de la circulation du virus Ebola et par principe de précaution, la Polynésie a demandé à la Fédération internationale de pétanque de reporter les mondiaux de Tahiti, prévus fin octobre, de plusieurs mois. En cas de refus, le Pays prendra la décision d’annuler. «Le gouvernement ne prendra aucun risque pour notre population», cette phrase le président Gaston Flosse l’a prononcée plusieurs fois au cours de la conférence de presse à l’issue du conseil des ministres.
La décision a été prise ce mercredi par le gouvernement réuni au complet et à l’unanimité. «Le gouvernement a demandé à la Fédération internationale de pétanque de reporter l’événement à huit mois. Une lettre officielle va être envoyée au président de la Fédération». Si toutefois la Fédération internationale de pétanque ne pouvait satisfaire cette demande expresse de la Polynésie, «nous annulerons purement et simplement».

Selon le président Gaston Flosse «les dédommagements à payer seraient bien moindres que le risque épidémiologique pour notre population d’être exposée au virus Ebola». De fait, sans convention signée liant réellement le Pays à l’organisation de cette compétition internationale à Tahiti entre les 23 et 26 octobre prochain, les débours à régler en cas d’annulation pourraient ne pas peser très lourds sur les finances publiques. A moins que les partenaires privés du territoire ayant avancé depuis quelques mois des frais conséquents ne trouvent à attendrir le gouvernement sur les investissements réalisés et qui ne seront pas amortis.

La décision du report (ou de l’annulation) a été prise ce mercredi après les dernières informations «alarmantes» sur l’épidémie en cours en Afrique de l’Ouest diffusées à la fois par l’OMS (organisation mondiale de la santé) et par MSF (médecins sans frontières). Cette décision est aussi un aveu de faiblesse «nous ne disposons pas de moyens suffisants pour faire face à un tel risque» expliquait aussi le président polynésien.

La ministre de la santé est plus pragmatique. Elle explique que la survenance de cas de fièvre Ebola en Polynésie française a été envisagée et qu’un protocole a été établi en lien notamment avec les services de l’Etat. Après tout, les championnats du monde de la pétanque ne sont pas l’unique porte d’entrée en Polynésie aux voyageurs en provenance d’Afrique de l’Ouest et de l’un des pays en proie à l’épidémie actuelle. Le report ou l’annulation de la compétition mondiale n’isole pas complètement la Polynésie de ce «risque sanitaire mondial».

Pour l’instant, une information est diffusée, comme pour le chikungunya à l’arrivée à l’aéroport de Tahiti Faa’a. Les personnes arrivant d’un pays d’Afrique de l’ouest sont invitées à aller consulter immédiatement un médecin si une fièvre survient dans les 21 jours après leur arrivée sur le territoire. Le réseau sentinelle des médecins territoriaux déjà mobilisé sur la dengue qui sévit toujours, sur le chikungunya qui est à nos portes dans différents pays du Pacifique, a été mis à contribution pour cette nouvelle alerte épidémiologique. Le Centre hospitalier du Taaone dispose de chambre d’isolement et d’un personnel formé pour ce type de situation, mais certainement pas en nombre suffisant pour faire face à une épidémie sur le territoire. Même le diagnostic précis d’une fièvre Ebola n’est pas exécutable actuellement en Polynésie. Pour confirmer un cas de virus Ebola il faudra faire appel aux laboratoires de Nouvelle-Zélande, des Etats-Unis ou de métropole.




Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 3 Septembre 2014 à 15:45 | Lu 3822 fois