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"Légère divergence" autour des 56 milliards


Tahiti, le 10 juillet 2020 – Le changement de gouvernement central n'a pas modifié la position de Paris sur les 56 milliards de Fcfp (470 millions d’euros) demandés par le Pays pour faire face à la crise. L'amendement de Maina Sage visant à créer un comité de suivi des besoins locaux n’a pas été adopté. Le nouveau gouvernement invite le Pays à bien utiliser les 240 millions d’euros déjà promis.
 
La position du gouvernement en métropole n'a pas varié. La loi de finances rectificative a été adoptée jeudi soir par l'Assemblée nationale sans modification pour la Polynésie. Le texte prévoit ainsi d'accorder un Prêt garanti par l'Etat (PGE) au Pays par le biais de l'Agence française de développement (AFD) à hauteur de 28 milliards de Fcfp (240 millions d’euros).

Pas de comité spécifique pour le fenua

Un montant, destiné à "permettre le financement des reports de paiement d’impositions et de cotisations sociales, des pertes de recettes subies et des hausses de dépenses exposées au titre des régimes d’aides aux particuliers et aux entreprises" dues à la crise sanitaire. Mais il est toujours jugé très éloigné des besoins de la collectivité, selon la députée Maina Sage : "C'est vrai que ce PGE est important (...) mais nous demandons aujourd'hui à ce qu'il y ait un suivi très précis de l'exécution de ce PGE et surtout de l'évaluation des besoins qui ont été exprimés déjà en Polynésie." Et de défendre son amendement visant à la création d'un comité spécifique devant examiner les besoins du Pays. Localement, ces ont été estimés à 56 milliards de Fcfp, en mai dernier, soit 470 millions d’euros. Mais le nouveau gouvernement Castex a botté en touche. Le ministre délégué, Olivier Dussopt, a indiqué avoir "plutôt tendance à supprimer des comités qu'à en créer des nouveaux" et que le prêt accordé va l'être "dans les règles de compétences et d'organisation institutionnelle du territoire". Eric Woerth, président de la commission des finances à l'Assemblée nationale rappellera aussi à la députée qu' "il y a déjà un comité national qui a été créé pour cela".

Grand écart ou "légère divergence"

L'amendement sera maintenu par l'intéressée mais ne sera finalement pas adopté. Avant de subir ce vote défavorable, Maina Sage a insisté sur "l'impact qu'a pu avoir le fait d'avoir fixé un PGE à 240 millions d’euros (...)", un montant "complètement en dessous de la demande et très loin des besoins exprimés". L’intervention est poussée par l'envie de mettre le gouvernement Castex face ses responsabilités. "Pourquoi on fait travailler localement des équipes qui sont issues de l'État, des services de l'Etat pour travailler trois semaines à la demande du président de la République pour atterrir aujourd'hui à un montant de 240 millions d’euros ?". La parlementaire souligne une nouvelle fois la "distorsion" entre ce que prévoit la loi et les besoins exprimés par la collectivité, en insistant pour "avoir une réponse plus franche sur l'accompagnement de l'Etat pour la suite, parce que bien évidemment entre 240 et 470  il y a un écart qui mérite quand même votre attention". Cet écart n’est pas nié Olivier Dussopt, mais pour le nouveau ministre délégué "il y a une légère divergence entre l'évaluation des besoins par nos services et l'évaluation par le comité local d'experts". Après avoir relevé l'impatience de Maina Sage sur ce dossier, le ministre l’a invité à attendre. Selon lui, l'État est prêt à réévaluer son soutien une fois que ces 240 millions d’euros auront été engagés. "S'il y a une nécessité de réévaluation, vous saurez où nous trouver et nous saurons répondre présents". Une porte aujourd’hui fermée qui pourra donc s'entrebâiller dans quelques mois.

Rédigé par Sébastien Petit le Vendredi 10 Juillet 2020 à 00:44 | Lu 3633 fois