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Le nouveau BSEO entièrement consacré à Tupaia et sa fameuse carte


PAPEETE, 25 octobre 2019 - La Société des études océaniennes (SEO) vient de présenter son nouveau bulletin. Daté de mai/août 2019, il est intitulé La carte de Tupaia, maître d’astres et de navigation polynésienne. Il dévoile la résolution de l’un des plus grands casse-têtes de l’anthropologie océanienne.

"Voilà, c’est le bébé", a indiqué Vāhi Richaud à propos du dernier bulletin de la Société des études océaniennes (BSEO). La présidente de la société s’est ainsi exprimée lors de la conférence de presse de présentation jeudi matin. "C’est émouvant", a-t-elle ajouté ensuite, le livre entre les mains.

Le dernier BSEO s’intitule La Carte de Tupaia, maître d’astres et de navigation polynésienne. Ce bulletin est exceptionnel. Signé par le président du pays (une fois n’est pas coutume), il consiste en une traduction des travaux de deux chercheurs allemands Lars Eckstein et Anja Schwartz.

La carte de Tupaia, l’originale, a disparu. Mais de nombreuses copies et interprétations existent. Elles ont servi de base aux deux chercheurs allemands qui sont, ensuite, allés à la rencontre de spécialistes du milieu maritime et de la navigation.

Lars Eckstein notamment est venu régulièrement à Polynésie française pendant quatre années. Avec sa collègue Anja Schwartz, il a résolu "l’un des plus grands casse-têtes de l’anthropologie océanienne", affirme le traducteur Serge Dunis qui dit avoir été "bouleversé" en prenant connaissance de cela.

Lars Eckstein assure de son côté qu’il ne se rappelle pas quand il a entendu parler de cette fameuse carte. Cela fait partie de sa matière d’enseignement depuis des années. Et depuis toujours, la carte le "fascine".

La genèse de la carte de Tupaia dévoile trois faits majeurs : la magnitude et la maîtrise de la navigation polynésienne, la confrontation, sur l’Endeavour du capitaine Cook, de deux approches de l’orientation en mer et de l’élaboration d’un ingénieux système cartographique.

Lars Eckstein et Anja Schwartz ont imaginé les échanges entre Tupaia et l’équipage de l’Endeavour dans la grande cabine du navire. "Sur les bateaux anglais, il est un moment important dans la journée, la cloche sonne et tout le monde se réunit, à midi, pour faire le point avec le méridien sur la position exacte du bateau", précise Robert Koenig, administrateur de la SEO.

Considérant l’importance du rendez-vous Tupaia a pris pour référence le méridien. "Le Polynésien, maître d’astres et de navigation, s’est adapté au choc culturel en simplifiant sa technique de navigation hauturière. Il a donc fait fi ou presque cde ses connaissances stellaires et se fier au seil soleil du zénith, Avatea", poursuit Serge Dunis.

Avatea donc qui apparait sur les cartes n’est donc pas une île, comme elle a longtemps été considérée mais un point de repère.

Frank Romanovsky, philologue averti, compare l’apparent fourre-tout de la carte de Tupaia comme un plan de métro !

"Usez vos yeux comme Lars et Anja pour identifier les îles, croisez les informations des journaux de bord, attachez-vous au moindre détail afin de revivre les événements, et vous verrez que les deux chercheurs restituent la culture orale dans toute sa globalité, son unité", dit Serge Dunis.


Rendez-vous

Des dédicaces du BSEO seront organisées à l’occasion du salon du livre qui aura lieu du 14 au 17 novembre.
Lars Eckstein, de passage en Polynésie à la fin de l’année, donnera une conférence sur ses travaux le 4 décembre à la CCISM.

Rédigé par Delphine Barrais le Vendredi 25 Octobre 2019 à 16:58 | Lu 2255 fois