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Le personnel médical ne sait pas comment faire fonctionner le Taaone avec un budget en baisse de 6%


Le personnel médical ne sait pas comment faire fonctionner le Taaone avec un budget en baisse de 6%
« Nous ne défendons pas des privilèges mais la qualité de vos soins ». Toute la journée, les membres du syndicat du personnel d’encadrement paramédical de la Polynésie française, en grève depuis mercredi matin, ont distribué ce tract au public à l’entrée du centre hospitalier du Taaone. A 16h, ils ont rejoint les représentants du syndicat des praticiens hospitaliers, mais aussi de nombreux chefs de service, pour faire part de leur inquiétude quant à l’avenir d’un hôpital dont le budget doit baisser de 6% l’an prochain. Impensable pour le personnel médical, dont l’activité a dans le même temps augmenté de plus de 10% depuis le déménagement dans les locaux du Taaone.

« On nous annonce des chiffres qui nous paraissent absolument invraisemblables » a déclaré le président du SPHPF, le docteur Marc Levy. En 2011, le déficit atteindra déjà les 860 millions de francs. D’ores et déjà, la direction a demandé au personnel médical de se serrer la ceinture, et réduit au maximum le paiement des heures supplémentaires, des gardes et l’achat d’équipement. Et le pire est à venir : avec une baisse de 860 millions (soit 6%) en 2012, le personnel médical dit s’attendre à des fermetures de services.


"On créé nous-mêmes nos propres problèmes"

Le personnel médical ne sait pas comment faire fonctionner le Taaone avec un budget en baisse de 6%
C’est le cas de l’hématologie, un des grands progrès du nouvel hôpital, créé grâce à l’embauche de CDD, et qui ne pourra plus fonctionner. « C’est un retour en arrière en terme de prise en charge des patients » explique le Dr Gilles Soubiran, qui accueille 300 patients par an, dont 40% nécessitent un traitement lourd, et devront donc être évasanés comme c'était le cas par le passé. Or chaque évacuation sanitaire coûte plus de 3 millions. En outre, la suppression de ces contrats à durée déterminée signifie dans beaucoup de services l’impossibilité pure et simple de prendre des congés. « On risque le burn-out » s’alarment les médecins et le personnel paramédical.

« On créé nous-mêmes nos propres problèmes » résume le Dr Bessout, président de la commission médicale d’établissement. « Il n’y a plus de concours depuis 2 ans, 20% des médecins sont employés en CDD, ce qui peut coûter jusqu’à deux fois plus cher, sans parler des formations qui ne servent à rien puisque les personnels ne sont pas titularisés ». « Nous ne serons pas les fossoyeurs de notre hôpital » résume le médecin, qui a refusé comme ses confrères d’indiquer à la direction les postes et services qui pourraient être supprimés.

Avec cette mise en garde adressée en premier lieu à la population, et surtout aux patients, le personnel médical rappelle que les soins sont un choix de société. Avec un budget de fonctionnement qui revient à son niveau de 2007, alors que le nombre d’hospitalisation est passé de 17 000 à 20 700, « c’est la qualité qui va passer à la trappe » mettent en garde ces professionnels de la santé.

le Mercredi 7 Décembre 2011 à 17:15 | Lu 1213 fois