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Les cargos continueront-ils de s'arrêter au fenua ?


Seule une petite partie des volumes à bord des porte-conteneurs sont pour la Polynésie.
Seule une petite partie des volumes à bord des porte-conteneurs sont pour la Polynésie.
PAPEETE, le 6 novembre 2018. Stéphane Mercadal, directeur général de CMA CGM, a alerté les autorités sur la problématique du tirant d'eau de la passe de Papeete, qui est trop petit pour les porte-conteneurs qui sont de plus en plus gros. Il propose des travaux d'abord au terminal. Pour Jean-Christophe Bouissou, la solution pourrait résider dans la passe de Taunoa.

Les géants des mers, les porte-conteneurs, sont de plus en plus grands. Le nombre de "boites" qu'ils peuvent transporter ne cessent de s'accroître. Résultat : lorsqu'un de ces porte-conteneurs s'arrête à Papeete, il fait un stop pour une petite part de ce qu'il transporte. "Seule une petite partie des volumes à bord sont pour la Polynésie. Les lignes sont confrontées à la concurrence de plus gros navires sur les grands marchés et doivent s'adapter pour rester compétitives. Papeete est un problème", a souligné ce mardi Stéphane Mercadal, directeur général de CMA CGM, lors de l'ouverture du 5e Forum de l'économie bleue.

En plus de la compétitivité, il y a un problème d'infrastructure met en avant le représentant de la société de transport international de marchandises. "Le tirant d'eau autorisé (encombrement sous l'eau, NDLR) est limité à 11 mètres à la passe de Papeete et 10.5 mètres au bord à quai du terminal. En conséquence, la taille des navires est limitée, les navires du service OVSA (Oceania Vessel Sharing Agreement ) de Hamburg Sür, Hapag-Lloyd et ANL par exemple sont sous-exploités de 25 à 30 % à cause de Papeete. La meilleure option serait, sans doute, dans un premier temps, d'améliorer le tirant d'eau au terminal puis celui de la passe", décrit Stéphane Mercadal.

Pour Jean-Christophe Bouissou, ministre en charge de l’aménagement du territoire et des transports interinsulaires, la solution pourrait venir de la passe de Taunoa. "Le schéma directeur du développement du port de Papeete prévoit une extension de la zone de stockage et d'échange de marchandises vers la digue Est en allant vers Taunoa", détaille-t-il. "La passe de Taunoa permettrait à de plus grands bateaux d'y entrer et d'accoster sur les infrastructures que nous mettrions en place."

Le porte-parole du gouvernement met de côté pour le moment la possibilité d'augmenter la profondeur de la passe. "Adapter le port de Papeete tel qu'il figure actuellement avec la passe de Papeete qui fait 11.5 mètres nous obligerait à dérocter le fond de la passe mais aussi à construire de nouvelles infrastructures car le quai au long cours actuel ne fait que 9 à 10 mètres de tirant d'eau. Les grands bateaux qui transportent jusqu'à 6 000 conteneurs ne pourraient accoster et débarquer leurs marchandises."

Le ministre envisage donc l'option du dégroupage en Nouvelle-Zélande "en cas de besoin". Mais l'option kiwi aurait pour effet d’entraîner un allongement du temps de transit de 15 jours, ce qui aura une répercussion négative sur l'approvisionnement en produits frais des commerces mais aussi des bateaux de croisière.

"Mais nous avons raison d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur la nécessité d'adapter le port de Papeete à cette évolution de la capacité des cargos", concède-t-il.

Nos voisins de Nouvelle-Calédonie ont démarré cette année des travaux dans le port de Nouméa pour qu'il puisse accueillir des navires avec 12.5 mètres de tirant d'eau.


Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 6 Novembre 2018 à 14:05 | Lu 2919 fois