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Les cas de coronavirus se multiplient au Moyen-Orient, quatre morts en Iran


Bagdad, Irak | AFP | vendredi 21/02/2020 - Les cas de nouveau coronavirus se multiplient au Moyen-Orient, pour la plupart en Iran, suscitant l'inquiétude et des interdictions de voyager.

Après quatre décès et 18 contaminations en Iran depuis mercredi, le Liban a annoncé vendredi son premier cas de pneumonie virale Covid-19, et Israël a indiqué qu'un de ses ressortissants placé en quarantaine sur le paquebot Diamond Princess avait été testé positif.
Auparavant, plusieurs cas avaient été recensés en Egypte et aux Emirats arabes unis.
En Iran, la plupart des dernières contaminations ont eu lieu à Qom, une ville sainte à 150 km au sud de Téhéran qui revêt une importance particulière pour les chiites, une communauté fortement représentée au Liban, en Irak et au Koweït, deux pays frontaliers de la République islamique.
Bagdad et le Koweït ont annoncé jeudi interdire ou fortement limiter les voyages vers et depuis l'Iran, dont des millions de ressortissants et de produits partent chaque année vers l'Irak.
De nombreux étudiants en religion de Qom se rendent en Irak pour des pèlerinages à Kerbala et Najaf, au sud de Bagdad, et le leader chiite Moqtada Sadr, figure de la politique irakienne, étudie lui-même dans une école islamique de Qom.
 

- Interdictions de voyager -

 
L'Iran est aussi le deuxième fournisseur de l'Irak, inondant chaque année ce pays de produits allant des voitures aux yaourts, pour un montant d'environ neuf milliards de dollars (environ 8,2 mds d'euros).
Acteur économique primordial, l'Iran est enfin un acteur politique incontournable en Irak, où il ne cesse d'étendre son influence.
La décision irakienne d'interdire les voyages en Iran est ainsi remarquable: jusque-là, ni les menaces américaines de sanctions, ni les bombardements américains et iraniens n'avaient eu raison des liens et des échanges quotidiens.
Dans la pratique, face aux craintes liées à la pneumonie virale Covid-19, l'Irak --qui n'a jusqu'ici recensé aucun cas sur son sol-- a interdit aux Iraniens d'entrer sur son sol et à ses ressortissants de se rendre en République islamique.
Ironie du sort: mercredi, au moment même où l'Iran faisait état de deux morts du nouveau coronavirus, l'Irak avait annoncé que les Iraniens pouvaient désormais entrer sur son sol sans visa.
Aussitôt, le hashtag "Fermez la frontière" a fleuri sur les réseaux sociaux. Plusieurs provinces du sud de l'Irak ont eux-mêmes réclamé la fermeture des postes-frontières.
Et réunies en cellule de crise, les autorités irakiennes ont annulé jeudi cette exemption de visa, interdit l'entrée en Irak des personnes en provenance d'Iran et indiqué que les postes-frontières ne laisseraient plus passer que des Irakiens --ceux-ci seront placés en "quarantaine durant 14 jours".
En plus des dépistages dans les aéroports, les compagnies aériennes nationales irakienne et koweïtienne ont suspendu leurs liaisons avec l'Iran, une mesure également appliquée dans les ports koweïtiens.
Abou Mehdi al-Machhadi, un Irakien d'une soixantaine d'année, est, lui, rentré à bord d'un avion iranien à Najaf vendredi.
"Les gens nous appelaient inquiets d'Irak, mais nous étions à Machhad mais c'est à Qom qu'il y a des cas", assure-t-il à l'AFP. 
 

- Psychose -

 
Comme les autres voyageurs, il a subi des tests. "Des équipements de détection ont été installés et aucun cas n'a jusqu'ici été détecté", affirme à l'AFP Jaafar al-Alaoui, chargé de la communication de l'aéroport de Najaf.
Mais ces mesures ne semblent pas apaiser la psychose des Irakiens, qui s'étaient inquiétés de la diffusion du nouveau coronavirus en Chine, pays dont plusieurs compagnies pétrolières opèrent avec leur personnel en Irak. L'entrée de tout étranger en provenance de Chine est désormais interdite.
Les Irakiens sont d'autant plus inquiets que leur pays est en pénurie chronique de médicaments et compte moins de 10 médecins pour 10.000 habitants, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Dénonçant "les problèmes du système de santé", le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité chiite d'Irak, a appelé les autorités à "être au niveau" de la menace.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux Irakiens s'envoient des prières censées éloigner les virus tandis que des vidéos tournées en Irak et en Iran montrent des familles répandant de l'encens dans leurs maisons pour, affirment-elles, tuer les virus.
Selon l'OMS, le virus a déjà contaminé plus de 75.000 personnes en Chine et 1.100 ailleurs dans le monde. L'épidémie a déjà fait plus de 2.200 morts.

le Vendredi 21 Février 2020 à 06:17 | Lu 871 fois