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Le remaniement attendra encore, mais il sera d'ampleur


Paris, France | AFP | mercredi 10/10/2018 - Il faudra encore patienter plusieurs jours. Attendu depuis une semaine, le remaniement du gouvernement d'Edouard Philippe reste en suspens mais sera d'ampleur, a annoncé l'Elysée, l'opposition dénonçant elle l'incapacité de l'exécutif à trouver un ministre de l'Intérieur et à "tracer un cap".

La nouvelle équipe ne sera pas annoncée avant le retour du président Emmanuel Macron d'Arménie, vendredi soir, a dit l'Elysée.
"Ils y aura des entrants, des sortants et certains changeront de job à l'intérieur du gouvernement" avec aussi de possibles "changements de périmètre" et "redécoupages de portefeuilles", a annoncé l'Elysée.
Le président Macron, qui s'est parfois défini en "maître des horloges", n'a rien laissé filtrer sur ses intentions depuis la démission, mardi 2 octobre, du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
Emmanuel Macron "souhaite prendre tout le temps nécessaire, dans le calme, le professionnalisme et le respect des personnes, à la composition d'une équipe cohérente et de qualité au service des Français", assure la présidence.
"Cette équipe doit correspondre aux équilibres sur lesquels il s'est engagé afin de poursuivre la mise en œuvre de la feuille de route fixée le 9 juillet devant le Congrès. Il souhaite aussi respecter le temps des vérifications légales", précise l'Élysée.
La présidence avait déjà dit mardi soir que le remaniement n'occasionnerait pas la démission du gouvernement. Ce qui semble impliquer, contrairement à ce que des sources concordantes avaient évoqué, que le Premier ministre ne fera pas de déclaration de politique générale devant les députés, y compris si le casting de son équipe devait être largement renouvelé. 
"On a l'impression que l'avion ne sait pas où il va. Quand il y a des turbulences, il faut que les deux copilotes se parlent et sachent bien tenir le cap et là, on s'interroge vraiment si aujourd'hui il y a une totale osmose entre le président et le Premier ministre, qui est un élément très solide dans cette majorité, peut-être même trop solide au goût de certains", a estimé le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner.
Mais l'Elysée dément toutes dissensions entre Emmanuel Macron et son Premier ministre. "Nous démentons. Ce remaniement se déroule dans le strict respect de nos institutions, le Premier ministre propose un dispositif gouvernemental et le président de la République nommera les ministres".

- Ministre de l'Intérieur très "politique" -

 
De sources concordantes, le choix du prochain ministre de l'Intérieur pour remplacer Gérard Collomb s'avère plus compliqué que prévu, faute de candidats disposant du profil recherché par Matignon et l'Elysée... et prêts à accepter le poste.
Mathieu Klein, le président PS du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, a ainsi décliné l'invitation.
Pour remplacer Gérard Collomb place Beauvau, les noms des ministres Christophe Castaner (Relations avec le Parlement), Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères) ou Gérald Darmanin (Comptes publics) ont été évoqués.
Castaner "plus proche de Macron, tu n'as pas", commente une source policière qui pronostique comme d'autres l'arrivée d'un ministre très "politique" dans la perspective du prochain découpage électoral.
L'exécutif pourrait aussi être tenté de faire confiance à un expert, sur le modèle de Jean-Michel Blanquer à l'Éducation, dont l'assimilation au monde politique est jugée réussie. 
Il pourrait aussi réfléchir à un duo, entre Christophe Castaner et l'ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard par exemple. "Il faut qu’ils soient compatibles l’un et l’autre", souligne une source syndicale. Mais "l’un et l’autre vont vouloir prendre la lumière", ajoute ce bon connaisseur de Beauvau.
Parmi les sortants possibles, figurent Françoise Nyssen (Culture), Jacques Mézard (Cohésion des Territoires) ou Stéphane Travert (Agriculture).
Les centristes du MoDem pourraient récupérer un ou deux portefeuilles, comme Marc Fesneau, leur chef de file à l'Assemblée, pressenti, entre autres, pour l'Agriculture.
En attendant, Edouard Philippe - qui assure l'intérim place Beauvau - a participé mardi soir à une patrouille avec la Brigade anti-criminalité (BAC), s'attachant à démontrer que "les rênes du ministère sont tenues et (que) la vigilance ne baisse pas."
Mais l'opposition tire à boulets rouges sur l'incertitude née de cette attente, à un moment où l'exécutif est très bas dans les sondages, affaibli notamment par l'affaire Benalla.
"Tout ça symbolise une immense fébrilité au sommet de l'État, avec une succession de couacs et une incapacité à tracer un cap. On se demande si la France a toujours un capitaine", a accusé sur France 2 le n°3 des Républicains Guillaume Peltier.
"Imaginons une seule seconde qu'il y ait un attentat sur notre sol en cette période de troubles ?, s'est-il interrogé ?

le Mercredi 10 Octobre 2018 à 04:37 | Lu 644 fois